La commune de Norges-la-Ville a retiré, mardi 17 septembre, la statue représentant l’ecclésiastique, accusé depuis le début de l’été de multiples agressions sexuelles.
« C’est un symbole qui tombe », selon les mots de Denis Mailler, maire de Norges-la-Ville (Côte d’Or). Dans ce village de 940 habitants, qui abrite la deuxième plus grande communauté Emmaüs de France, une statue de l’abbé Pierre a été déboulonnée ce mardi 17 septembre. « Il n’y a pas eu de débat », résume le conseiller municipal. Le conseil municipal a ratifié la semaine dernière le déboulonnage de la statue, « par vote unanime », selon lui.
La sculpture en résine grandeur nature a été installée en 2013 sur un socle, à quelques pas de l’hôtel de ville, en hommage au fondateur d’Emmaüs. « Nous ne pouvions pas faire autrement. La raison est évidente », a expliqué le maire en allusion à la série de témoignages de femmes accusant l’abbé Pierre de violences sexuelles, entre les années 1950 et les années 2000.
« J’ai accepté cette décision sans aucun problème. »
L’association Emmaüs possède à Norges sa deuxième plus grande communauté, avec un hébergement pour 120 personnes en situation précaire, ainsi qu’un grand dépôt-vente et une déchetterie. « C’est triste parce que pour moi, l’abbé Pierre représentait beaucoup de choses. C’était un symbole », a ajouté le maire, peu avant que la statue ne soit démantelée.
« Nous verrons ce que nous en ferons », explique Denis Mailler, dont la décision est approuvée par le centre Emmaüs de Norges. « Ce n’est pas un problème pour nous, a déclaré son président à l’AFP. Nous sommes une communauté Emmaüs, pas la communauté Abbé Pierre. Cela relève de la compétence de la mairie.”
Yves Roulleau, l’artiste plasticien norvégien qui a créé la statue pour la donner à la ville, est également d’accord avec le démontage. « J’ai été prévenu et j’ai accepté cette décision sans problème.. “A l’époque, la France était sous le choc de sa disparition. Après les révélations, les choses sont bien différentes”, a-t-il ajouté. il a réagi, recommandant même à “détruire” son œuvre. Pour l’instant, la statue est entreposée parmi les tondeuses à gazon et autres outils de jardinage dans l’entrepôt municipal.
Suite aux révélations d’agressions sexuelles visant l’abbé Pierre, de nombreuses villes s’apprêtent à rebaptiser des lieux baptisés en hommage à l’ancienne icône de la lutte contre le mal-logement. La Fondation Abbé-Pierre a annoncé le 6 septembre qu’elle allait changer de nom et fermer définitivement le lieu de mémoire situé à Esteville (Seine-Maritime). L’école du village normand, qui porte également le nom du prêtre, devrait également être rebaptisée.
En France, 150 rues ou lieux portent le nom d’Abbé-Pierre ou d’Henri-Grouès (son nom de naissance), selon un décompte AFP à partir de la base nationale d’adresses.