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« Compétition d’une vie », « volcan d’émotions »… Comment les athlètes français sont accompagnés pour gérer la pression des JO chez eux

“Vivre les Jeux dans votre pays est quelque chose de très spécial, mais vous devez vous préparer à la pression populaire. Toute la journée, vous rencontrez des supporters, des gens qui vous serviront à manger à la cafétéria, ceux qui nettoieront votre chambre ou conduiront les bus. … Tout le monde risque de glisser un petit mot, mais ce petit mot répété dix ou quinze fois dans la journée, si on n’y est pas préparé, peut être inhibant.”. Dans les colonnes du journal Le mondeà dix mois de Paris 2024, le nageur Florent Manaudou projetait déjà l’événement, qu’il considère comme “la chance d’une vie”, comme la grande majorité des quelque 650 sportifs français attendus en juillet.

Pour certains, ce sera l’aboutissement d’un long processus, entamé lors de l’attribution des Jeux Olympiques à la France près de sept ans plus tôt, le 13 septembre 2017. Si concourir devant le public français est une sorte de transcender les athlètes, comme l’athlétisme la cycliste Mathilde Gros, “sûr d’être au maximum de ce que(Elle) peut faire”, l’histoire du sport est riche en défaites à domicile. Le naufrage de l’équipe brésilienne de football en demi-finale de sa propre Coupe du monde en 2014 contre l’Allemagne (défaite 7-1) est encore imprimé dans la rétine de tous les amateurs de sport.

Le paradoxe émotionnel de l’athlète

Choisie pour allumer la flamme olympique à Tokyo, Naomi Osaka est également tombée de haut lors des derniers JO, au troisième tour du tournoi de tennis. «Je devrais être habitué à la pression. Mais l’ampleur d’un tel événement était compliquée à gérer. Mon attitude n’était pas bonne parce que je ne sais pas vraiment comment gérer ce genre de pression., a-t-elle reconnu en zone mixte, au bord des larmes, après sa défaite face à Marketa Vondrousova. En plus d’être une course contre la montre sur le plan sportif, les Jeux Olympiques ont toute une dimension mentale.

Ils sont “comme un volcan émotionnel”explique la psychologue Meriem Salmi, qui suit de nombreux sportifs français attendus à Paris cet été dont Teddy Riner. « En même temps, nous voulons être là, bien faire, et nous avons peur de ne pas être à la hauteur. Ce mot est tabou depuis très longtemps, mais la peur est un signal très précieux. Si nous n’avons pas peur, nous ferons n’importe quoi. De plus, les gens qui n’ont pas peur ont le cerveau endommagé.insiste-t-elle, à la veille de ses sixièmes Jeux olympiques avec des athlètes.

Le poids des attentes est palpable, surtout quand on annonce trois ans à l’avance que nous serons champions olympiques. C’est le cas d’Edgar Grospiron, médaillé d’or en ski de bosses à domicile aux Jeux d’hiver d’Albertville en 1992. Le jour de la compétition, “J’étais impatient, car la pression commençait à devenir un peu insupportable”, se souvient-il. Ce qui ne l’a pas empêché “se sentir prêt” parce que “le travail était fait”. “Nous avons tous notre propre rapport à la pression et notre propre tolérance. Nous avons besoin de pression, mais jusqu’à un certain point, au-delà duquel cela devient inhibiteur. J’avais trouvé ce point de pression optimal et c’est “C’est un travail que chacun doit faire.” “soutient Grospiron, devenu conférencier spécialisé dans la haute performance.

Faire face aux « croyances limitantes »

La régulation de la pression est une compétence à acquérir en fin de“un travail de longue haleine”. L’expression est utilisée par Meriem Salmi, Edgar Grospiron, mais aussi Denis Troch, entraîneur adjoint du PSG dans les années 1990 devenu coach en optimisation des performances. « La gestion de la peur ne peut pas se faire le jour de la compétition. Si tu as peur pendant la compétition, c’est la mort, c’est la gangrène pour toiil explique. Les entraînements et les championnats de France servent généralement de répétition.”

Pour Meriem Salmi, les efforts ne doivent pas être faits uniquement en termes de performances sportives. Pour arriver dans un état d’esprit optimal, la démarche doit être globale et surtout ne doit pas occulter les soucis du quotidien. « Souvent, on se résume à un paramètre ou deux, mais il y en a beaucoup qui entrent en jeu. Il faut déjà assurer un équilibre dans notre environnement, tant au niveau sportif que privé »développe celui qu’a consulté le pilote Romain Grosjean pour se débarrasser de l’image kamikaze du premier tour qui lui collait en F1.

En cas d’échec cuisant lors d’une grande compétition internationale, « La première chose à regarder, c’est la manière dont nous avons été gérés, gérés, pilotés, comment nos proches ont agi pour créer les conditions. Votre entourage porte une énorme responsabilité dans la pression. Je chercherai toujours à voir si l’entraîneur est capable d’absorber la pression pour exporter la confiance.”insiste Edgar Grospiron.

“La performance d’un athlète ou d’une équipe dépend à 97% de la qualité du management.”

Edgar Grospiron, champion olympique de ski de bosses devenu conférencier spécialisé en haute performance

sur franceinfo : le sport

“Assurez-vous que tout va bien” C’est la première étape, indispensable, et la plus difficile à mettre en œuvre, selon Meriem Salmi. Ce n’est que dans un second temps que commence le travail de préparation mentale et agit comme “complément”. Il est basé sur le “pleine conscience” (un état de pleine conscience atteint grâce à la méditation) et les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) pour aider les athlètes à “renforcer leur cerveau”. « L’exercice consiste à revenir au moment présent où le cerveau va nous projeter dans le stress de la compétition. Plus les athlètes le feront, plus ils réussiront, mais cela ne vient pas tout de suite. »explique Meriem Salmi.

Pas de recette miracle

“Sophrologie, hypnose, relaxation, yoga, techniques de respiration… Tout cela n’est qu’un sparadrap. Cela nous aidera avant le départ ou dans les moments où nous nous sentons dépassés, mais il faut surtout se confronter à nos croyances limitantes”insiste Edgar Grospiron, qui prend l’exemple de l’émergence du skieur français Cyprien Sarrazin à 29 ans. “Avant, je ne me permettais pas d’être parmi les meilleurs, je ne me sentais pas à ma place et je ne sais pas trop pourquoi”a déclaré à RMC Sport l’homme qui a remporté les deux descentes de Kitzbühel en janvier, désormais libre de son « syndrome de l’imposteur » grâce à l’aide des spécialistes qui l’ont accompagné.

Lors d’une conférence, devant un parterre de 150 athlètes, dont un tiers avait déjà été sélectionné pour les Jeux de Paris, Edgar Grospiron a dévoilé la recette qui lui a permis d’arriver dans la meilleure condition mentale aux JO de 1992 : « Audace, impertinence et humilité ». Absolument ingrédients “pas universel”. “C’est à chacun de trouver son bon niveau de pression et sa manière de la gérer. La seule pression qui existe est celle qu’on s’impose. À partir du moment où c’est nous qui la mettons, nous sommes aussi capables de le réglementer”soutient l’ancien consultant de France Télévisions.

Focus sur les performances

Que l’on participe à nos premiers ou aux derniers Jeux, que l’on vise une médaille… Selon les spécialistes, il est impossible d’identifier un profil précis d’athlètes particulièrement vulnérables à la pression ou au contraire forcément très bons. pour le réguler. « Toutes les personnes qui seront là ont un seuil de tolérance à la pression qui est assez élevé. Nous n’arrivons pas aux Jeux Olympiques par hasard”se souvient Edgar Grospiron.

Il est également difficile de comparer la pression d’un sport d’équipe avec celle d’un sport individuel. « D’une part, nous allons vraiment travailler sur nous-mêmes et sur notre estime de soi. D’un autre côté, la pression est diffuse, mais elle peut aussi être énorme si on a peur de perdre notre équipe.décrypte Denis Troch.

« Il ne faut pas confondre la compétition et l’événement. D’une échéance à l’autre, la compétition restait pour moi un mur de bosses de 300 m avec 65 virages à réaliser, deux sauts et presque toujours les mêmes adversaires. C’est l’événement qui est en jeu et la pression ne doit pas tuer le plaisir et la passion.”

Edgar Grospiron, champion olympique de ski de bosses devenu conférencier spécialisé en haute performance

sur franceinfo : le sport

Aujourd’hui encore, compter sur tout ce soutien psychologique ne va pas forcément de soi. Pourtant, cela fait dix ans que Teddy Riner tournait le cou à l’idée que cela revenait à un aveu de faiblesse. Ladji Doucouré s’est amusé dans les colonnes de Journal du dimanche en 2014 : Quand vous entendez un géant en bonne santé et avec une telle joie de vivre admettre qu’il a besoin d’aide, vous vous dites : “Mais qui ne le ferait pas ?”

Fleur

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