POLITIQUE – Laurent Jacobelli, porte-parole du Rassemblement national, ne cache pas son sourire sur le plateau de TF1 ce jeudi 5 septembre. Sept semaines après les législatives, Gabriel Attal n’a toujours pas de successeur et Emmanuel Macron poursuit ses consultations. Des consultations dans lesquelles Marine Le Pen apparaît comme une interlocutrice de poids et ses adjoints, des faiseurs de roi.
Comment Emmanuel Macron s’est piégé avec son critère de « pas de censure » du futur Premier ministre
« Le président de la République a voulu nous mettre sur la touche, il a eu tort et il voit que nous sommes au milieu du jeu et que nous sommes les arbitres. Sans nous, les lois ne passeront pas, avec nous les motions de censure passeront »savoure le député de la Moselle. Il revendique une « place centrale dans le jeu politique »fort de la position du RN comme groupe le plus important à l’Assemblée nationale (126, auxquels s’ajoutent les 16 Ciottistes) et comme « Premier parti de France ».
Place du RN dans le jeu politique : « Nous sommes les arbitres. Sans nous, les lois ne passeront pas. Avec nous, les motions de censure passeront », Laurent Jacobelli pic.twitter.com/tOEAnIHGYy
— TF1Info (@TF1Info) 5 septembre 2024
Lors des consultations, deux noms sont revenus à plusieurs reprises : celui du LR Xavier Bertrand et celui de l’ancien chef du gouvernement socialiste Bernard Cazeneuve. Problème : tous deux étaient menacés de censure par le Rassemblement national et son allié, en plus de l’opposition exprimée par le Nouveau Front populaire. Et sans majorité dans l’hémicycle, leur vote s’avère déterminant – sauf accord (très improbable) entre tous les autres groupes.
En témoigne le cas de David Lisnard, dont le nom a circulé mercredi… après avoir été écarté par Sébastien Chenu comme un compromis potentiel accepté par le RN, donnant l’impression de faire monter les enchères. Le maire de Cannes a finalement modéré, déclarant Ouest de la France qu’il ne le fait pas « Je ne pensais pas que cette hypothèse surviendrait »Ce jeudi, alors que l’option Michel Barnier commençait à circuler, les élus du RN l’ont immédiatement fustigée. Au point de la faire enterrer dans la journée ?
Macron « soumis » à Le Pen
Après le “ Front républicain “A l’issue du second tour des législatives et du souhait exprimé par le président de la République de trouver une coalition avec les forces “républicaines”, l’ironie de la situation n’échappe pas au parti d’extrême droite. Elle n’échappe pas non plus à certains élus du camp présidentiel, à l’image de la députée Renaissance Astrid Panosyan. « Aujourd’hui, nous faisons du RN le censeur en chef ou non d’un futur Premier ministre. Il faudra nous affranchir de la censure du RN et de LFI pour trouver une voie commune républicaine, démocratique et européenne »elle se lamente sur X.
La gauche est également indignée. « Que le Rassemblement national soit l’arbitre des inélégances d’un président de la République prêt à transiger avec lui est effectivement un problème »dénonce le président du groupe socialiste Boris Vallaud sur France 2 ce jeudi. Emmanuel Macron “Les noms de test que nous connaissons déjà ne seront finalement pas les bons. Nous savons à la fin qui décide, son nom est Marine Le Pen”, ajoute la secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier sur franceinfo le même jour, attribuant cette trahison au « Front républicain ” au fait que le chef de l’Etat refuse de se tourner vers la gauche.
Marine Le Pen ne revendique pas haut et fort le titre de faiseur de Premier ministre. Le vice-président du parti, Sébastien Chenu, non plus. Mais, plaisante-t-il sur BFMTV, « Aujourd’hui, on est presque courtisé et Marine Le Pen est presque en passe de devenir la DRH d’Emmanuel Macron. »assurant que rien n’arrivera.
Cette fausse modestie n’empêche pas le parti Le Pen de poser ses trois conditions pour ne pas voter la censure : « «Que le Premier ministre respecte nos électeurs, que le budget soit élaboré en concertation avec tous les groupes, que nous puissions enfin débattre de la représentation proportionnelle et qu’il s’engage à favoriser le pouvoir d’achat, à lutter contre l’insécurité et à réduire l’immigration», a-t-il ajouté. Liste de Marine Le Pen en Le monde, assumant implicitement le rôle d’arbitre. Sans renoncer à la « liberté de vote et de censure » selon les conclusions des débats sur le budget 2025. Une menace qui n’est plus voilée.
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