« Il est temps de dire la vérité et de tenir nos engagements avec crédibilité », a-t-il ajouté. explique François Villeroy de Galhau, dans une interview publiée ce mercredi dans Le ParisienLa vérité est que les comptes du pays ont dérapé au-delà du raisonnable. L’engagement à tenir, pour préserver la crédibilité de la France, est de remettre les choses en ordre à court terme.
Le gouvernement sortant espérait ramener le déficit public sous la barre des 3% du produit intérieur brut (PIB) d’ici trois ans. Cette prévision s’est avérée dépassée. « Cela ne serait pas réaliste et cela mettrait un frein à la croissance. Il est préférable de fixer un objectif sur cinq ans », a-t-il ajouté. suggère le gouverneur de la Banque de France. Sa prescription ? Réduire la voilure de 20 milliards par an pour générer 100 milliards d’améliorations d’ici 2029.
Comment y parvenir ? En réduisant drastiquement les dépenses ou en générant de nouvelles recettes ? Les deux, répond François Villeroy de Galhau, qui met les pieds dans le plat en évoquant « Le tabou des augmentations d’impôts » : « Exclure complètement les augmentations d’impôts n’est ni sage ni réaliste. »
Refus et menaces
Il n’y a pas à y échapper, c’est mathématique. La clémence de l’Union européenne, qui a lancé une procédure contre la France pour déficit excessif, ne se négociera pas sans garanties. Le PPE (la droite européenne) qui domine désormais ouvertement la Commission européenne (avec quinze commissaires sur vingt-sept) a beau considérer Michel Barnier comme l’un des siens, le Premier ministre devra présenter un budget réaliste à Bruxelles pour obtenir des délais supplémentaires.
Même si la croissance devrait être un peu plus forte que prévu en 2024 (1,1 % au lieu de 1 %), ce budget d’austérité ne peut pas s’appuyer uniquement sur des coupes drastiques dans les budgets des États. Il faudra de nouvelles recettes, en plus d’un régime lourd imposé aux ministères, aux administrations et aux services publics. Mais en taxant qui ? Sous quelles formes ? Et dans quelles proportions ?
Cette perspective sème la confusion chez les partisans et alliés potentiels de Michel Barnier, qui ont exprimé leur désapprobation et réclamé des interviews (programmées, puis annulées…) tout au long de la journée de mercredi. La droite et le centre se sont alliés pour refuser toute hausse d’impôts qui pourrait soit pénaliser la compétitivité des entreprises, soit grever le budget des ménages et des particuliers. Parfois en menaçant de ne pas participer au gouvernement en cours de formation, pour mieux appuyer leur refus de voir les impôts augmenter.
Confusion et attente
L’épisode ajoute de la confusion à l’attente. Cette nouvelle crise menace de nous entraîner dans des prolongements dangereux. Sans parler du record du plus long délai observé entre la nomination d’un Premier ministre et la désignation de son gouvernement. Sous le Vet La République, c’est Georges Pompidou qui la tenait. Il avait mis plus d’une semaine à constituer son équipe. Michel Barnier, lui, est entré à Matignon il y a quinze jours. De ce point de vue, et à ce stade, nous ne sommes plus à deux ou trois jours. Ce qui commence vraiment à poser problème, en revanche, c’est l’urgence relative de la constitution du budget de la France.
Son examen à l’Assemblée devait débuter le 1euh Octobre, le Parlement ayant soixante-dix jours pour débattre, amender et voter les textes. Un délai désormais impossible à respecter, le gouvernement – qui n’existe toujours pas – n’étant visiblement pas d’accord sur la politique fiscale à mettre en œuvre. Et visiblement pas près de s’entendre sur le sujet…