Deux Québécois tués au Mexique | « Fannie était au mauvais endroit au mauvais moment »

La famille de Fannie Lorrain, cette femme de 38 ans assassinée en compagnie de Raphaël Huppé lundi au Mexique, affirme que c’était pour veiller sur son amie malade qu’elle était dans l’appartement de ce dernier lors du drame et qu’elle n’a rien à voir avec toute activité frauduleuse.
Posté à 12h00
« Ma cousine ne se serait jamais lancée dans des stratagèmes, elle n’était pas une personne comme ça », assure Romie Lorrain.
La mère de Fannie, Linda Bédard, et elle ont accepté de rencontrer La presse Jeudi, pour parler de la jeune femme et expliquer les raisons pour lesquelles elle se trouvait dans le logement de Huppé, une amie et non son conjoint, contrairement à ce qu’avaient initialement annoncé les autorités mexicaines.
Raphaël Huppé était accusé de fraude au Québec et était au Mexique depuis 2016, vraisemblablement pour fuir la justice canadienne.
Un règlement de compte pour fraude ou vol éventuel serait les deux principales hypothèses retenues actuellement par la police mexicaine.

COUVERTURE D’UN LIVRE ÉCRIT PAR RAPHAËL HUPPÉ ET PUBLIÉ EN 2015
Raphaël Huppe
« Dimanche, quelques heures avant sa mort, j’ai parlé à Fannie au téléphone. Elle m’a dit qu’elle passait la nuit avec Raphaël, car il avait de la fièvre, qu’elle surveillerait sa température et qu’elle avait peur qu’il souffre d’une appendicite. Elle m’a dit : « C’est un mec, il ne veut pas aller à l’hôpital et au Mexique, tout va lentement le week-end dans les hôpitaux. » Elle m’a également dit que le lendemain, elle l’emmènerait à l’hôpital. Mais elle a été tuée. Elle s’est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment », a-t-elle ajouté.moi Bédard.
Établi au Mexique
Les deux femmes ignorent comment Fannie Lorrain a rencontré Raphaël Huppé, il y a au moins un an. Elle leur a très rarement parlé de lui et n’a jamais pensé qu’il aurait pu être pris pour cible ou menacé, pensent-ils.
« S’il avait été son conjoint, elle nous l’aurait dit », assurent la mère et la cousine de Fannie Lorrain.
La jeune femme, qui vivait au Mexique depuis quelques années, hormis quelques brefs séjours au Québec, avait son propre appartement à Playa del Carmen.
Fannie Lorrain, qui parlait français, anglais, espagnol et portugais, travaillait au service à la clientèle d’une entreprise locale de compléments alimentaires et de protéines pour payer son logement et d’autres dépenses, en plus d’être impliquée avec les Alcooliques anonymes.
La jeune femme, qui a déjà vécu à Cancún, envisageait de revenir vivre dans cette ville. Elle s’apprêtait à acheter un billet d’avion pour rentrer au Québec dans quelques semaines, en prévision d’une naissance prochaine.
On sonne à la porte
Ce sont deux policiers de la Sûreté du Québec qui ont sonné à la porte de M.moi Bédard mardi et qui lui a annoncé le décès de sa fille. «Ils étaient très respectueux. Ils m’ont dit que c’était considéré comme une mort suspecte », décrit-elle.
Ce n’est que le lendemain, par les médias, qu’elle a appris que sa fille avait été victime d’un meurtre.
Je ne m’y serais jamais attendu ! N’importe qui, mais pas elle ! Elle était un rayon de soleil. Jamais de méchanceté. C’est inimaginable, quelle injustice… Tous ceux qu’elle a traversés dans la vie, elle les a marqués…
Linda Bédard, mère de Fannie
La vie de Fannie Lorrain, qui a grandi à Saint-Jean-sur-Richelieu, a été marquée par l’engagement communautaire et la coopération internationale.
Elle a aidé des centaines de personnes, au Québec ou ailleurs dans le monde, selon sa famille, que ce soit dans un centre jeunesse, au Club 2/3 ou à l’organisme Mer et Monde à Montréal, pour ne nommer que ceux-là.

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE
Fannie Lorrain pendant ses années de coopération internationale
« Elle était toujours prête à aider et voyait toujours le bien chez les gens. C’était une fille spirituelle avec une âme missionnaire. Elle était rassembleuse. Toujours respectueuse, elle aimait les gens, leur faisait confiance et leur donnait une chance », racontent sa mère et sa cousine.
« Elle était lumineuse et c’était un petit bijou. Elle était toujours gaie, dynamique, pleine de vie et très engagée. Elle a combattu l’injustice et défendu des causes sociales. Je suis sous le choc. J’ai beaucoup de peine », réagit pour sa part Mireille Chilloux, de l’organisation d’initiation à la coopération internationale Mer et Monde, où Fannie Lorrain travaillait vers 2012.
« C’est la moitié de ma vie qui vient de partir. Ce n’est pas facile à vivre », conclut Linda Bédard en sanglotant.
Pour rejoindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, ext. 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La presse.
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