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Désavoué par les élections européennes, Emmanuel Macron dissout l’Assemblée et convoque des législatives

Le président de la République a annoncé sa décision surprise dimanche soir, peu après la proclamation des premiers résultats des élections européennes, replongeant la classe politique en campagne et le pays dans l’inconnu.

Et la soirée électorale a tourné au drame. En annonçant dimanche, au lendemain des premiers résultats des élections européennes, la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron a brutalement plongé le paysage politique et la nation dans l’inconnu. A peine terminée, cette campagne électorale s’est conclue par une large victoire du Rassemblement National, avec 31,5% des voix, selon les résultats fournis par le ministère de l’Intérieur (sur 99,8% du décompte total), le Président de la République a activé l’arme nucléaire constitutionnelle, celle qui lui permet de renvoyer tous les députés aux électeurs. Le premier tour des élections législatives aura lieu le 30 juin et le second tour une semaine plus tard, le 7 juillet.

Dimanche soir, la rumeur d’une dissolution imminente faisait déjà frissonner la direction politique lorsqu’Emmanuel Macron est apparu sur les écrans, vers 21 heures. Un discours annoncé aux médias à la dernière minute, alors même qu’il s’agissait du Premier ministre, Gabriel Attal, qui parlerait normalement au nom de la majorité. ” La montée des nationalistes et des démagogues est un danger pour notre nation, mais aussi pour notre Europe », s’alarme le chef de l’Etat, déplorant également « la fièvre qui a saisi le débat public et parlementaire ces dernières années “. ” C’est pourquoi, après avoir procédé aux consultations prévues à l’article 12 de notre Constitution, j’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire en votant. Je dissout donc l’Assemblée nationale ce soir. » Une décision qu’Emmanuel Macron présente comme « un acte de confiance ” Et ” un moment essentiel de clarification », tout en jurant de son désintéressement. ” Je suis le seul homme politique qui n’a pas de date limite électorale personnelle en 2027 », glisse-t-il.

Un acte « radical et gaullien »

Cette décision spectaculaire s’est poursuivie tout au long de la journée électorale dans l’entourage du président, alors que la hausse de la participation et les premiers résultats négatifs dans les territoires d’outre-mer et chez les expatriés laissaient présager le pire aux responsables macroniens. Une poignée de conseillers de l’Elysée et correspondants réguliers d’Emmanuel Macron ont été mis dans la confidence. Un de ses proches confidents en parle comme d’un acte » radical et gaullien “. ” Tu n’aurais pas dû le chercher », vante un visiteur régulier, rappelant que « les LR ont refusé la main tendue du président, il y aura donc des conséquences “. Une référence aux récentes déclarations de Gérard Larcher assurant qu’il n’accepterait pas d’être le premier ministre d’Emmanuel Macron. L’ancien président de l’Assemblée Richard Ferrand, soutien de longue date du chef de l’Etat, a été impliqué dans les discussions. Parmi les Figure de la majorité, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est l’un des rares à l’avoir encouragé.

Vers 19h15, trois quarts d’heure avant la proclamation des premières estimations, qui circulent déjà sur les téléphones des personnels politiques, Emmanuel Macron convoque Gabriel Attal à l’Élysée, quelques ministres importants dont Gérald Darmanin, Bruno Le Maire. (Économie), Sébastien Lecornu (Armées) et Stéphane Séjourné (Affaires étrangères mais aussi patron du parti Renaissance), ainsi que la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. Non pas pour leur demander leur avis, mais pour leur faire part de sa décision. Gabriel Attal assure au président qu’il approuve son choix. Yaël Braun-Pivet, qui n’est pas du tout d’accord avec la décision présidentielle, demande un entretien spécifique. ” Il me semble que nous l’avons commencé il y a une demi-heure », rétorque le chef de l’Etat, avant d’accepter de lui accorder quelques minutes.

On va le faire tous ensemble, sinon on est tous morts

Emmanuel Macron, devant ses ministres réunis à l’Élysée après l’annonce de la dissolution

Plus tard dans la soirée, après son annonce, Emmanuel Macron a réuni l’ensemble du gouvernement à l’Élysée pour leur prononcer un discours de lancement de campagne. ” On va le faire tous ensemble, sinon on est tous morts “, il insiste. ” Ensemble » doit être entendu au sens large, puisque la stratégie du chef de l’Etat consiste à tenter d’élargir sa base politique afin de piéger le RN. Première étape : Emmanuel Macron entend élaborer rapidement un nouveau programme. ” Dans les prochains jours, j’énoncerai la direction qui, à mon avis, est la bonne pour la nation. “, a-t-il indiqué dans son discours. Cette nouvelle intervention doit avoir lieu cette semaine, a précisé l’Élysée dans la soirée. L’objectif est d’amener les candidats issus de « l’arc républicain » à se positionner. Car dans l’entourage macronien, on compte sur l’engagement de la majorité présidentielle, mais aussi, » au-delà, tous ceux qui seront appelés à s’unir autour “. ” Les forces républicaines, une fois additionnées, sont », observe-t-on à l’Élysée, notant également le « forte abstention “. Pourtant, avec 52,5% de participation, selon l’estimation de l’Ifop, il n’y a jamais eu autant d’électeurs participant aux élections européennes depuis 1994. Signe que la volonté de sanctionner le pouvoir était forte.

Un calendrier très serré

Le pari d’Emmanuel Macron est extrêmement risqué. Grand vainqueur du vote de dimanche, le RN apparaît comme le grand favori des prochaines élections législatives. ” En cas de dissolution, Le Pen arriverait en tête dans de nombreuses circonscriptions », craignait un ministre, écartant l’hypothèse, à quelques jours des élections européennes. ” Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français nous font confiance lors de ces futures élections législatives », a en tout cas réagi Marine Le Pen dans la soirée. Le calendrier s’annonce très serré, le deuxième tour ayant lieu à moins de trois semaines des Jeux Olympiques de Paris. ” Nous y allons pour gagner, » a néanmoins martelé l’entourage de l’Elysée devant la presse dimanche soir. Notre volonté est de rechercher une majorité pour pouvoir agir avec force au service des Français. »

Cette dissolution est la cinquième prononcée sous la Ve République, mais la première depuis l’entrée en vigueur du quinquennat et, avec elle, la synchronisation entre l’élection présidentielle et les élections législatives. En ce dimanche soir de défaite, Emmanuel Macron a choisi d’arrêter cette mécanique pour tenter de retrouver un peu d’oxygène. En cas de victoire, le coup de poker sera salué comme un coup de génie. Mais si les électeurs désavouent le président une seconde fois en deux mois, son mandat de cinq ans deviendra encore plus crépusculaire qu’il ne l’était déjà.

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Anna

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