Par
Gilles Queffélec
Publié le
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C’est une femme de défis. Des risques aussi. « C’est comme ça que je me construis », confie Tiphaine Turluche, 35 ans, fleuriste des temps modernes qui a créé sa « petite » entreprise à Plescop dans un atelier, loin des commerces du centre-ville.
Chez elle, pas de vitrine pour mettre en valeur ses créations, « parce que sinon le soir, on doit jeter toutes nos fleurs exposées ». déchetselle déteste ça.
L’amoureux de la mer…
Tiphaine fait partie de cette nouvelle génération qui prône le développement économique du grand respect de la planète. Parce qu’elle le sait bien. Cette amoureuse de la mer, ancienne instructeur de voile aux Glénans, marin dans l’âme, a néanmoins mis pied à terre après dix années passées dans la Course au large« J’ai travaillé pour des écuries et des équipes impliquées dans des compétitions de haut niveau. Je faisais partie de l’équipe d’encadrement, sur terre. »
Et puis en 2018, Tiphaine a touché le Graal, lorsque le navigateur Charles Caudrelier et son équipe à laquelle elle appartenait, a remporté le Volvo Ocean Race 2017-18« J’ai compris à ce moment-là que je ne pouvais pas aller plus haut. » Et c’est ainsi qu’une vie bascule. De la mer à la terre, il n’y avait qu’un pas pour ce touche-à-tout.
…puis de la terre
C’est chez Bono qu’elle a commencé à découvrir ce que la terre pouvait lui offrir. En pleine crise du Covid. Un petit jardin puis un nouveau défi ont germé dans sa tête.
En France, neuf fleurs sur dix sont importées. Les expéditions se font par avion, dans des conteneurs réfrigérés. Pour la culture, les serres sont chauffées. Les impacts sur l’environnement sont énormes !
Tiphaine ne veut pas de ça. Elle se met donc à travailler sur un modèle plus vertueux et plus respectueux de l’environnement.
Son défi ? Être fleuriste mais proposer uniquement fleurs produites en Franceavec des traitements naturels, qui ne forcent pas les plantes, sans serre chauffée ou éclairée. “La grande majorité de mes fleurs viennent de Bretagne, du Morbihan. De mon Ferme de fleurs Bono. En hiver, je fais simplement appel à un producteur du Var. 75% de mes fleurs parcourent moins de 150 kilomètres. Je respecte les saisons.
Pour ce faire, elle s’est appuyée sur le Collectif de la Fleur Française, un réseau dont la mission est de soutenir une agriculture plus responsable.
Uniquement des fleurs françaises
De là, cette femme qui a soif d’apprendre, décide de se former à travers différentes expériences auprès de professionnels. Et en août 2020, elle donne naissance à Bottes AnémoneAvec un seul principe directeur : expérimenter de nouvelles pratiques.
Chez Tiphaine, chaque geste est pensé pour limiter au maximum l’impact sur l’environnement. Tampons à encre végétale, papier semé de graines pour les cartes, ficelle de jute de jardin… et grillage à poules au lieu de cette surconsommation de mousse florale. « De plus, on réutilise le filet à chaque fois et on lui fait prendre la forme qu’on veut en fonction des contenants. Mieux encore, cela nous permet de présenter des bouquets plus aériens et vivants puisque les fleurs bougent au gré du vent. »
Dans son atelier, tous les déchets végétaux se retrouvent une seconde vie« Je les recycle, sous forme de bouquets séchés, ou sous forme de confettis. Les derniers qui restent vont au compost. »
Tiphaine a même réussi à reconvertir certains de ses producteurs.
Dernière expérience en date : des moules pour couronnes funéraires. « J’ai fait appel à un professionnel qui fabrique des moules avec du mycélium (champignon) et de la paille. Ils sont réutilisables et biodégradable. »
Et ça marche !
Tiphaine Turluche a donc osé prendre un chemin détourné. Sans être certaine d’y parvenir. Et pourtant, après quatre ans d’exploitation, sa structure tient le cap. De ses premiers pas dans la chambre de sa maison, puis dans le garage de son voisin, elle a démarré seule, compte aujourd’hui cinq salariés. Et dans quelques temps, elle va embaucher à nouveau.
Une fois que je maîtrise certaines tâches, je délègue. Là, j’ai besoin de quelqu’un pour gérer la communication.
Car la vitrine de la jeune entrepreneuse est son site internet sur lequel elle propose ses services. « Nous faisons de plus en plus d’événements familiaux, notamment des mariages. Les entreprises font également de plus en plus souvent appel à nous. Quant aux particuliers, ils sont de plus en plus nombreux à nous faire confiance également. »
Le jeune entrepreneur propose abonnements afin que le plaisir d’un bouquet soit renouvelé. Quant à ces livraisons, elles sont toutes effectuées en service public d’électricité.
Bien installée, Tiphaine a également décidé d’offrir Ateliers au grand public. Pour leur expliquer qu’il est désormais possible de profiter pleinement des fleurs sans avoir trop d’impact sur notre environnement.
Entreprendre, c’est oser et réussir. Pour Tiphaine Turluche, c’est bien parti !
A noter : le 21 septembre sera la Journée du Patrimoine mais aussi la Journée des Fleurs en France ! A cette occasion, l’atelier de Bottes Anémone ouvrira ses portes pour un atelier de composition florale et découverte des producteurs de fleurs locaux.
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