Des signaux inquiétants pour les femmes, encourageants pour les hommes

Un tableau contrasté : chez les femmes, une hausse « inquiétante » des cancers du poumon et du pancréas ; chez les hommes, une stabilisation, voire une baisse des cancers les plus fréquents, selon le panorama 2024 de l’Institut national du cancer, qui prône un renforcement de la prévention et du dépistage.

Principalement en raison d’un cocktail démographique (augmentation de la population et vieillissement) mais aussi de risques liés aux modes de vie, l’incidence des cancers a augmenté significativement en France au cours des 20 dernières années, comme dans d’autres pays occidentaux. Pour 2023, 433 333 nouveaux cas sont anticipés.

Les cancers, qui tuent plus de 162 400 Français chaque année, sont la première cause de mortalité chez les hommes et la deuxième cause de mortalité chez les femmes après les maladies cardiovasculaires.

Les cancers les plus fréquents chez les hommes restent le cancer de la prostate (59.885 cas), le cancer du poumon (33.438 cas) et le cancer du côlon-rectum (26.212 cas). Chez les femmes, ce sont le cancer du sein (61.214 cas), le cancer colorectal (21.370 cas) et le cancer du poumon (19.339 cas), selon le quatrième bilan de l’Institut national du cancer, publié jeudi.

Alors que les dernières estimations dépeignent « une situation plutôt encourageante pour les hommes, avec une diminution de l’incidence ou une stabilité pour ces localisations, deux cancers montrent une augmentation inquiétante du taux d’incidence chez les femmes sur la période 2010-2023 : le cancer du poumon (+4,3% par an), le cancer du pancréas (+2,1% par an) », souligne l’Inca.

Un facteur majeur de cette évolution : la consommation de tabac, « qui a débuté dans les années 1970/80 chez les femmes », plus tard que chez les hommes.

Au fil des années, la mortalité liée au cancer a globalement diminué en France grâce à une détection plus précoce et aux progrès des traitements.

Ce déclin apparaît toutefois moins marqué chez les femmes que chez les hommes, qui bénéficient de « diagnostics plus précoces et d’avancées thérapeutiques significatives parmi les cancers les plus fréquents » pour elles, selon l’Inca.

Bien que la survie aux cancers se soit souvent améliorée grâce aux progrès scientifiques, notamment pour le cancer de la prostate, le mélanome cutané et le cancer du sein, ce n’est pas le cas pour tous.

Les cancers du poumon et du pancréas, en augmentation chez les femmes, mais aussi ceux du foie, sont les plus mortels. Lorsqu’ils sont détectés, le pronostic est très défavorable pour diverses raisons (diagnostic tardif, localisation difficile d’accès, progression rapide et agressive, résistance aux thérapies, absence de traitements spécifiques).

– « Armes essentielles » –

« Deux armes essentielles dans la lutte contre la maladie » sont encore trop négligées : la prévention des risques évitables et le dépistage, souligne l’institut.

Arrêter de fumer, réduire sa consommation d’alcool, adopter une alimentation équilibrée et variée et pratiquer une activité physique régulière : avec des modes de vie plus sains, près de la moitié des cancers pourraient être évités chaque année.

« Faites les bons choix maintenant, vous vous en remercierez plus tard », disait une récente campagne d’information des Incas.

Pour sensibiliser les Français, un test en ligne leur permet d’identifier, dans leur quotidien, les comportements qui les exposent à des facteurs de risques évitables et de bénéficier de conseils personnalisés ainsi que de suggestions d’actions.

A condition d’insérer une photo, l’utilisateur peut également obtenir son portrait à 30 ans via l’intelligence artificielle.

Une autre arme insuffisamment utilisée : le dépistage.

Détecter le cancer à un stade précoce permet de le traiter plus facilement, mais aussi de limiter les séquelles de la maladie et de certains traitements.

Cancers du sein, colorectal et du col de l’utérus : trois dépistages organisés existent, mais la participation reste insuffisante en France, loin des objectifs européens, notamment pour le cancer colorectal.

Courriers, mails ou encore appels adressés aux personnes les plus éloignées du système de soins, l’Inca et l’Assurance maladie ont montré en janvier la volonté de “mettre les bouchées doubles”. Les délais de prise de rendez-vous et les contraintes de mobilité compliquent aussi l’accès au dépistage pour certains Français.

Pour le cancer du poumon, un dépistage organisé est désormais envisagé, plusieurs essais et études ayant montré l’efficacité du scanner à faible dose. Un appel à candidatures pour la mise en place d’un programme pilote a été lancé en juillet.

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