Samedi 8 juin à la Maison de la Radio, à Paris, l’ONJ de Frédéric Maurin présente une programmation exceptionnelle : elle revisitera le répertoire du célèbre big band que le grand pianiste a formé et animé dans les années 1990. Un grand moment en perspective.
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S’il a déjà créé de nouveaux répertoires remarquables, l’Orchestre National de Jazz (ONJ) sous le mandat du guitariste et compositeur Frédéric Maurin aime aussi célébrer les créateurs qui ont marqué le XXe siècle. Ainsi, il y a eu le jazzman américain Ornette Coleman avec Danser dans ta(vos) tête(s), le compositeur français André Hodeir avec Anna Livia Plurabelle, un chef-d’œuvre trop rarement joué et enregistré, mais aussi un hommage scénique aux génies du rock progressif avec Image par image (à déguster à Marciac le 31 juillet).
Et maintenant il y a Martial Solal, monument du jazz français, retiré de la scène depuis son dernier récital en 2019 à la salle Gaveau. Le pianiste et compositeur sera mis à l’honneur samedi 8 juin à la Maison de la Radio, à Paris, à travers une reconstitution du répertoire du Dodecaband, célèbre groupe qu’il a dirigé par le passé.
Au cours d’une carrière hors du commun débutée dans les années 50, Martial Solal a joué dans toutes sortes de configurations – solo, duo, trio, big band… – avec les plus grands artistes de son temps. Il s’illustre également dans les musiques de films de la Nouvelle Vague (À bout de souffle, Léon Morin, prêtre…) et dans l’écriture d’œuvres symphoniques. Compositeur, arrangeur, orchestrateur, improvisateur hors pair, le pianiste algérien fonde son Dodecaband au début des années 1990. Plus petit qu’un big band, cet ensemble moyen de douze musiciens en “reprend, de manière plus légère, la structure traditionnelle : trois saxophones, trois trompettes, trois trombones et une section rythmique”, explique l’ONJ sur son site. Le groupe a existé sur scène pendant une décennie avant de sortir un seul enregistrement, sorti en 2000 : Martial Solal Dodecaband joue Ellington.
Hormis cet hommage discographique à Duke Ellington, la majeure partie du répertoire écrit par Solal pour le Dodecaband est restée inédite. D’où l’idée de l’ONJ de faire revivre de belles pages de cette formation historique en reconstituant une force orchestrale similaire à celle que le pianiste réunissait il y a plus de trente ans. Et ce, avec l’aide de Martial Solal qui a fourni ses partitions à Frédéric Maurin. Ce sera l’occasion, assure l’ONJ, de découvrir non seulement “les suites pleines de fantaisie du maître”, mais aussi c’est “relectures/recompositions” d’œuvres d’Ellington, décédé il y a un peu plus de cinquante ans, le 24 mai 1974. Et quand on connaît l’humour et la malice irrésistibles de Martial Solal, aussi bien à la ville que sur scène, on ne peut qu’être impatient.
Pour l’instant, une seule – et unique – date de cette redécouverte du Dodecaband est programmée sur une scène en France : celle de ce samedi 8 juin à Paris, à la Maison de la Radio. Incompréhensible. Nous espérons (beaucoup) beaucoup que cette anomalie soit corrigée. En attendant, le concert sera enregistré pour les antennes de Radio France, partenaire de l’Orchestre National de Jazz dans cette aventure (comme c’était déjà le cas pour Anna Livia Plurabelle par André Hodeir). Le brillant pianiste Bruno Ruder, collaborateur de l’ONJ sur certains projets, assurera la première partie solo. Sa prestation sera diffusée en direct sur France Musique, depuis le Studio 104, dans le cadre de l’émission Jazz en direct par Arnaud Merlin. Le concert de l’ONJ sera enregistré et diffusé dans une prochaine émission.
Quant aux répertoires originaux présentés par l’ONJ depuis l’arrivée de Frédéric Maurin comme directeur artistique en 2019, après Rituels, Dracula Et Ex-Machina (programme particulièrement plébiscité à l’international, et qui vient de faire l’objet d’une tournée européenne), l’ONJ prépare une nouvelle création, la dernière de l’ère Maurin, intitulée Jeux. Il s’agit d’une coproduction avec l’Ensemble intercontemporain. Co-écrite par la chanteuse et compositrice grecque Sofia Avramidou, le pianiste et compositeur Andy Emler (directeur du célèbre MegaOctet) et Frédéric Maurin, cette nouvelle pièce sera créée le 18 octobre 2024 à La Comète, à Châlons-en-Champagne . Par la suite, le guitariste passera progressivement le flambeau à la musicienne qui lui succédera, la flûtiste et compositrice Sylvaine Hélary, nommée en mars dernier.
L’Orchestre National de Jazz en concert à Paris
L’ONJ joue Martial Solal Dodecaband, Samedi 8 juin 2024, 19h, Maison de la Radio et de la Musique (création, coproduction ONJ/Radio France). Première partie : le pianiste Bruno Ruder solo.
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