Printemps, été, automne, hiver… Les quatre saisons ont été interprétées par onze musiciens et un chef d’orchestre sur la scène du Bataclan à Paris le 3 mai. Non pas celles de Vivaldi mais celles de la bande originale de Vallée des étoilesun jeu vidéo pastoral rythmé par les différentes périodes de l’année, et qui a conquis plus de 30 millions de joueurs depuis 2016. L’une des particularités de ce titre aux graphismes rudimentaires est qu’il a été conçu par un seul homme : l’Américain Eric Barone, un musicien bouleversé devenu développeur de jeux vidéo.
“Eric a aujourd’hui quelque chose en commun avec Taylor Swift : les billets pour écouter sa musique peuvent se vendre en moins de deux minutes”note Gaetano Fazio, instigateur du concert Stardew Valley : Festival des Saisons avec la société SOHO Live, qu’il a fondée à Tokyo. “ C’est ce qui s’est passé lorsque nous avons mis en vente les billets des douze concerts initialement prévus. Aujourd’hui, la tournée en compte 63 à travers le monde. Los Angeles, Seattle, Melbourne, Séoul, Berlin… Tous sont complets, sauf un”note l’Italien.
Si la bande originale du jeu est composée de morceaux roulants et réconfortants aux sons de synthétiseur aux sonorités “lo-fi”, comme c’est souvent le cas dans les concerts de jeux vidéo, ceux-ci sont ici réarrangés pour un orchestre classique – en l’occurrence la formation italienne Ensemble Symphonic Orchestra. .
Dans la salle, les milliers de passionnés ont en moyenne entre vingt et quarante ans. Certains ont apporté des légumes farcis, d’autres ont enfilé une salopette pour se fondre dans l’ambiance rurale et américaine du titre pixelisé. Les lieux, personnages ou moments emblématiques du jeu surgissent dans notre mémoire au travers de medleys introduits par un narrateur.
«Souvent, l’intérêt (pour les fans) c’est autant aller écouter de la musique que célébrer une culture, se retrouver dans une pièce et être soi-même »note Fanny Rebillard, musicologue spécialiste du jeu vidéo, auteur de La musique dans Zelda (Troisième, 2021) et doctorant au Game Lab de l’Université de Liège (Belgique). « Les téléspectateurs se rendent compte qu’il existe des centaines, voire des milliers d’autres personnes qui partagent les mêmes souvenirs et émotions qu’eux. »
Les grands éditeurs de jeux vidéo cherchent également à fédérer leurs communautés de fans et à « renouer avec eux » lors de ces événements physiques, observe Aâdil Tayouga, directeur du département ” licences et stratégie commerciale » chez Bandai Namco. « Cela existait déjà mais, depuis (la pandémie) Le Covid-19 est devenu une tendance mondiale à diversifier les grandes licences”précise-t-il.
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