Dans les coulisses du RAID, du GIGN et du BRI Paris, un documentaire inédit

Il s’agit d’une immersion inédite dans le quotidien des trois unités d’intervention d’élite de la police et de la gendarmerie, le RAID, le GIGN et la BRI Paris. Ces policiers et gendarmes se sont préparés à participer à la sécurisation de cet événement international et à intervenir en cas de situation de crise. L’équipe de ligne rouge ont travaillé près de six mois à la réalisation du documentaire « JO 2024 : au cœur des unités d’élite ». Pour comprendre les coulisses de cette préparation et l’importance de la coopération entre ces trois unités, nous avons interviewé Guillaume Farde, professeur affilié à l’École d’affaires publiques de Sciences Po, qui a contribué à la réalisation de ce documentaire. Il nous livre les dessous de ce projet singulier, ses motivations et les moments forts de ce tournage.

Actu17 : Tout d’abord, pourriez-vous nous parler de la genèse du documentaire « JO 2024 : au cœur des éléments d’élite » consacré au RAID, au GIGN et à la BRI Paris ?

Guillaume Farde : Lors de la cérémonie de passation de pouvoir au RAID, fin janvier, lorsque Guillaume Cardy a pris la relève de Jean-Baptiste Dulion, j’ai écouté le ministre de l’Intérieur insister sur la coopération des trois unités à l’approche des Jeux olympiques. Plus il déroulait son discours, plus je me disais qu’il fallait absolument raconter la petite histoire au sein de la grande.

Car ceux qui connaissent ces unités savent qu’il n’était pas si naturel de coopérer de manière aussi intégrée et que les relations n’étaient pas toujours faciles. Pour les Jeux olympiques, BRI Paris aurait très bien pu dire qu’à partir du moment où les Jeux se sont déroulés à Paris, les deux autres unités n’avaient plus qu’un rôle mineur à jouer. Mais c’est exactement le contraire qui s’est produit.

Trois dirigeants qui s’entendaient bien dans la vraie vie, Simon Riondet, Ghislain Réty et Jean-Baptiste Dulion, ont décidé de jouer collectivement dans l’intérêt supérieur du pays.

Je tenais vraiment à leur rendre hommage et à montrer aux téléspectateurs que non seulement la coopération entre ces trois unités est très fluide mais que, surtout, leur niveau d’expertise fait que l’on peut raisonnablement avoir confiance dans la capacité de la France à relever le défi de la sécurité des Jeux.

Quels rôles joueront ces trois unités dans la sécurisation des Jeux Olympiques et comment répartiront-elles les missions ?

On pourrait très schématiquement diviser la répartition de leurs missions en trois selon leurs vecteurs de déplacement : terre, air, mer.

La BRI Paris assure des missions de sécurité terrestre, tandis que le GIGN dispose d’une réserve d’intervention héliportée et le RAID d’une réserve d’intervention nautique avec ses zodiacs sur la Seine. Cette présentation, bien que vraie, est assez réductrice. En pratique, les trois unités seront toutes très impliquées dans la sécurité des athlètes, des autorités, des bâtiments sensibles, etc., pendant toute la durée des Jeux.

Existe-t-il des différences notables dans les méthodes d’intervention en situation de crise entre ces trois unités d’élite ?

Chaque unité a une identité forte. Et comment pourrait-il en être autrement quand on a derrière nous 60 ans d’histoire pour la BRI, 50 ans pour le GIGN et presque 40 ans pour le RAID avec des interventions qui ont marqué l’Histoire ?

Même si les façons de faire diffèrent parfois, il est absolument indiscutable que chacune de ces unités est composée de femmes et d’hommes extrêmement professionnels et animés par le culte de la mission. J’ai l’honneur de les suivre depuis près de 15 ans maintenant et je suis à chaque fois frappé par leur sens de l’engagement. Pour chaque mission, ils se donnent à 200%.

A propos de la cérémonie d’ouverture des Jeux, on me dit souvent que je suis trop optimiste voire naïf car je n’ajoute pas ma petite dose de propos anxiogènes à ceux des autres commentateurs.

J’entends ces critiques mais quand je vais sur le terrain avec ces unités et que je vois leur niveau d’excellence comment voulez-vous que je doute de quoi que ce soit ? Bien sûr je reste lucide sur le niveau de la menace mais cela ne m’empêche pas de constater qu’il y a un sacré niveau de riposte en face. Personnellement cela me rassure et cela me conforte dans l’idée que la France est un grand pays.

Combien de temps a-t-il fallu pour concevoir ce rapport et mener les entretiens ?

En janvier, j’ai personnellement appelé chaque responsable d’unité d’intervention pour m’assurer que tout le monde validait la démarche. On ne fait pas un documentaire comme celui-ci, le premier dans l’histoire de l’audiovisuel français à suivre ces trois unités en même temps, sans l’accord de leurs responsables respectifs.

J’en ai également parlé au Préfet de Police de Paris, au Directeur Général de la Gendarmerie Nationale et au Directeur Général de la Police Nationale. J’ai ensuite demandé une autorisation officielle au Ministre puis j’ai informé les services de communication du ministère, de la Préfecture de Police, de la DGGN et de la DGPN de notre démarche.

Côté BFMTVJe n’étais évidemment pas seul. D’ailleurs, c’était plutôt moi qui soutenais les équipes de ligne rouge que l’inverse ! J’ai eu l’honneur et le plaisir de travailler avec des gens très talentueux, Jérémie Paire qui a réalisé le documentaire et Étienne Grelet et Juan Palencia pour les images qui étaient deux orfèvres, il n’y a pas d’autre mot !

Au niveau du calendrier, nous avons eu fin janvier une première réunion de cadrage à Beauvau puis nous avons très vite préparé la séquence à Marseille pour l’arrivée de la flamme.
De son côté, la BRI Paris nous a organisé un exercice dans le métro en pleine nuit et le RAID nous a emmenés sur ses zodiacs. Du côté du GIGN, les contraintes opérationnelles liées à la Nouvelle-Calédonie nous ont obligés à revoir un peu nos ambitions mais nous avons eu le privilège d’être remarquablement accueillis pour les 50 ans de l’unité en juin, ce qui a été l’occasion de tourner de très belles images d’une attaque de convoi où le général Pétillot a servi de cuirasse !

Au total, cela a représenté cinq mois et demi de travail pour seulement 20 minutes au final, mais c’est la dure loi du documentaire.

Avez-vous une anecdote sur le documentaire ou sa réalisation ?

Lors de l’exercice BRI dans le métro, quitter le 36 à 2h du matin et emprunter les quais en convoi avec des gyrophares (et non bicolores pour protéger les riverains !) n’a pas de prix !

Côté RAID, c’est sans conteste l’observation du vieux port de Marseille avec les THP qui a été notre souvenir le plus fort : quel point de vue privilégié pour voir le spectacle !
Avec le GIGN, après avoir filmé les démonstrations dynamiques du 50e anniversaire, j’ai retrouvé Christian Lambert qui venait d’être décoré. Il porte le numéro 20, vous imaginez ! On s’est assis tous les deux sur un gradin et on a longuement parlé du GIGN des années 70. Il y a des moments qu’on n’oublie jamais.

« JO 2024 : au cœur des unités d’élite » est disponible gratuitement sur RMC BFM Play. Vous pouvez y accéder ici.