Des sachets de nicotine qui « ne sont pas sans risque »

Les sachets de nicotine, très appréciés des jeunes en Europe et aux États-Unis, peuvent être vendus au Québec sous la supervision d’un pharmacien. Ces petits paquets, qui se glissent entre la lèvre supérieure et la gencive, ne sont cependant « pas sans risque ».

Quel est ce nouveau produit ?

Ce sont des sachets de nicotine synthétique, souvent mélangés à des parfums. « Ce n’est pas du tabac, c’est plutôt un produit dérivé. C’est un sachet que l’on laisse dissoudre contre la lèvre et les gencives », explique le Dr.^r Nicholas Chadi, chercheur spécialisé en toxicomanie au CHU Sainte-Justine.

Les sachets ZONNIC d’Imperial Tobacco Canada ont été approuvés en octobre par Santé Canada. L’utilisation de ce produit, présenté comme un moyen d’arrêter de fumer, est déjà répandue chez les jeunes en Europe et aux États-Unis. « J’ai des collègues aux États-Unis qui m’en parlent, donc c’est quelque chose qui est déjà présent en Amérique du Nord. Ensuite, on sait que les tendances présentes aux États-Unis se développent rapidement au Canada. C’était le cas du vapotage », précise le D^r Chadi.

Où peut-on les acheter ?

Les sachets ZONNIC sont approuvés comme produit de santé naturel. Dans la majorité des provinces canadiennes, ces sachets de nicotine sont donc disponibles dans les dépanneurs, épiceries, stations-service, magasins spécialisés et pharmacies.

Pour moins de quinze dollars, La presse a pu se procurer lundi une boîte de ZONNIC contenant 24 sachets de nicotine au Zesty Market, un dépanneur situé au centre-ville d’Ottawa. Le vendeur a confirmé que le produit était très demandé depuis son arrivée dans les rayons il y a un mois.

Le Québec se démarque toutefois. Ces produits ne peuvent être vendus qu’en pharmacie sous le Règlement sur les conditions et modalités de vente des médicaments.

«Il peut être vendu dans une section de la pharmacie accessible au public, mais cette section doit être sous le contrôle et la supervision d’un pharmacien», indique le directeur général de l’Association québécoise des distributeurs en pharmacie, Hugues Mousseau. . Il précise que les grossistes en pharmacie du Québec n’ont pas encore ce produit.

Le D^r Chadi espère cependant que ces sachets circuleront largement au sein de la population. « On sait que les produits de la vape circulent facilement, même s’ils ne sont pas destinés à la vente aux mineurs. C’est donc certainement quelque chose à surveiller », souligne-t-il.

Doit-on s’inquiéter de son arrivée au Québec?

«C’est certainement un sujet de préoccupation du point de vue de la santé pédiatrique», déclare le Dr.^r Chadi, qui précise que ces sachets de nicotine « ne sont pas sans risque ». « Ces sachets peuvent contenir de la nicotine en quantité assez importante. La nicotine comporte un risque de dépendance et peut avoir des effets sur le développement cérébral des adolescents », explique-t-il.

Certaines études montrent que les sachets peuvent avoir des effets sur la santé bucco-dentaire, en raison des arômes et des produits chimiques, ajoute-t-il. « Il existe également des produits qui pourraient être cancérigènes. Nous devrions certainement mieux les étudier pour mieux comprendre les risques », estime-t-il.

Qu’est-ce qu’un sachet de nicotine ?

Les sachets ZONNIC contiennent chacun 4 mg de nicotine. « Cela peut représenter l’équivalent de quelques cigarettes », illustre le D^r Chadi.

À titre de comparaison, les patchs de remplacement de la nicotine sont disponibles en dosages de 7, 14 et 21 mg, mais délivrent de la nicotine sur une période de 24 heures. « Donc, si nous consommons cinq voire dix sachets par jour, nous allons dépasser la quantité qui serait incluse dans un patch de nicotine », dit-il.

ZONNIC, un produit destiné aux jeunes adultes ?

Un jeune homme à l’entraînement, une jeune femme en réunion et un groupe d’amis assis sur un canapé pour écouter un match : les publicités de ZONNIC sur internet mettent en scène de jeunes adultes qui utilisent des sachets de nicotine. «En tant que professionnel de la santé pédiatrique, je m’inquiète de voir ce type de publicité qui pourrait attirer les jeunes, les adolescents et les jeunes adultes», déclare le Dr.^r Chadi. Il souligne que des publicités similaires ont circulé ces dernières années lorsque les appareils de vapotage à cartouche ont gagné en popularité. L’entreprise précise sur son site Internet que son produit est destiné uniquement aux adultes.

Avec la collaboration de Mylène Crête, La presse