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Maxime Pimont
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A Poissy (Yvelines), la mairie ne veut pas d’une ville morte. C’est ainsi qu’elle vient de renouveler, lors du dernier conseil municipal du lundi 23 septembre 2024, son taxe sur les friches commerciales pour la neuvième année consécutive.
Créé par une délibération du 4 avril 2016, il permet de « favoriser la mise en relation entre les porteurs de projets et les propriétaires d’entreprises non exploitées, en incitant les propriétaires à négocier sous peine d’être imposé», a expliqué Jean-Jacques Nicot, adjoint au maire chargé des activités communautaires, de l’événementiel et du tourisme.
« Des impôts multipliés par trois »
Cette fiscalité supplémentaire s’applique à toutes les marques commerciales inactives depuis au moins deux ans . Durant la première année de taxation – et donc la 3e année d’inactivité – le propriétaire voit le taux d’imposition fixé à 20 %, puis 30 % pendant la 2e et enfin 40%à partir de 3e et tous ceux qui suivent.
« Elle prélève une certaine partie de la taxe foncière et la multiplie », indique Frédéric Charpentier, directeur de la Société d’économie mixte pour l’attractivité de Poissy (Semap). Pour être plus concret, à la fin du 3e année, les taxes foncières sont multiplié par trois . Pour un propriétaire, ça commence à faire mal. »
La Ville vient en aide aux propriétaires qui ont des difficultés à parvenir à une entente. «C’est un processus incitation où on atteint un crescendo, mais la Ville ne reste pas inactive », poursuit Jean-Jacques Nicot.
« Il y a un travail qui se fait dès la première année d’inactivité auprès des propriétaires et des bailleurs. Mais quand on arrive à des points de blocage, où les gens sont déconnectés de la réalité du terrain, la taxe permet de faire avancer les choses. »
De 15 à 3 entreprises abandonnées en 8 ans
Il est clair que cela fonctionne. Sur 15 commerces « inutilisés » en 2016, la Ville s’est tournée vers seulement 3 entreprises inactives à ce jour : le centre Amazonia SPA (78, boulevard Robespierre), Coiffure Cesar (8 rue du 8-Mai) pour le 3e année consécutive et l’ancien Franprix (impasse Saint-Exupéry), pendant 7 ans.
« C’est une initiative qui a fait ses preuves. Il nous est même demandé par d’autres villes, comme Mantes dans les Yvelines mais aussi de toute la France, afin que nous puissions le leur expliquer. »
Le local du 5, avenue des Ursulines, resté vide pendant 13 ans et repris par Mr Bricolage en 2021, en est la parfaite illustration. « Grâce à cette taxe, nous avons pu amener l’ancien propriétaire à la table des négociations. Ils voulaient vendre ses locaux trop cher et je n’ai rien entendu. Le fait de l’avoir taxé progressivement jusqu’à ce 3e L’année où c’est plein, ça l’a obligé à négocier. Et Semap a pu le racheter», raconte Frédéric Charpentier.
Même s’il n’est pas possible de faire une généralisation, par exemple, le propriétaire des anciens locaux achetés par Mr Bricolage a dû payer jusqu’à 40 000 € de taxe supplémentaire par an, à la Ville. « Nous n’avons pas fait ça pour l’argent, sinon notre objectif ne serait pas qu’il y ait moins d’entreprises inactives », précise Jean-Jacques Nicot.
Le problème du vieux Franprix
Autrefois, c’était un commerce dynamique et incontournable pour le quartier Saint-Exupéry. Mais depuis plusieurs années, le vieux Franprix est vide de toute activité. Et pour ce cas précis, la taxe ne suffit pas, aussi la preuve d’un certain plafond. « Cela fait 7 ans que nous nous battons sur cette unité commerciale. Aucun résultat des propriétaires. Nous y travaillons», insiste l’élu.
« Ce Franprix était à l’époque un moteur pour ce quartier », décrit la maire, Sandrine Berno Dos Santos. De plus, il possède un impact sur tous les magasins à proximitécar cela réduit le niveau de fréquentation des magasins. Il en manque aujourd’hui, mais malheureusement c’est une entreprise privée, c’est très compliqué. »
Les propriétaires, « plusieurs frères issus d’une famille nombreuse », apprend-on en s’y rendant, ne souhaitent pas vendre. «Ils sont très compliqué à contacteret ça bloque. »
Au conseil municipal, la maire, Sandrine Berno Dos Santos, a laissé entendre qu’une autre voie était possible.
« Nous travaillons à l’expropriation pour récupérer ce magasin et en faire quelque chose. Légalement, c’est long. Nous essayons de trouver une solution pour pouvoir mettre la main sur ce magasin et le rouvrir. »
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