(Montréal) Des centaines de personnes se sont rassemblées dimanche devant le palais de justice de Montréal pour exprimer leur colère face au renversement de la décision Roe c. Wade garantissant le droit à l’avortement.
Publié à 14h07
Mis à jour à 17h31
« J’étais furieux. C’est un droit qui ne doit pas être contesté. C’est affolant de voir qu’on revient et qu’on met les mêmes personnes en danger », s’est exclamée Naomi Jouan, qui était présente à la manifestation montréalaise. « Nous pensions que c’était un droit acquis. Si ça se passe aux États-Unis, ça pourrait se passer au Canada », a ajouté son amie Julie-Anne Beaulac.
La Fédération québécoise des naissances planifiées (FQPN) a organisé l’événement de dimanche avec d’autres partenaires. Leurs objectifs sont de montrer leur soutien aux femmes aux États-Unis et de dénoncer la montée du mouvement anti-avortement au Québec.
Dans la chaleur accablante, des dizaines de personnes ont brandi des pancartes avec des inscriptions telles que « Mon utérus, mon choix » ou « En colère et unis ». Sandra Cordero tenait un cintre sur lequel était écrit « loin de l’utérus, près du placard », en référence à cet objet souvent utilisé pour interrompre une grossesse lorsque l’avortement est interdit.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE
Sandra Cordero
« Le cintre sert à suspendre le linge, pas à l’insérer dans l’utérus », a-t-elle déclaré, déplorant que les avortements pratiqués avec un objet inadapté puissent entraîner de nombreuses complications.
De la fiction
» Je suis dedans crisser. Pour nos voisins du sud, c’est un grand pas en arrière. C’est dur d’avoir des enfants. J’en ai trois, je les ai choisis et je les aime. Mais je ne peux pas imaginer la vie de quelqu’un à qui cela serait imposé », a déclaré Geneviève Comtois, vêtue d’une tunique rouge et d’une casquette blanche inspirée de la série américaine. La servante écarlatequi décrit un futur proche où les femmes ont perdu leurs libertés.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE
Manifestation devant le palais de justice de Montréal
Ce costume s’est imposé comme un symbole de protestation des femmes du monde entier. « C’est pour montrer aux gens que ce ne sera peut-être plus de la fiction », a-t-elle ajouté.moi Comtois, ajoutant que le Canada n’est pas à l’abri d’un tel revirement. « Ici aussi, il y a des gens qui sont anti-avortement », dit-elle.
Julie Carbonneau était la seconde.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE
Julie Carbonneau
J’ai tellement peur que ça ait un impact ici, on est juste à côté. Il est important de ne pas agir comme si nous étions invincibles. Cela peut nous arriver.
Julie Carbonneau
Steph Couture-Vanasse a tenu à venir exprimer son mécontentement. « Quand j’ai appris que Roe v. Wade avait été invalidé, j’ai été vraiment choqué. C’est un grand recul pour les droits des femmes », a déclaré l’étudiante en droit. « Ma mère s’est fait avorter. Pour moi, il est important que les femmes puissent contrôler leur corps », a-t-il ajouté.
Ouvre tes yeux
La députée de Québec solidaire Manon Massé était sur place près du palais de justice de Montréal pour manifester son appui au mouvement pro-choix.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE
Manon Massé, députée de Québec solidaire
Ces dictateurs de nos corps doivent comprendre qu’ils n’ont absolument aucune légitimité pour faire cela. Cette bataille aux États-Unis est un pas en arrière, et il faut être prudent, il faut être là et garder les yeux ouverts, car les droits des femmes sont toujours fragiles.
Manon Massé, députée de Québec solidaire
La députée s’est réjouie de voir la mobilisation des femmes et de la mixité, mais elle a également souligné qu’il est important que les hommes soient à leurs côtés pour affirmer qu’ils reconnaissent ce droit.
Mmoi Massé souhaite adresser un message de solidarité aux personnes lésées par la situation aux États-Unis. « Il faut tendre la main à nos sœurs américaines et leur dire : vous êtes les bienvenues au Québec. Nous voulons qu’ils entendent notre solidarité », a déclaré l’homme politique.
Elle estime que les droits des femmes et des minorités sont constamment en danger. « Avec Roe v. Wade, ce ne sont pas que les droits des femmes qui vont manger la claque, ce sont aussi les droits des minorités sexuelles, c’est aussi le droit à la contraception. Je ne dirais pas que nous sommes menacés, mais le danger est toujours sous-jacent », a déclaré Manon Massé.
Avec La Presse Canadienne
canada-lapresse