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Les bureaux parisiens des agences de notation financière pourraient être quelque peu désertés dans les prochaines semaines. « Les règles du télétravail ont été une bénédiction pour nous »», dit en souriant le gérant (qui demande à rester anonyme) de l’un d’entre eux. Il frémit encore au souvenir du jour où, lors de la crise des dettes souveraines de la zone euro (2010-2015), des manifestants en colère ont envahi les bureaux de l’agence d’un pays européen. Aujourd’hui, il surveille les discussions sur les réseaux sociaux “comme du lait sur le feu”craignant les risques « appelle à la révolte » venant de l’extrême gauche ou de l’extrême droite. « Désormais, on peut se dématérialiser du jour au lendemain, s’il le faut… »
Avec le récent dérapage du déficit public français, qui s’élève à 5,5% du produit intérieur brut (PIB) en 2023, au lieu de 4,9% initialement prévu, les agences de notation font leur retour dans le débat public. Après 2012, en pleine crise de la zone euro, ils ont tous retiré la France du fameux « AAA » – le niveau de notation le plus élevé dont dépendent les taux d’emprunt d’un pays. Puis plus rien pendant près d’une décennie. En avril 2023, Fitch, l’une des trois principales agences de notation avec Moody’s et Standard & Poor’s (S&P Global Ratings), a été la première à revenir à la charge : sanctionnant la lente dérive des comptes publics, elle a dégradé la note française de AA à AA – c’est-à-dire du troisième au quatrième meilleur niveau.
De nouvelles baisses pourraient survenir dans les semaines à venir. Vendredi 26 avril, Fitch et Moody’s (cette dernière attribue actuellement un Aa2 à la France, la troisième meilleure note de son système de classification) doivent faire connaître leur décision. Ils seront suivis le 31 mai par S&P (qui attribue actuellement une note AA, également sa troisième meilleure note, accompagnée d’un « perspectives négatives »).
Mais en vertu de quoi ces trois géants financiers américains se sont-ils attribué le droit de distribuer leurs bons ou leurs mauvais points ? « Qui a sonné notre cloche ? Ce sont les investisseurs, répond Yann Le Pallec, directeur des notations de crédit chez Standard & Poor’s. Nous sommes là pour leur fournir des informations. Ce sont eux qui décident ensuite où investir leur argent. »
Lors de la crise financière de 2008, puis celle des dettes souveraines, les agences de notation ont été accusées de tous les maux. En 2008, en attribuant les meilleures notations aux crédits risqués, les fameux subprimes américains, ils ont contribué à l’aveuglement des marchés. Puis on leur a reproché d’avoir accéléré la panique, chaque dégradation de la note faisant fuir les investisseurs, ce qui a eu pour conséquence d’aggraver la situation.
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