Consultation électorale du FFR – Pourquoi Florian Grill est en tête

Les dernières fois que Midi Olympique s’est risqué à une large consultation des clubs amateurs (le sondage en tant que tel a ses règles précises), notre journal ne s’est trompé ni sur le patronyme du vainqueur des prochaines élections fédérales, ni sur l’écart persistant entre les deux candidats en lice. A un mois de connaître le nom du patron de la fédération pour les quatre prochaines années, Florian Grill est donc en tête. Mais comment expliquer que l’actuel président soit aujourd’hui en position de force ?

Déjà, et nous le développerons plus en détail dans cet articleL’ancien deuxième ligne du Paris Université Club a donné un rythme endiablé à sa campagne qu’il espère à la fois incisive et bon enfant, les barbecues autour desquels il réunit le socle du rugby français étant devenus au mieux une institution, au pire un rendez-vous auquel se prêtent avec enthousiasme les présidents de clubs amateurs. Décidément, Grill se démène, avance et répond aussi à toutes les sollicitations médiatiques qui atterrissent sur son bureau : lui qui, alors qu’il était l’un des lieutenants de Pierre Camou en 2016, regrettait peu après la défaite des Basques face à Bernard Laporte que son camp ait mené sans le vouloir “une campagne du lapin de six semaines” semble avoir tiré les leçons des erreurs du passé. Depuis le début de l’été, Florian Grill occupe l’espace, défend son bilan avec rage, répond systématiquement aux attaques et promeut son projet coûte que coûte : l’augmentation du nombre de licenciés, le renforcement du poids de la France à l’international ou encore les leviers à actionner pour tenter de combler à moyen terme le trou abyssal que l’organisation du Mondial a provoqué dans les finances fédérales.

Mais à la lumière de cette consultation, on comprend surtout que le monde amateur, au moment de faire son choix, ne sera pas influencé par les « affaires » qui entourent le rugby français aujourd’hui. En vérité, près de 90 % des sondés assurent que les faits divers de cet été meurtrier n’ont pas influencé le vote. A titre de comparaison, et même si les contextes sont légèrement différents (Grill n’est pas impliqué nommément ou en tant que personne physique dans les différents scandales de l’été), on signalera que Bernard Laporte a été élu en décembre 2020 alors que Bernie, le protagoniste de l’affaire Altrad-Laporte, devait comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris quelque temps plus tard…

Le grill fait partie du paysage

Dans le giron fédéral depuis une bonne dizaine d’années maintenant (avant d’être président de la FFR et élu d’opposition au comité directeur, Florian Grill a dirigé la Ligue d’Ile-de-France, l’une des plus importantes du pays), le PDG de la société CoSpirit connaît les dossiers comme sa poche, fait partie du paysage et aujourd’hui, cela semble rassurer une partie des électeurs. Didier Codorniou ? S’il a été un grand rugbyman et une personnalité politique de premier plan ces vingt dernières années, il n’en a pas moins disparu de l’actualité rugbystique pendant près de deux décennies et, même s’il a beaucoup donné de lui-même pendant plus d’un mois, pourrait payer cet effacement et, paradoxalement, un manque de notoriété auprès des clubs amateurs : parmi les dizaines de présidents que nous avons interrogés ces derniers jours, on se souvient par exemple que deux d’entre eux, certes âgés de seulement 30 ans, ne connaissaient ni le palmarès ni la carrière de Didier Codorniou.

Alors, le retard du « Petit Prince » est-il irrémédiable ? Récemment interrogé à ce sujet, la légende Serge Blanco, qui pourrait avoir un rôle d’ambassadeur du rugby français si « Codor » était élu le 19 octobre, nous a confié ceci : “Je ne sais pas si Didier est en retard et s’il a encore assez de jambes pour rattraper son retard. Mais l’important, c’est le contenu de son programme et ce qui va se passer entre lui et les clubs. C’est un homme honnête et compétent. Je pense qu’il saura convaincre les gens de ses idées.”