Elections législatives 2024 : la dissolution « augmente les risques » pour la notation de la dette souveraine de la France, selon Moody’s – 11/06/2024 à 10:45

Moody’s s’attend à une forte instabilité politique en France, qui entraînera un « risque de crédit » et une « détérioration de la soutenabilité de la dette française ».

(AFP/EMMANUEL DUNAND)

La situation politique en France et les élections législatives anticipées provoquées par la dissolution décidée par Emmanuel Macron génèrent un « risque » pour la notation de la dette souveraine de la France, a souligné Moody’s mardi 11 juin. L’agence de notation s’inquiète particulièrement du contrôle budgétaire du pays, alors que le Le vainqueur des élections « n’aura probablement pas la majorité absolue ».

Moody’s classe la France Aa2 avec une perspective stable, un cran au-dessus des autres agences Fitch et S&P, qui la placent à AA- depuis 2023 et le mois de mai respectivement.

Le parti vainqueur des élections anticipées des 30 juin et 7 juillet « n’aura probablement pas la majorité absolue »

, note Moody’s, puisque la majorité aurait besoin « d’une quarantaine de sièges supplémentaires », et le Rassemblement national « de plus de 200 ». L’agence de notation souligne les risques d’une multiplication des motions de censure lors de la prochaine législature, et y voit

« un risque accru d’instabilité politique

d’autant plus que l’Assemblée nationale ne peut être dissoute la première année.

« Détérioration de la soutenabilité de la dette »

Une telle instabilité « crée un risque de crédit »

souligne Moody’s, alors que le gouvernement sortant a déjà dû revoir fortement à la hausse ses prévisions de déficit public pour 2024 et 2025, tout en maintenant sa prévision d’un retour à 3% du PIB en 2027. « Compte tenu de l’instabilité du paysage politique, il est tout à fait Il est possible que ces objectifs soient abandonnés, malgré les pressions probables de la Commission européenne » pour que la France se conforme aux règles budgétaires de l’UE, estime Moody’s.

Elle note que « le fardeau de la dette française est le plus élevé parmi ses pairs de notation similaire », mais que « le rythme de réduction du déficit de la France sera plus lent que celui de la plupart de ses pairs européens ». Elle croit que

la dette publique « augmentera lentement de 110,6% du PIB en 2023 à près de 115% du PIB d’ici 2027 »

tandis que le gouvernement prévoit une quasi-stabilité d’ici 2027.

Moody’s s’attend donc à « une dégradation de la soutenabilité de la dette française », et souligne le risque de dégradation des perspectives et de la notation « si l’on concluait que la dégradation de la capacité d’endettement était significativement plus importante en France » que dans les pays à notation similaire.

« Un engagement moins fort en faveur de la consolidation budgétaire augmenterait également la pression à la baisse » sur la note, conclut Moody’s.