Il s’agit d’une première pour Boeing depuis 2008. Les salariés des usines d’Everett et de Renton, dans la banlieue de Seattle (Etat de Washington), ont voté massivement (96%), jeudi 12 septembre, en faveur d’une grève illimitée à compter du lendemain, rejetant ainsi les propositions salariales jugées insuffisantes par la direction du deuxième avionneur mondial.
« Nos membres ont parlé haut et fort »a déclaré Jon Holden, président de l’Association internationale des machinistes (IAM-District 751), qui représente environ 33 000 travailleurs dans la région du nord-ouest du Pacifique, où sont assemblés les avions court-courriers 737 et les avions cargo gros-porteurs 767 et 777.
Un virage à 180 degrés pour l’organisation, qui avait initialement soutenu la proposition de la direction, se disant incapable de “pour garantir que(elle obtiendrait) “plus en faisant grève”Une bonne affaire, avait assuré le syndicat IAM, qui avait fait grimper l’action Boeing de 3%. Deux jours plus tard, elle était rejetée par 94,6% de la base, et l’action Boeing perdait plus de 4% vendredi, avant même l’ouverture de Wall Street.
Le dernier accord remonte à 2008, signé au terme d’un mouvement de cinquante-sept jours. Les milieux financiers ne l’ont pas oublié, rappelant que Boeing avait encaissé environ 60% du prix de l’avion à la livraison. Les livraisons connaissent déjà des retards, alors que les compagnies aériennes commandent de plus en plus d’appareils pour renouveler et décarboner leurs flottes.
Un conflit de 50 jours priverait Boeing de 3 à 3,5 milliards de dollars de trésorerie (entre 2,7 et 3,2 milliards d’euros), soit 70 millions de dollars perdus chaque jour, et aurait un impact de 5,5 milliards de dollars sur le chiffre d’affaires, ont calculé les analystes de TD Cowen. En août, ils avertissaient déjà que les tensions sur les chaînes d’approvisionnement, qui affectent aussi Airbus, constituaient un risque important en cas de grève.
Le nouveau PDG, Kelly Ortberg, qui a pris la tête de Boeing début août après le départ brutal de Dave Calhoun, a compris qu’il devait réaffirmer l’empreinte industrielle du groupe. L’ingénieur de 64 ans a décidé de rapatrier le siège d’Arlington, dans la banlieue de Washington, à Seattle, à proximité des principales chaînes de montage.
« Nous restons déterminés à reconstruire nos relations avec nos employés et le syndicat, et nous sommes prêts à retourner à la table des négociations pour parvenir à un nouvel accord. »“Nous avons voté en faveur d’une hausse des salaires de 25% sur quatre ans, loin des 40% réclamés par les salariés, qui attendent aussi des mesures concernant les retraites”, a indiqué l’avionneur après le vote. La hausse des prix est l’une des principales préoccupations des Américains, à moins de deux mois de l’élection présidentielle du 5 novembre.
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