« La situation est très grave, je ne veux pas augmenter la dette financière de nos générations futures ni la dette écologique. » C’est ce que Michel Barnier, Premier ministre, a déclaré samedi 7 septembre, achevant son discours de passation de pouvoir, dans lequel il a solennellement déclaré vouloir “dire la vérité” sur « dette financière et dette écologique » “.
En effet, la situation est grave : la dette écologique semble s’accroître inéluctablement faute de considération. Mais qu’entend-on par « dette écologique » ? Ce concept est apparu dans les années 1990 comme une dette que les pays développés auraient envers les pays en développement.
Plus politique que juridique, la « dette écologique » désigne les dommages écologiques subis involontairement par les pays du Sud en raison de l’exploitation non rémunérée des ressources par les pays du Nord. Elle servira d’argument pour exiger l’annulation de la dette financière des pays du Sud.
Peu à peu, avec l’idée de développement durable – défini comme un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre ceux des générations futures –, elle prendra un sens différent. La dette écologique deviendra ainsi un héritage négatif envers les générations futures. Elle prendra aussi un sens plus ancré dans les sciences écologiques, celui d’une sorte de dette envers la nature.
D’une certaine manière, elle s’apparente à celle de la dette envers les générations futures, car la meilleure façon de garantir leurs besoins est de préserver la planète, la nature, les écosystèmes. C’est en ce sens qu’elle tend à s’imposer dans les débats internationaux.
L’Accord de Paris de novembre 2015 établit ainsi que nous devons collectivement « quelque chose » au climat : nous devons en respecter les limites. Et si nous dépassons le budget carbone planétaire (plafond maximal d’émissions de gaz à effet de serre pour limiter l’évolution de la température à 2 °C), alors nous sommes de facto « dette climatique ».
Concrètement, la dette est évaluée, et même définie, par des systèmes comptables : c’est la comptabilité, à l’échelle des entreprises, des collectivités locales ou de la nation, qui établit le niveau et la qualification des différentes dettes financières. Ce n’est pas un hasard si « comptabilité » est synonyme de « responsabilité » : rendre compte de ses actes signifie en assumer la responsabilité et reconnaître ce que l’on doit et à qui.
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