Par
Solène Lavenu
Publié le
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L’EPR de Flamanville a connu un « arrĂŞt automatique » mercredi 4 septembre 2024, au lendemain de son dĂ©marrage. L’AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (ASN) a confirmĂ© qu’une erreur humaine en Ă©tait la cause. Voici comment cela s’est passĂ©.
EDF a annoncĂ© lundi 2 septembre 2024 au soir que le processus de divergence allait ĂŞtre engagĂ© sur l’EPR de Flamanville. L’exploitant a affirmĂ© mardi 3 septembre 2024 que le dĂ©marrage avait Ă©tĂ© plus rapide que prĂ©vu initialement. Mercredi 4 septembre 2024, le rĂ©acteur de 3e gĂ©nĂ©ration a connu un “arrĂŞt automatique”.
Pas de quoi s’inquiĂ©ter, selon EDF.. “C’est la machine elle-mĂŞme qui se protège car il y avait une anomalie. L’EPR s’est mis en sĂ©curitĂ© car il y avait un danger, qui pouvait ĂŞtre un dĂ©faut matĂ©riel ou un dysfonctionnement de quelque nature que ce soit“Nous recherchons actuellement la cause”, a assurĂ© le porte-parole de l’opĂ©rateur jeudi matin 5 septembre 2024.
Toutes les Ă©quipes travaillaient donc Ă trouver l’origine, Ă comprendre pourquoi l’EPR a initiĂ© son arrĂŞt automatique.
Deux étapes informatiques oubliées
De leur cĂ´tĂ©, les membres de la commission locale d’information (CLI) assurent avoir un dĂ©but d’explication de la part de la direction d’EDF.
“Selon les premières informations recueillies, l’arrĂŞt automatique du rĂ©acteur, lors des essais Ă puissance nulle, serait dĂ» aux compteurs de flux de neutrons. En fait, un ordinateur a Ă©tĂ© branchĂ© sur un module de contrĂ´le pour injecter un nouveau paramètre. Mais au cours de cette action, L’orateur a oubliĂ© deux Ă©tapes informatiques. En consĂ©quence, le système de protection s’est activĂ© et a donnĂ© l’ordre d’arrĂŞter automatiquement le rĂ©acteur”, explique le prĂ©sident de la CLI, BenoĂ®t Fidelin.
Une version confirmĂ©e en fin de journĂ©e par l’AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (ASN) Ă l’AFP.
L’arrĂŞt automatique du rĂ©acteur EPR de Flamanville peu après son dĂ©marrage rĂ©sulte d’une erreur humaine dans la configuration des systèmes Ă©lectroniques, la procĂ©dure opĂ©ratoire n’ayant pas Ă©tĂ© strictement respectĂ©e.
« Dans le cadre des essais Ă rĂ©aliser pour le dĂ©marrage de l’EPR après la divergence (la première rĂ©action nuclĂ©aire), l’exploitant doit modifier un certain nombre de paramètres de la commande de contrĂ´le“, ajoute le gendarme nuclĂ©aire.
Ou « lors d’une de ces opĂ©rations, une configuration incorrecte des systèmes Ă©lectroniques s’est produite ce qui a conduit Ă l’apparition d’un certain nombre d’alarmes et Ă l’arrĂŞt automatique du rĂ©acteur.”
Dès que la cause et la solution sont trouvĂ©es, le « processus de redĂ©marrage va reprendre »,dĂ©taille les services de communication d’EDF.
Pour relancer l’opĂ©ration de divergence, et donc relancer la fission nuclĂ©aire dans le rĂ©acteur, l’exploitant n’aura pas besoin d’une nouvelle autorisation de l’ASN.
Les opĂ©rations de redĂ©marrage pourraient donc ĂŞtre remises en place très rapidement. “En revanche, nous devrons rĂ©pĂ©ter toute la phase de dĂ©marrage“Nous avons donc dĂ©cidĂ© de procĂ©der Ă un contrĂ´le des nombreux points nĂ©cessaires, comme l’exige la procĂ©dure. Il faudra tout reprendre Ă zĂ©ro”, explique EDF.
Dans le royaume des possibilités
Des opérations qui ont peut-être déjà commencé Selon Benoît Fidelin, en contact avec les responsables du site de Flamanville, « le circuit a été reconfiguré hier soir (mercredi 5 septembre 2024) afin de relancer la montée en température ce jeudi. Les conditions de divergence seront à nouveau réunies demain (vendredi 6 septembre 2024) en fin de journée.Toutes les conséquences seront tirées de cette erreur humaine, nous a également indiqué le directeur de Flamanville 3, qui assure que cela démontre au passage que le système de protection a bien fonctionné.
Incidents et arrĂŞts non anormaux
Il n’en demeure pas moins que pour EDF, les incidents et arrĂŞts de ce type n’ont rien d’anormal. La mise en route est un processus long et complexe, nĂ©cessitant de nombreux essais, tests et cela peut conduire Ă des arrĂŞts de ce type. Plus de 1 500 critères de sĂ©curitĂ© et de sĂ»retĂ© doivent ĂŞtre vĂ©rifiĂ©s, contre 300 Ă 400 dans une centrale d’ancienne gĂ©nĂ©ration.Nous savons que cela peut conduire Ă des arrĂŞts de ce type.«Cela prouve que le système de sĂ©curitĂ© fonctionne bien», rappelle le porte-parole de l’opĂ©rateur.
Ces propos sont confirmés par Nicolas Goldberg, expert en énergie chez Colombus Consulting.Ce type de danger est prévisible.Il s’agit d’un démarrage de processus industriel très complexe, et il est donc fréquent de rencontrer des contretemps.
L’expert souligne Ă l’AFP que “sur l’EPR finlandaisil y avait dĂ©jĂ eu plusieurs dĂ©ceptions “Cela n’a pas d’impact sur le dĂ©marrage, il faut juste ĂŞtre patient”, note-t-il.
L’EPR finlandais a connu plusieurs revers
Un rapport d’incident doit ĂŞtre dĂ©posĂ© auprès de l’ASN.Nous voulons comprendre et apprendre de ces retours.“, prĂ©cise l’exploitant. L’ASN a Ă©cartĂ© tout risque pour la sĂ©curitĂ©.
D’un point de vue physique, les rĂ©actions neutroniques dans le cĹ“ur sont restĂ©es en permanence sous contrĂ´le et aucun danger physique pouvant conduire Ă un arrĂŞt automatique du rĂ©acteur n’a Ă©tĂ© rencontrĂ© avant l’arrĂŞt automatique susmentionnĂ©.
Depuis juin 2024, huit avis d’Ă©vĂ©nements de niveau 1 sur l’Ă©chelle INES ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s sur l’EPR de Flamanville.
Ce nouvel Ă©vĂ©nement ne remettrait pas en cause le raccordement au rĂ©seau Ă©lectrique,prĂ©vu pour l’automne 2024. Mais plusieurs Ă©tapes sont encore prĂ©vues. Et potentiellement d’autres alĂ©as techniques.
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