Comment le RN tente de séduire les employeurs français

” Vous connaissez autour de Marine Le Pen, il y a des gens très bien. » La remarque, faite par un grand investisseur international lors d’une conversation anodine, a surpris ce patron. Interloqué, il ne répondit pas. Depuis, les deux hommes n’en ont plus jamais reparlé. Au sein du patronat, le RN, qui avait suscité un rejet unanime en 2017, divise et embarrasse. Peut-on encore distinguer des autres forces politiques un parti crédité de plus de 30 % des intentions de vote et de 88 députés ? A quelques semaines des élections européennes, la question tournait dans les cercles dirigeants.

Loin de ces états d’âme, les concernés s’organisent. Depuis l’automne, ils ont lancé une opération séduction auprès des milieux économiques. Les députés voient les dirigeants de leur circonscription. Marine Le Pen et Jordan Bardella en tête d’affiche nationale. Du moins ceux qui jouent le jeu. Les invitations arrivent, sous forme d’un dîner en ville, par l’intermédiaire de connaissances. Le député Sébastien Chenu, auprès duquel Michel-Édouard Leclerc a posé tout sourire, ou la nouvelle recrue du parti, l’ancien patron de Frontex, Fabrice Leggeri jouent les intermédiaires. Tout comme Laurent Alexandre, média scientifique.

Jeunes conseillers fantômes

Dans l’ombre, un discret réseau de hauts fonctionnaires et cadres…