VVoilà une nouvelle qui fera plaisir au placide chancelier allemand, Olaf Scholz, qui débarque ce samedi 13 avril en Chine pour une visite de trois jours. Le groupe Volkswagen a annoncé jeudi 11 avril qu’il allait investir 2,5 milliards d’euros supplémentaires dans son grand centre de recherche de Hefei, dans la province de l’Anhui, dans l’est de la Chine. Une décision qui arrive à point nommé pour démontrer aux interlocuteurs politiques de la chancelière allemande que son pays n’abandonne pas l’Empire du Milieu alors que les investissements occidentaux s’y font plus rares. Pour l’instant, le sentiment en Europe, comme aux Etats-Unis, est davantage préoccupé par le regain d’agressivité des industriels exportateurs chinois. Et particulièrement dans le secteur automobile.
Depuis qu’en 2023, le constructeur BYD s’est imposé comme le numéro un mondial des voitures électriques et a détrôné Volkswagen de sa place de premier constructeur en Chine, le réflexe défensif a pris le dessus. En témoigne l’enquête lancée par Bruxelles sur les subventions aux véhicules électriques chinois qui ont déjà accaparé près de 25 % du marché européen en moins de deux ans. Européens et Américains sont tentés d’abandonner sur un terrain chinois rongé par la guerre des prix dans laquelle se livrent la centaine de producteurs locaux.
Volkswagen a choisi la contre-offensive. L’argent investi dans son centre lui permettra de doubler ses effectifs pour développer d’ici trois ans une plateforme électrique 100% chinoise qui constituera la base de quatre modèles low-cost. De plus, la société allemande s’associe à la startup locale XPeng pour concevoir deux autres modèles haut de gamme. Le monde à l’envers.
Balançoire spectaculaire
Il faut dire que la période est plus favorable qu’il n’y paraît. Depuis janvier, on assiste à un renversement inattendu. Le dynamique marché européen des voitures électriques s’est soudainement arrêté avec le départ des Chinois. Résultat, Volkswagen a vu ses ventes bondir en Chine, de 8 %, y compris dans les voitures essence. Mais c’est dans le domaine électrique que le basculement est le plus spectaculaire. Ses ventes sur le Vieux Continent ont chuté de 24 % alors qu’ils ont bondi de 91 % en Chine, partant, il est vrai, d’un point très bas. Il n’en fallait pas plus pour convaincre les Allemands que le découplage d’avec la Chine, fortement poussé par les Américains, n’était pas une bonne idée.
Mais avec une particularité. On ne parle plus d’export mais de production 100% locale. C’est le nouveau credo allemand : « La Chine pour la Chine ». Une manière de reconnaître que le commerce mondial est entré dans une nouvelle ère… et que l’Allemagne saura s’adapter.