Les manifestants, qui ont défilé samedi dans la capitale à l’appel de La France Insoumise, sont furieux depuis la décision du chef de l’Etat.
Publié
Temps de lecture : 4 min
« C’est la prise de la Bastille »lance Sylviane, en riant, montre du doigt le Génie de la Liberté qui trône fièrement au milieu de la place. A Paris, samedi 7 septembre, le lieu de rendez-vous de la manifestation “contre le coup d’Etat d’Emmanuel Macron” est donnée dans un lieu hautement symbolique de la Révolution française.
La retraitée a tenu à manifester sa désapprobation en marchant aux côtés de milliers d’autres personnes jusqu’à la place de la Nation. Pour elle, le refus du chef de l’Etat de nommer Un gouvernement du Nouveau Front Populaire, avec Lucie Castets à sa tête, et le choix d’un Premier ministre de droite, Michel Barnier, représentent une « déni du résultat des élections » des élections législatives anticipées, dont le NFP est arrivé en tête.
« Je ne m’attendais pas à ce qu’Emmanuel Macron concède quoi que ce soit, mais il y a des principes démocratiques intangibles »fulmine Guillaume, 54 ans, militant syndicaliste à la CGT des artistes plasticiens. Les yeux fixés sur la foule des manifestants parisiens, le quinquagénaire salue la mobilisation du jour (26 000 personnes, selon la Police, 160 000, selon La France Insoumise), tout en des manifestations ont également été organisées dans près de 150 communes en France. Mais il aurait aimé « un raz-de-marée » Pour « de ne pas laisser passer cette trahison démocratique ».
Le syndicaliste est déçu par la nomination de Michel Barnier. Il n’est toutefois pas très précis sur l’identité du Premier ministre. « Il aurait pu nommer Bob l’éponge, à condition qu’il mette en œuvre le programme du mouvement arrivé en tête, c’est-à-dire celui du Nouveau Front Populaire, ça me convenait », dit-il ironiquement. « Au final, rien ne changera »prédit Cédric*, 57 ans. «Michel Barnier va maintenir la contrainte budgétaire, n’améliorer rien en termes de justice sociale ou d’écologie et faire des compromis avec le Rassemblement national», a-t-il ajouté. il continue.
Cet électeur historique du Parti socialiste, acteur de profession, dit aussi “très déçu” Dissensions au PS lors des négociations à Matignon durant l’été. « C’est un parti profondément divisé et le problème n’est toujours pas résolu. J’en ai marre. C’est fini. Je ne voterai pas pour eux aux prochaines élections. »Sans toutefois s’orienter vers un vote pour la France Insoumise.
Les prochaines élections inquiètent Saïd, 16 ans. Ce militant de La France Insoumise craint que la décision “honteux” La décision d’Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre issu des Républicains n’entraîne pas d’abstention massive. “J’ai peur que cela crée une déception chez les électeurs, qu’ils aient le sentiment que cela ne sert à rien de voter, puisque le vote n’est pas respecté”.“Je suis très fier de ce que je fais. Je …
Julie aussi se sent mal. Cette trentenaire en reconversion professionnelle avait fondé “beaucoup d’espoir” à la création du NFP à l’occasion de ces législatives. Elle avait salué les bons résultats de l’alliance de gauche. « Il y avait une véritable dynamique positive », se souvient-elle, déjà nostalgique. Un moment joyeux, réduit à néant par des négociations qui se sont soldées par un « relativement despotique »elle croit.
Pour écarter la candidature de Lucie Castets, Emmanuel Macron a fait valoir la nécessité de s’assurer « stabilité institutionnelle » face au risque d’une censure immédiate par la droite et l’extrême droite d’un gouvernement NFP. Mais l’argument présidentiel n’est pas recevable, selon le manifestant. « C’était le risque qui a suivi la dissolution. Il voulait jouer, il devait prendre ses responsabilités. »Sous le bras, elle tient une pancarte sur laquelle sont découpés les visages de Michel Barnier et d’Emmanuel Macron, le premier coiffé d’une casquette de bouffon, le second coiffé d’une perruque et d’une couronne. Une manière, selon elle, de dénoncer avec humour un pouvoir « qui ne nous représentera pas ».
Cette séquence politique qui se termine a un goût amer pour Camille, 24 ans, venue avec des amis à la manifestation. « Le grand gagnant de toute cette histoire, c’est le Rassemblement national », déplore cet étudiant et sympathisant de La France insoumise« J’envisage 2027 avec inquiétude, car l’extrême a désormais un véritable boulevard »regrette le jeune homme.