Dominique Pelicot de retour au banc des accusés dans son procès pour viols répétés

Dominique Pelicot, principal accusé dans l’affaire des viols de Mazan, qui n’avait pas comparu devant le tribunal depuis mercredi dernier pour raisons de santé, a fait sa rentrée mardi devant le tribunal correctionnel du Vaucluse.

Aidé d’une canne et vêtu d’une veste grise, il est entré lentement dans le box des accusés peu avant 9 heures, avant de s’asseoir sur un fauteuil bleu censé être plus confortable et lui permettre de suivre les audiences à venir.

Le septuagénaire, accusé d’avoir drogué sa femme avec des anxiolytiques pendant dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020, puis de l’avoir violée et fait violer par des dizaines d’hommes recrutés sur internet, pourrait témoigner pour la première fois mardi.

Le tribunal pourrait également interroger à nouveau son ex-femme, Gisèle Pelicot, assise en face de lui sur le banc des parties civiles, accompagnée de ses deux avocats, ainsi que le frère de Dominique Pelicot, Joël.

Lundi soir, une expertise médicale ordonnée par le président du tribunal correctionnel a conclu qu’il était apte à comparaître, écartant, pour l’instant, le scénario redouté par les victimes d’un report de plusieurs semaines voire de plusieurs mois de ce procès emblématique de violences sexuelles et de soumission chimique.

“Nous avons reçu un message du président indiquant que Dominique Pelicot sera présent à l’audience demain avec des conditions particulières d’aménagement, à savoir : un échelonnement des audiences et un temps de repos régulier”, a expliqué à l’AFP Béatrice Zavarro, l’avocate de Dominique Pelicot.

Insistant sur la réalité des récents problèmes de santé de son client, et déplorant une prise en charge médicale tardive qui perturbait inutilement le déroulement d’un procès aux répercussions internationales, Me Zavarro a souligné qu’il ne s’agissait en aucun cas pour Dominique Pelicot d’une manière de se soustraire à ses devoirs.

Les parties civiles “prennent acte” de la reprise de l’audience mardi et “espèrent que le procès pourra désormais se poursuivre normalement et que le principal accusé bénéficiera d’un accompagnement médical renforcé afin d’éviter que l’incertitude dans laquelle sont placés nos clients depuis une semaine ne se reproduise”, a déclaré à l’AFP Stéphane Babonneau, l’un de leurs avocats.

Roger Arata avait indiqué avant la pause du week-end qu’il procéderait en priorité à l’audition de la principale victime, Gisèle Pelicot, et de celles des “parties civiles laissées en suspens”, dont les deux fils du couple, David et Florian, le gendre, Pierre P., et le frère de l’accusé, Joël Pelicot.

– “Lutte” –

Mais Florian et David, qui vivent en région parisienne, ont quitté Avignon, ce qui rend plausible que leur père soit entendu mardi.

Dominique Pelicot, qui a documenté tous les viols dans des dossiers déposés sur son ordinateur, a reconnu les faits, commis entre 2011 et 2020, mais il ne s’est jamais expliqué en détail depuis l’ouverture du procès le 2 septembre.

Son témoignage est également crucial pour les dossiers des autres hommes, âgés de 26 à 74 ans, jugés à ses côtés. Le tribunal devrait poursuivre dans les prochains jours l’examen de quatre d’entre eux : Jean-Pierre M., 63 ans, Jacques C., 72 ans, Lionel R., 44 ans, et Cyrille D., 54 ans.

Alors que certains accusés ont admis avoir été préalablement informés que Dominique Pelicot administrait à son épouse, à son insu, de puissants anxiolytiques pour la rendre inconsciente, d’autres soutiennent avoir seulement cru participer au scénario d’un couple libertin, niant qu’il s’agisse d’un viol.

Les faits reprochés à M. Pelicot ont été révélés après son interpellation en septembre 2020 alors qu’il filmait sous les jupes de trois femmes dans un centre commercial de Carpentras, dans le sud-est de la France.

En perquisitionnant son ordinateur, les enquêteurs ont découvert une décennie de viols commis sur son épouse de l’époque, principalement au domicile conjugal de Mazan (Vaucluse).

Gisèle Pelicot, qui a refusé que l’affaire soit jugée à huis clos, a remercié les quelque 10.000 manifestants qui ont défilé samedi à Avignon dans toute la France, brandissant son visage stylisé, pour la soutenir. “Grâce à vous tous, j’ai la force de mener ce combat jusqu’au bout.”

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