Défense. Qui est Mark Rutte, « l’homme ordinaire » qui prend la tête de l’OTAN ?

Homme politique chevronné au style de vie décontracté, Mark Rutte aura besoin de ses talents d’équilibriste pour diriger l’OTAN à travers l’une des périodes les plus difficiles de son histoire.

Souvent photographié en train de se rendre au travail à vélo tout en grignotant une pomme, Rutte est devenu mardi le quatrième Néerlandais à diriger l’alliance des 32 nations pendant une période de belligérance russe et peut-être d’indifférence américaine. Dans son pays, ce « tout le monde » arrive à vélo à la rencontre des dirigeants étrangers, fait ses courses au supermarché et conduit lui-même sa Saab pour se rendre chez le roi.

Celui qui a quitté « La Tourelle », sa fonction de Premier ministre, à vélo en juin, change sa vie pour la cocotte minute bruxelloise. Le quotidien néerlandais NRC a résumé l’événement dans un dessin : Rutte, croquant joyeusement une pomme sur un vélo avec un drapeau de l’OTAN, se dirige vers un groupe de chefs d’État qui se frappent avec des missiles.

Longévité record

Mesurant 1m93, Mark Rutte, 57 ans, porte de nombreux surnoms, dont « Mark Teflon » en raison de sa grande résistance aux scandales. Cette qualité lui a permis de rester Premier ministre pendant 14 ans, un record de longévité dans son pays, survivant notamment en 2021 à la démission de son gouvernement suite à un scandale sur les prestations sociales. Il a fini par démissionner en juillet 2023 après des luttes intestines au sein de sa coalition au sujet de l’asile.

“Beaucoup de choses ont mal tourné sous ma direction et je l’ai pris personnellement”, a-t-il déclaré dans un message d’adieu aux Néerlandais en juin. L’effondrement soudain de son quatrième gouvernement a été suivi d’une large victoire électorale du leader d’extrême droite néerlandais Geert Wilders en novembre 2023.

Rutte porte également le surnom anglais de « The Trump Whisperer » pour sa capacité à raisonner l’ancien président américain. On lui attribue le mérite d’avoir sauvé le sommet de l’OTAN de 2018 en discutant avec Trump des dépenses de défense.

Il a également fait preuve d’une franchise typiquement néerlandaise avec l’ancien président républicain lors d’une visite à Washington en 2018, où il l’a interrompu par un « non » résolu alors qu’il affirmait qu’il serait « positif » de ne pas parvenir à un accord commercial avec l’UE.

Franc-parler, soutien à l’Ukraine

En février, Rutte s’est montré encore plus franc lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, affirmant que l’Europe devait travailler « avec tout le monde sur la piste de danse ». “Toutes ces pleurnicheries et pleurnicheries à propos de Trump, j’entends cela constamment ces derniers jours, arrêtons”, a-t-il déclaré. En Ukraine, Rutte a été le fer de lance des efforts visant à équiper le pays d’avions de combat F-16, une démarche qualifiée d'”historique” par le président Volodymyr Zelensky lors d’un déplacement dans le pays. « L’Ukraine doit gagner cette guerre. Pour sa sécurité et la nôtre », a déclaré celui qui n’a pas hésité à qualifier le président russe Vladimir Poutine de « froid, brutal, impitoyable » peu après l’invasion russe de l’Ukraine.

Rutte était Premier ministre lorsque le vol MH17 de Malaysia Airlines s’est écrasé en Ukraine en 2014, tuant les 298 personnes à bord, dont 196 Néerlandais. Il a déclaré que l’événement était « peut-être le plus profond et le plus émouvant » de ses 14 années à la tête des Pays-Bas et qu’il « a changé (sa) vision personnelle du monde ». Cela l’a rendu d’autant plus déterminé à soutenir l’Ukraine, « pour sa sécurité et la nôtre ».

Rêvant au départ d’une carrière de pianiste, il rejoint après ses études le géant de la consommation anglo-néerlandais Unilever. Il se décrit comme un « homme d’habitude et de tradition » et a passé toute sa vie à La Haye, où il donne des cours bénévolement. « Mark n’aime pas le changement, il veut toujours la même chose », confirme Marco Rimmelzwaan, son coiffeur.