Clotilde Courau revient sur scène dans la pièce « Une situation délicate »

Chaque jour, une personnalité s’invite dans l’univers d’Élodie Suigo. Jeudi 26 septembre 2024 : la comédienne Clotilde Courau. Elle revient sur scène avec la pièce “Une situation délicate”, au Théâtre des Nouveautés à Paris.

Depuis son plus jeune âge, Clotilde Courau rêvait de jouer, de devenir comédienne au point d’abandonner ses études à 16 ans pour prendre des cours d’art dramatique et rejoindre Francis Huster dans sa compagnie. Rapidement, le cinéma lui fait les yeux doux. Le premier à lui avoir fait confiance fut Jacques Doillon, dans le film Le petit criminelen 1990. Son rôle de Nathalie lui vaut le prix de la meilleure actrice au Festival international du film de Berlin, la Berlinale, et une nomination au César du meilleur espoir féminin. Élisa de Jean Becker, en 1995 pour lequel elle a reçu le prix Suzanne Bianchi, L’ombre des femmes par Philippe Garrel en 2015 ou encore L’été dernier de Catherine Breillat en 2023, font partie de la longue liste de films dans lesquels elle est apparue.

Clotilde Courau aime aussi être sur scène et dès jeudi soir, elle sera sur scène aux côtés de Max Boublil et Gérard Darmon dans la pièce Une situation délicateadapté de l’oeuvre d’Alan Ayckbourn au Théâtre des Nouveautés à Paris.

franceinfo: Une situation délicatec’est l’histoire de Nicolas qui veut épouser Julie, mais pour lui dire oui, elle doit réussir à rompre avec son amant qui a 20 ans de plus qu’elle, qui est lui-même marié à Marianne, que vous incarnez, une femme trompée. C’est une comédie. Vous aimez rire et provoquer le rire ?

Clotilde Courau : Oui, j’aime et j’ai appris tout au long de ce parcours, dans les chutes qui ont été les miennes aussi, que ce que j’aime, c’est l’excellence et que l’excellence est partout. Et que ce soit dans un drame ou dans un boulevard, que ce soit dans la poésie, j’aime tout, j’aime vraiment tout. Et surtout les auteurs, les acteurs, les metteurs en scène.

« J’aime ce métier car c’est un métier avant tout collectif. »

Clotilde Courau

à franceinfo

Une situation délicatec’est en fait ce moment où on est un peu en osmose avec le public. C’est le boulevard. L’idée c’est d’avoir un échange de rires, de moments de détente avec le public.

C’est un immense plaisir d’entendre le public rire. C’est une grande joie d’avoir des partenaires comme Gérard et Max qui ont vraiment ce qu’on appelle le tempo et le groove. Parce que vraiment, dans la comédie, c’est une question de tempo, ce n’est pas du drame. Et d’ailleurs, dans la salle, autant quand on joue du drame, on sent un silence, autant quand on joue un boulevard ou une comédie, les rires tombent pile à point. C’est vraiment du tempo. Et c’est tellement grandiose de vivre ça avec le public, c’est tellement extraordinaire qu’il était impossible de ne pas revenir sur scène.

Quand tu étais plus jeune, l’école n’était pas ton truc. Ta mère t’aide. Est-ce toi qui trouves la voie ou pas ? Est-ce toi qui trouves ce que tu veux faire ou est-ce elle qui t’aide ?

C’est ma sœur. Je pense qu’on lui a recommandé de faire du théâtre parce que c’est vrai que le théâtre devrait être inclus dans toutes les écoles parce que cela permettrait aux gens, aux enfants, aux adolescents d’exprimer des choses. Ma sœur, on a dû lui recommander le théâtre pour pouvoir s’exprimer. Elle m’a dit : “Viens avec moi“, genre, je me retire, mais ça te fera du bien. Et j’ai découvert quelque chose qui m’a vraiment marqué.

« Le théâtre m’a aidé à traverser cette adolescence extrêmement compliquée où je me cognais littéralement contre les murs et ne savais pas où j’allais. »

Clotilde Courau

à franceinfo

Vous semblez avoir depuis très longtemps un problème de « légitimité ». D’ailleurs, quand on regarde votre parcours, il y a eu le Cours Florent, le Cours Simon, des ateliers, comme si vous aviez eu besoin d’aller chercher cette légitimité.

C’est le problème de l’autodidacte. À un moment donné, quand on a raté le parcours disons classique des études, on est un peu un mouton noir. Et ça aussi, c’est quelque chose sur lequel il faudrait travailler, socialement parlant. Il s’agit vraiment d’arrêter de penser que ceux qui étudient ont une légitimité, un sérieux, et que ceux qui n’étudient pas ou font des détours sont finalement intéressants, mais il va vraiment falloir se battre tellement pour pouvoir avoir cette légitimité.

Vous êtes signataires du Collectif 50/50 pour que les hommes, les femmes, la diversité, puissent être intégrés.

L’altérité, l’égalité salariale, tout ce mouvement qui existe en ce moment et qui est formidable. Qui implique parfois des choses extrêmes, mais qui font avancer les choses. Là, j’ai démarré un tournage, c’est la première fois que je travaillais avec une coordinatrice d’intimité. Je ne fais pas partie de cette génération et j’ai trouvé ça extraordinaire.

Vous avez toujours tenté des aventures totalement différentes, Embrasse qui tu veux de et avec Michel Blanc en 2002, mais aussi Tous les soleils par Philippe Claudel en 2011 ou encore L’ombre des femmesAvoir mille vies, c’est ça que le cinéma vous donne ?

Déjà dans mon enfance, je crois que j’avais mille vies. Quand tu es tout jeune, au Bénin, ex-Dahomey qui vit sa révolution, que tu traverses le coup d’État, que tu reviens en France, que tu vis à tel endroit, on te met dans les meilleures écoles, tu déménages dans un autre quartier. Tout ça, c’est mille vies quelque part, ce sont déjà 1000 vies. Après, j’ai un peu appuyé là-dessus. Les mille vies finalement ça me va bien. Tous les films que tu cites sont quand même des artistes, des auteurs, ce sont mille vies, mais finalement toujours avec la même rigueur, la même envie d’interroger le monde, de raconter le monde. Ce sont mille vies, mais en fait ce n’en est qu’une.