Lorsqu’Antoine FrĂ©rot a quittĂ© son fauteuil de PDG de Veolia en juillet 2022, il avait 64 ans, dont treize Ă la tĂŞte du gĂ©ant de l’eau et des dĂ©chets. PortĂ© par le rĂ©cent succès de l’OPA âprement disputĂ©e sur Suez, il aurait pu rester quelques annĂ©es de plus. Mais il a prĂ©fĂ©rĂ© cĂ©der les rĂŞnes Ă sa femme de confiance, Estelle Brachlianoff, tout en conservant la prĂ©sidence.
« C’Ă©tait le bon moment. Estelle Ă©tait prĂŞte, elle avait 50 ans, c’est le bon âge pour dĂ©marrer une direction gĂ©nĂ©rale et planifier sur le long termeil explique. Avec l’acquisition de Suez, Veolia entrait dans une nouvelle ère et il Ă©tait important de l’ouvrir avec un dirigeant capable d’exercer plusieurs mandats. Pour diriger une entreprise, il faut avoir du temps devant soi. » Mais pas trop non plus. « Après une longue pĂ©riode, on a moins tendance Ă se renouveler dans les idĂ©es Ă mettre en Ĺ“uvre et cela peut peser sur l’entreprise si on n’apporte pas de sang neuf »il concède.
Entre un vieux sage ou un jeune loup, qui est finalement le meilleur patron ? La recherche acadĂ©mique s’est penchĂ©e sur cette question de l’âge du capitaine sans vraiment trouver de rĂ©ponse dĂ©finitive. Si les chercheurs dĂ©montrent que l’appĂ©tit pour le risque diminue Ă mesure que le PDG vieillit, cela prĂ©sente des avantages et des inconvĂ©nients : les jeunes loups auront tendance Ă investir davantage, Ă ĂŞtre plus innovants, Ă procĂ©der Ă des acquisitions, ce qui leur permet d’afficher des performances financières globalement meilleures que leurs aĂ®nĂ©s, mais, Ă l’inverse, la probabilitĂ© qu’ils fassent « Ă©chouer » l’entreprise est plus Ă©levĂ©e…
« Le bonus d’expérience bat son plein »
Cet arbitrage entre performance et sĂ©curitĂ© est le rĂ´le du conseil d’administration, dont la mission principale est de choisir le meilleur dirigeant pour une entreprise. Et, selon les pĂ©riodes, le pendule oscille dans un sens ou dans l’autre. « Depuis le Covid, la prime d’expĂ©rience bat son pleinanalyse HervĂ© Borensztejn, associĂ© du cabinet de chasse de tĂŞtes Heidrick & Struggles. L’âge moyen des dirigeants des grandes entreprises françaises, qui avait tendance Ă baisser rĂ©gulièrement, a de nouveau augmentĂ©. Il est passĂ© de 55 ans il y a deux ans Ă 57 ans.
« Cela peut paraître surprenant, à l’heure où l’arrivée de l’intelligence artificielle ou la prise en compte du réchauffement climatique pourraient favoriser l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle génération de patrons, mais l’environnement est tellement complexe, sur le plan géopolitique, sociétal ou économique, que les conseils d’administration choisissent l’expérience et les dirigeants en place restent plus longtemps. »poursuit Sylvain Dhenin, associé du cabinet.
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