JUSTICE – C’est une enquête colossale, à la mesure du nombre de personnes potentiellement impliquées. Le commissaire en charge de la titanesque affaire des viols de Mazan, dossier jugé depuis lundi devant le tribunal correctionnel du Vaucluse, à Avignon, a détaillé ce mercredi 4 septembre le long et fastidieux travail des enquêteurs pour retrouver les agresseurs de Gisèle P. Cette femme, aujourd’hui âgée de 72 ans, a été abusée par des dizaines d’inconnus recrutés sur internet par son mari, qui l’a droguée.
La soumission chimique au cœur du procès de 51 hommes accusés d’avoir violé une femme droguée par son mari
« Tout a commencé par la vigilance des agents de sécurité d’un supermarché de Carpentras »a expliqué devant le tribunal le commissaire divisionnaire Jérémie Bosse Platière, aujourd’hui directeur de la police interdépartementale (DIPN) des Hautes-Alpes, comme raconté sur X un journaliste de RMC présent au procès.
L’affaire débute en réalité le 12 septembre 2020, presque par hasard, avec l’arrestation de Dominique P., le mari de la victime, qui vient de filmer sous les jupes des clientes du magasin. Des perquisitions sont menées. Les données du mobile et de l’ordinateur de l’homme sont gelées pour qu’il ne puisse rien effacer.
Les enquêteurs ont ensuite découvert des milliers de photos et de vidéos sur lesquelles son épouse, inconsciente et inerte, était violée par des inconnus. Les actes ont débuté en juillet 2011, alors que le couple vivait encore en région parisienne, et se sont poursuivis de mars 2013 à octobre 2020, après leur déménagement à Mazan, un charmant village proche du mont Ventoux.
Dominique P. a déposé les faits dans un dossier » abus «
Après avoir dénombré quelque 200 viols sur la victime, la plupart commis par son mari lui-même, les enquêteurs ont finalement établi une liste de 72 individus restant à identifier, a expliqué Jérémie Bosse Platière. L’enjeu est de retrouver les auteurs, mais aussi de s’assurer qu’il n’y ait pas d’autres victimes parmi leurs épouses ou leurs proches, selon le récit du journaliste. Marion Dubreuil.
Compte tenu de l’ampleur du nombre de personnes suspectées, la police va devoir étaler ses interpellations en cinq vagues, entre fin 2020 et septembre 2021. A cette date, 50 hommes ont été formellement identifiés, en plus du mari. Âgés de 26 à 74 ans, ils siègent au box des accusés au procès d’Avignon aux côtés de Dominique P., 71 ans. Tous risquent jusqu’à 20 ans de prison.
Dans leur travail, la police judiciaire est grandement aidée par les milliers de photos et vidéos prises par le mari, enregistrées sur un disque dur puis méticuleusement décrites et classées dans un dossier. » abus « Avec un sous-dossier pour chaque homme venu violer sa femme. « 156 dossiers, avec près de 3 800 photos et vidéos des événements (…) Avec par exemple un sous-dossier « nuit du 29/11 avec Quentin » »rapporte la journaliste Marion Dubreuil.
« Une liste sera ensuite établie pour chaque individu en fonction du nom du dossier »le commissaire précise. Objectif : identifier « Chris le pompier », « Quentin », « Gaston » Ou « David le Noir ».
Le dossier « maltraitance » intéressera particulièrement la police : 156 dossiers avec près de 3 800 photos et vidéos d’actes de violence #viols sur la victime. Un dossier très méthodique avec par exemple un sous-dossier « nuit du 29/11 avec Quentin » parfois un numéro de téléphone #Mazan @RMCInfo
– Marion Dubreuil (@MarionDub) 4 septembre 2024
Les opérateurs téléphoniques et la reconnaissance faciale
Parallèlement, la police exploite les nombreuses traces laissées par les innombrables échanges téléphoniques et conversations en ligne entre le mari et les agresseurs de sa femme.
« Nous allons partir des numéros de téléphone (sur les factures téléphoniques de Dominique P.) et regarder à chaque date s’il y a un lien entre l’appel passé et les faits constatés. » Sur les images, précise Jérémie Bosse Platière. Dominique P. avait également bloqué de nombreux contacts sur ses téléphones, éveillant les soupçons des enquêteurs. « C’est inhabituel, on voit qu’un grand nombre de contacts sont bloqués, et on pense que certaines personnes du groupe seraient concernées » par les viols, poursuit le policier. Pour retracer l’identité de ces hommes, les enquêteurs contactent les opérateurs téléphoniques, « un travail qui va durer presque deux ans ».
Une autre méthode consiste à extraire les images trouvées et à utiliser la reconnaissance faciale via un logiciel utilisé par la police nationale : « À partir de l’extraction de la photo, cela nous donnera un taux de ressemblance. Cela nous permettra d’identifier un tiers des auteurs »explique Jérémie Bosse Platière.
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