Des points au Canada mais toujours des tensions chez Alpine

Trois points et une nouvelle polémique. Voici le résumé du week-end d’Alpine au pays du sirop d’érable. Pour la première fois depuis le Grand Prix du Brésil 2023 en novembre dernier, les Bleus ont placé les deux voitures dans les points. Un vrai petit succès pour l’équipe française qui navigue globalement au-delà du Top 10 cette année et qui, dans des conditions difficiles, a su faire les bons choix. Bruno Famin, patron d’Alpine F1, s’est montré pour le moins satisfait : « Nous devons être positifs sur notre résultat, c’est la première fois que les deux pilotes cette saison sont dans les points. Nous sommes partis loin sur la grille et l’équipe a bien géré la course à tous les niveaux. Les pilotes ont fait un excellent travail, tous les deux.

Les décisions stratégiques portent leurs fruits

Pénalisé de cinq places suite aux incidents de Monaco, Esteban Ocon était titulaire le 18.^e rang, trois positions derrière Pierre Gasly (15^e). Les points étaient loin mais les conditions humides puis sèches et enfin le retour de la pluie ont modifié le classement. Partis intermédiaires, les Français ont réalisé un premier relais très solide. Il s’agissait d’abord de survivre à tous les pièges tendus sur la route canadienne et, ensuite, de faire les bons choix stratégiques. Jusqu’au 26e tour et l’accident de Logan Sargeant (Williams) faisant sortir la voiture de sécurité. La majorité des pilotes ont alors opté pour un arrêt afin de chausser de nouveaux intermédiaires (censés être plus rapides), mais pas Ocon qui a choisi de rester en piste avec ses pneus usés contrairement à Gasly. Le bon choix.

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Car une fois la course relancée au 29e tour, les pneus intermédiaires neufs n’étaient finalement pas plus rapides que les pneus usés. Ocon avait alors gagné des places, aux portes du top 10, tandis que Gasly avait perdu gros mais avait rapidement refait un nouveau pari à trente tours de l’arrivée. Mettez des pneus durs. La piste avait séché depuis quelques minutes et Gasly, en queue de peloton, s’y est essayé. Avec succès puisqu’il a été immédiatement imité par tout le monde, mais les Tricolores avaient alors une longueur d’avance. Et au moment de la deuxième voiture de sécurité (tour 53), Alpine était dans le coup avec Ocon (9^e) et Gasly (11^e). A la reprise, les Français se retrouvaient à neuf et dix. Les uns derrière les autres comme à Monaco mais, cette fois, les consignes primeraient.

La tension en fin de course

Sur les gommes dures, Gasly avait plus de jus dans ses pneus en fin de course qu’Ocon sur les médiums. Alpine jugeait alors le premier nommé capable d’aller chercher Daniel Ricciardo (8^e) pour s’offrir plus de points et demande au second de le laisser passer à cinq tours de l’arrivée. C’est alors que les discussions s’éternisent entre Ocon et son ingénieur et il ne laisse passer Gasly qu’à un tour et demi de l’arrivée. Trop tard. Ces consignes avaient aussi le don d’énerver Ocon, furieux contre son équipe qui lui faisait finir 10^e : « Malheureusement, nous constatons une tendance qui se produira jusqu’à la fin de l’année. Ce n’est pas correct, j’ai fait mon travail, pas l’équipe dans cette course. C’est triste. Je dois finir 9^e et marque deux points. Je suis content qu’on ait marqué des points en équipe mais on en aurait marqué autant si je n’avais pas laissé passer Pierre à la fin.

Les deux dernières semaines pour le vainqueur du GP de Hongrie 2021 ont été éprouvantes. Depuis l’incident de Monaco avec son coéquipier, sa présence au Canada a d’abord été menacée puis Alpine a annoncé sa séparation en fin de saison. Autant de faits qui laissent entrevoir une certaine injustice du côté d’Ocon ou du moins une forme de privilèges envers Gasly, bien parti pour rester chez les Bleus en 2025.

Ce dernier s’est montré un peu frustré en zone mixte après la course sur l’Ile Notre Dame : “Le but était d’attaquer Ricciardo et nous aurions aimé changer de position avec Esteban deux tours plus tôt que ce que nous avons fait.” Si d’un point de vue comptable, le week-end canadien s’est avéré être le meilleur pour Alpine cette année, le travail en interne reste colossal. A ce rythme-là, on imagine mal comment les deux Français pourront cohabiter encore 15 courses car, même lorsqu’ils sont dans les points, la tension reste palpable. Au lendemain de cette course, Bruno Famin a également souhaité assainir le climat avec Sport automobile : « On ne va pas mettre Esteban de côté. Il aura exactement les mêmes conditions que Pierre. Ils sont au même niveau, au même statut. Qu’est-ce qui rassure Ocon ? Réponse dans deux semaines en Espagne.