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Egypte. À la frontière avec Gaza, Al-Sissi confie la sécurité à un « chef de tribu » véreux

Ibrahim Al-Argany services rendus “inoubliable” vers la patrie, titre le quotidien égyptien El Watan, qui rejoint ainsi un vaste barrage de médias pro-régime pour défendre une personnalité extrêmement controversée.

En février, le site indépendant Mada Masr avait décrit un « personnage qui est passé en moins d’une décennie du statut de criminel d’habitude à celui de chef de bataillon tribal », en plus d’être devenu “l’un des plus grands hommes d’affaires d’Egypte”.

Ibrahim Al-Argany a en effet été emprisonné sous l’ancien président égyptien Hosni Moubarak pour avoir kidnappé des policiers après la mort de son propre frère à un poste de contrôle de la police dans le Sinaï. Depuis, il a su se rendre indispensable auprès du nouveau président, Abdel Fattah Al-Sissi.

Le nouvel homme fort du Sinaï

Et notamment parce qu’il a établi sa domination sur les infrastructures qui contrôlent le passage entre la péninsule du Sinaï et la bande de Gaza, a encore expliqué Madame Masr. Des ONG internationales l’avaient accusé en début d’année de pratiquer une extorsion à peine déguisée, en prélevant jusqu’à 5 000 dollars pour le passage de chaque camion d’aide humanitaire à destination des Gazaouis, rapportait alors le site. Regard sur le Moyen-Orient.

1euh En mai, ce même Ibrahim Al-Argany a encore fait parler de lui. C’est par un “défilé de blindés noirs, protégés par un régiment d’hommes armés juchés sur des pick-up”, qu’il s’est rendu dans la localité d’Ajgra pour “la création d’une toute nouvelle Union des tribus arabes”, écrit le chroniqueur d’opposition en exil Waël Andil dans Al-Araby Al-Jadid. Selon lui, le régime égyptien “jouer avec le feu” en accordant toujours plus de pouvoir et de prestige à cet homme.

« Il y avait là des députés et des chefs de tribus, sous la protection des membres de la tribu » à la place de la police et de l’armée, qui “étaient absents” pour assurer la sécurité de l’événement, rapporte également Mada Masrqui constate qu’à l’extérieur il y avait “des dizaines de machines lourdes alignées” appartenant à l’entreprise de travaux publics du même homme, Al-Argany Group.

Parce qu’il était incidemment mandaté pour diriger les travaux d’un “nouvelle ville” à Al-Ajgra, qui est rebaptisée Madinat Al-Sissi, ou Sissi-ville. Et cela “à la demande des habitants”, affirme très sérieusement le quotidien progouvernemental Al-Youm Al-Sabee.

Al-Ajgra, aujourd’hui appelée Madinat Al-Sissi, est située à deux pas de la frontière avec Gaza, explique le BBC Britannique en langue arabe. La concomitance entre la réalisation des travaux de cette ville et la création de cette Union des tribus est évidemment un choix assumé par le régime.

« Miliciarisation » type Soudan ?

Ibrahim Al-Argany, né en 1974 dans l’une des grandes tribus du Sinaï, les Tarabine, qui avait été en conflit avec l’armée pour avoir participé à des opérations terroristes contre des installations touristiques du Sinaï au début des années 2000, avait débuté sa carrière professionnelle. comme “conducteur de taxi”ce qui lui a permis de faire ses premiers pas dans la contrebande avec Gaza, dit Regard sur le Moyen-Orient dans un autre article.

Grâce à son sens du relationnel, il a réussi à se rendre indispensable au régime, au point de diriger pour la première fois un groupement tribal en 2014. « quasi-militaire » Pour “aider l’armée dans ses opérations contre Daesh au Sinaï”, rappelle le site libanais Daraj. Aujourd’hui, son nouveau rôle consistera à « aider l’armée à empêcher un afflux de réfugiés palestiniens en provenance de la bande de Gaza », continue Regard sur le Moyen-Orient.

Il n’a pas tardé à prendre position haut et fort, dans un communiqué publié dans le quotidien égyptien. Al-Ahram, où il demande à la communauté internationale d’intervenir pour empêcher une invasion de Rafah par l’armée israélienne.

L’importance croissante que lui accorde le régime n’est pas sans susciter des critiques. C’est “réactionnaire” vouloir résoudre les problèmes par un « retour aux liens tribaux », dénonce Hamdeen Sabahiancien candidat à la présidentielle et leader du parti nassérien, sur son compte X.

Les journalistes égyptiens en exil, comme Omar Samir dans Al-Araby Al-Jadid, selon qui c’est un signe de « tribalisation de l’État égyptien », plein de dangers. En effet, ajoute-t-il, le «montée en puissance de milices sur le modèle des Hemetti Rapid Support Forces (au Soudan)»de son vrai nom Mohamed Hamdan Daglo, risque de préfigurer un effondrement de l’État comme l’a vécu le pays voisin, aujourd’hui un État défaillant.

Celine

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