Le Brexit n’est pas un événement ponctuel, c’est un processus sans fin. Huit ans après le référendum (23 juin 2016), quatre ans après la sortie officielle du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), trois ans après la sortie effective du marché unique européen (1euh janvier 2021), de nouveaux contrôles aux frontières viennent d’entrer en vigueur.
Mardi 30 avril, les douanes britanniques ont commencé le contrôle physique des produits d’origine végétale ou animale entrant au Royaume-Uni. Ces contrôles existent dans l’autre sens (du Royaume-Uni vers l’UE) depuis janvier 2021, mais les autorités britanniques avaient jusqu’à présent reporté à cinq reprises le début de leurs propres contrôles, craignant de provoquer le chaos à la frontière.
Les nouvelles règles ont suscité un tollé parmi les petites entreprises car elles s’accompagnent d’une taxe que les entreprises doivent payer : 29 £ (34 €) par catégorie de produits. Si un exportateur envoie simultanément de la viande, des produits laitiers et du poisson, cela correspond à trois catégories, et donc trois paiements. Au total, le gouvernement britannique estime le coût pour les entreprises britanniques à 330 millions de livres sterling par an. A l’échelle d’une économie comme le Royaume-Uni, il s’agit d’un coût limité, mais qui devrait ajouter 0,2% à l’inflation des produits alimentaires sur trois ans, selon les calculs des autorités britanniques.
Le Brexit a été une expérience rare d’un point de vue économique : voilà un pays qui a choisi d’ériger des barrières avec son principal partenaire commercial, qui représente près de la moitié de ses échanges. L’accord signé avec l’UE évite le retour des droits de douane, mais impose de lourdes déclarations (formulaires d’importation et d’exportation, certificats sanitaires, etc.). Deux ans et demi plus tard, le résultat est une lente érosion du commerce britannique.
Fin 2023, les importations et exportations de biens au Royaume-Uni étaient 10 % inférieures à leur niveau de 2019, avant la pandémie, tandis que celles des autres pays du G7 étaient 5 % supérieures en moyenne. « L’intensité commerciale du Royaume-Uni (ses exportations et importations en pourcentage du produit intérieur brut) ne s’est pas rétabli au même rythme que les autres pays du G7 »souligne une étude publiée en mars par l’Office for Budget Responsibility (OBR), un organisme qui fait partie du Trésor britannique.
« À première vue, c’est exactement ce que l’on pourrait attendre d’une économie qui s’adapte aux nouvelles barrières commerciales : une perte de dynamisme, comme une lente crevaison d’un pneu. », explique Emily Fry, dans une étude publiée en février pour la Resolution Foundation, un groupe de réflexion. Mais derrière ces faits se cache une surprise : le commerce des marchandises a diminué non seulement avec l’UE mais aussi avec le reste du monde, à peu près au même rythme.
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