Alors que s’ouvrent mardi les assises nationales des Ehpad, 60% des établissements étaient déficitaires il y a deux ans, selon les chiffres de la branche autonomie de la Sécurité sociale relayés par franceinfo.
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Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Sur le bureau de ce directeur d’Ehpad d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), les factures ont explosé. Energie, repas et matériel médical : tout a augmenté, et les comptes virent au rouge. « Nous sommes autour de 200 000 euros de déficit, note le réalisateur Pascal Frisicaro. Nous avons des aides de l’Etat, du département aussi, au compte-gouttes, mais c’est largement insuffisant.” Cet établissement privé à but non lucratif est l’un des moins chers de la ville et accueille 86 résidents.
« Il n’est pas question que je réduise les repas, que je réduise le nombre de protections et de couches parce que je n’en ai pas les moyens. On sortira peut-être moins avec les personnes âgées », le réalisateur s’inquiète. Mais il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre pour faire des économies car le personnel travaille déjà à plein régime.Les personnes âgées méritent mieux, on pourrait faire plus, faire mieux, prendre le temps de parler avec les gens mais on ne nous en donne pas les moyens”, regrette Cédric, aide-soignant.
« C’est douze heures par jour, à fond, 15 000 pas par jour, en moyenne. »
Cédric, aide-soignant en maison de retraite à Aix-en-Provenceà franceinfo
Le directeur estime que 14 employés supplémentaires seraient ici nécessaires pour mieux accompagner des résidents de plus en plus âgés et de plus en plus dépendants.Là, tu passes, tu entends peut-être une résidente t’appeler mais tu es tellement occupé que tu ne peux pas forcément aller la voir et lui demander ce qui ne va pas, donc par moments c’est insupportable.”
« Notre pays doit repenser complètement son système d’aide aux personnes âgées », C’est ce qu’a estimé mardi 10 septembre sur franceinfo Pascal Champvert, le vice-président de l’AD-PA, l’association des directeurs au service des personnes âgées, alors que s’ouvre pour deux jours la conférence nationale des Ehpad. Selon les chiffres de la branche autonomie de la Sécurité sociale, en 2022, 60 % des Ehpad publics ou privés à but non lucratif étaient en déficit.
« 80 % des établissements sont publics ou associatifs, et ces établissements sont en grave déficit », Pascal Champvert explique. Il pointe du doigt le budget alloué, qui ne suit pas l’inflation, un phénomène qui perdure “depuis de nombreuses années”. « Quand vous avez 6% d’inflation et que l’Etat ou le département donne 1% de plus, cela revient à réduire le budget de 5% »précise-t-il. Cependant, les instructions « refuser de réduire la quantité de nourriture ou le nombre de personnel de 5 % ». Il déplore le fait que « Dans le secteur de l’aide à domicile, la situation est encore pire. »
Ce déficit s’aggrave d’une année sur l’autre et dépassera, en cumulé, le milliard d’euros, fin 2024. Il est en partie couvert par les aides des agences sanitaires ou des départements mais prive les établissements de marges pour investir. Pour le think tank Matières grises, qui rassemble des responsables du secteur, le modèle économique des Ehpad est à bout de souffle et doit être entièrement repensé alors que le nombre de personnes âgées, voire très âgées, va continuer d’augmenter dans les prochaines années.
Alors que s’ouvrent mardi les assises nationales des Ehpad, 60% des établissements étaient déficitaires il y a deux ans, selon les chiffres de la branche autonomie de la Sécurité sociale relayés par franceinfo.
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Sur le bureau de ce directeur d’Ehpad d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), les factures ont explosé. Energie, repas et matériel médical : tout a augmenté, et les comptes virent au rouge. « Nous sommes autour de 200 000 euros de déficit, note le réalisateur Pascal Frisicaro. Nous avons des aides de l’Etat, du département aussi, au compte-gouttes, mais c’est largement insuffisant.” Cet établissement privé à but non lucratif est l’un des moins chers de la ville et accueille 86 résidents.
« Il n’est pas question que je réduise les repas, que je réduise le nombre de protections et de couches parce que je n’en ai pas les moyens. On sortira peut-être moins avec les personnes âgées », le réalisateur s’inquiète. Mais il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre pour faire des économies car le personnel travaille déjà à plein régime.Les personnes âgées méritent mieux, on pourrait faire plus, faire mieux, prendre le temps de parler avec les gens mais on ne nous en donne pas les moyens”, regrette Cédric, aide-soignant.
« C’est douze heures par jour, à fond, 15 000 pas par jour, en moyenne. »
Cédric, aide-soignant en maison de retraite à Aix-en-Provenceà franceinfo
Le directeur estime que 14 employés supplémentaires seraient ici nécessaires pour mieux accompagner des résidents de plus en plus âgés et de plus en plus dépendants.Là, tu passes, tu entends peut-être une résidente t’appeler mais tu es tellement occupé que tu ne peux pas forcément aller la voir et lui demander ce qui ne va pas, donc par moments c’est insupportable.”
« Notre pays doit repenser complètement son système d’aide aux personnes âgées », C’est ce qu’a estimé mardi 10 septembre sur franceinfo Pascal Champvert, le vice-président de l’AD-PA, l’association des directeurs au service des personnes âgées, alors que s’ouvre pour deux jours la conférence nationale des Ehpad. Selon les chiffres de la branche autonomie de la Sécurité sociale, en 2022, 60 % des Ehpad publics ou privés à but non lucratif étaient en déficit.
« 80 % des établissements sont publics ou associatifs, et ces établissements sont en grave déficit », Pascal Champvert explique. Il pointe du doigt le budget alloué, qui ne suit pas l’inflation, un phénomène qui perdure “depuis de nombreuses années”. « Quand vous avez 6% d’inflation et que l’Etat ou le département donne 1% de plus, cela revient à réduire le budget de 5% »précise-t-il. Cependant, les instructions « refuser de réduire la quantité de nourriture ou le nombre de personnel de 5 % ». Il déplore le fait que « Dans le secteur de l’aide à domicile, la situation est encore pire. »
Ce déficit s’aggrave d’une année sur l’autre et dépassera, en cumulé, le milliard d’euros, fin 2024. Il est en partie couvert par les aides des agences sanitaires ou des départements mais prive les établissements de marges pour investir. Pour le think tank Matières grises, qui rassemble des responsables du secteur, le modèle économique des Ehpad est à bout de souffle et doit être entièrement repensé alors que le nombre de personnes âgées, voire très âgées, va continuer d’augmenter dans les prochaines années.