Sciences Po Paris, l’école du pouvoir en crise de gouvernance depuis plusieurs mois, devrait connaître vendredi soir le nom de son nouveau directeur: le diplomate Luis Vassy fait figure de grand favori après avoir remporté haut la main le premier tour de la procédure.
Ancien élève de l’École normale supérieure et de l’École nationale d’administration, élève de la promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA, Luis Vassy dirige depuis 2022 le cabinet des ministres des Affaires étrangères successifs, Catherine Colonna puis Stéphane Séjourné, après avoir été ambassadeur de France aux Pays-Bas.
Dans son projet de candidature, le Franco-Uruguayen de 44 ans estime que « Sciences Po doit envisager une triple rénovation ». Il estime que l’établissement, qui a connu une vie plutôt tumultueuse ces dernières années, doit rénover son image, son projet et sa gouvernance et son financement, avec l’Europe « au cœur ».
La nomination d’un nouveau directeur devrait mettre un terme aux crises de gouvernance à répétition, dont le dernier épisode a été la démission en mars de son ancien directeur Mathias Vicherat, traduit devant la justice avec sa compagne dans une affaire de violences conjugales.
Depuis, Sciences Po est dirigée par l’ancien directeur général de Pôle Emploi Jean Bassères, nommé administrateur provisoire.
Cette crise n’est pas la première pour Sciences Po, qui accumule depuis plusieurs années les déboires et les scandales autour de ses dirigeants.
Mathias Vicherat succède ainsi en novembre 2021 à Frédéric Mion, contraint à la démission pour avoir dissimulé des soupçons d’inceste visant Olivier Duhamel, alors président de la FNSP.
Frédéric Mion succède lui-même à Richard Descoings, décédé accidentellement en 2012 dans une chambre d’hôtel à New York.
Sciences Po est également secouée depuis des mois par des polémiques liées aux mobilisations d’étudiants pro-palestiniens.
L’occupation d’un amphithéâtre par des étudiants en mars, qui a donné lieu à des accusations d’antisémitisme, a suscité la polémique et entraîné une visite sur place du Premier ministre Gabriel Attal, ancien élève de cette “école d’élite”.
– Procédure lancée en mai –
Plusieurs manifestations d’étudiants pro-palestiniens, suivies d’interventions policières, ont ensuite eu lieu au printemps. Sciences Po a annoncé début septembre des mesures pour “mieux former” ses étudiants sur le conflit israélo-palestinien.
Avec l’option prise par Luis Vassy, Sciences Po semble s’orienter vers un profil assez similaire à celui de Mathias Vicherat, qui fut aussi dans la classe d’Emmanuel Macron, à qui sera soumis le nom qui sortira du processus de désignation qui doit s’achever vendredi.
Luis Vassy a franchi une première étape importante en étant désigné par le conseil de l’Institut d’études politiques. Ce conseil, composé de 31 membres (enseignants, doctorants, étudiants, salariés, personnalités extérieures…), l’a placé en tête au second tour de scrutin avec 20 voix, contre neuf pour l’universitaire Rostane Mehdi, 58 ans, directeur de Sciences Po Aix et seul profil universitaire en lice, ont indiqué à l’AFP plusieurs sources internes.
Troisième membre, et seule femme, de la liste finale, Arancha Gonzalez, 55 ans, candidate interne au poste de doyenne de l’école des affaires internationales de Sciences Po depuis deux ans, a été éliminée dès le premier tour.
L’étape finale de ce processus de longue haleine, lancé en mai, est prévue vendredi après-midi : le conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qui chapeaute l’école, doit à son tour auditionner les trois candidats, avant de voter en fin de journée.
Il reviendra à l’exécutif de nommer officiellement le futur directeur.
Toutefois, si les votes diffèrent entre les deux instances de Sciences Po, les deux bureaux du conseil devront tenter de trouver un accord avant de soumettre à nouveau le nom d’un candidat au vote des conseils.
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