” Bien. » Ce vendredi 24 mai, Emmanuel Macron, de retour de Nouvelle-Calédonie, commente en deux mots courts et secs le nouveau tract pour les élections européennes du 9 juin qui lui a été envoyé. “par courtoisie” l’équipe de campagne. La remise des affiches montrant, au premier plan, Gabriel Attal, tout sourire, aux côtés de la tête de liste du camp présidentiel, Valérie Hayer, devant une forêt de drapeaux européens, est déjà en cours.
Emmanuel Macron ne laisse rien paraître. Mais le chef de l’Etat qui, en privé, appelle son jeune premier ministre « le phénomène “, a de quoi nourrir une forme d’amertume. Sur le terrain, les militants sont ravis de recevoir les nouveaux tracts qui ne comportent plus le visage présidentiel. Gabriel Attal, 35 ans, « une grosse, grosse chance », s’emporte Jérôme Berthier, responsable de la mobilisation départementale Renaissance des Yvelines. Des tracts à l’effigie du Premier ministre circulent comme des petits pains chauds sur les marchés, soulageant les militants, épuisés par l’hostilité qu’ils subissent depuis des semaines. «Dès qu’on distribue un tract avec le visage d’Emmanuel Macron, on se fait jeter par “Ah non, pas lui !” » déplore un militant francilien qui refuse de donner son nom.
En 2019, lors des précédentes élections européennes, la photo et les propos d’Emmanuel Macron avaient contribué à mobiliser les électeurs pro-européens. Cette fois, l’omniprésence du chef de l’Etat n’arrête pas l’hémorragie électorale du camp présidentiel. Le grand discours prononcé à la Sorbonne par Emmanuel Macron le 25 avril n’a pas eu d’effet notable sur l’opinion publique. Pas plus que ses interviews accordées à Là Dimanche de la tribune (5 mai), aux magazines ELLE (7 mai) ou à L’Express (22 mai).
L’usure du pouvoir
« Jusqu’à récemment, Emmanuel Macron apparaissait comme une marque avec l’effet d’une solution miracle qui permettait de transférer notoriété et popularité à ses candidats inconnus. Aujourd’hui, son capital symbolique semble épuisé : le transfert est rompu. » observe Raphaël Llorca, expert associé à la Fondation Jean Jaurès et auteur de La marque Macron (éd. L’aube, 2021).
Le chef de l’Etat s’énerve et tonne, depuis Dresde, en Allemagne : « Réveillons-nous ! » La glace. Cris d’alarme présidentiels contre « mauvais vents » de l’extrême droite en Europe restent vains. Inutile. Et peut-être contre-productif, soulignent les analystes. « Emmanuel Macron est la solution mais aussi le problème. Il peut remobiliser une partie de son électorat. Mais relance aussi le vote de sanction”souligne Frédéric Dabi, directeur de l’institut de sondage Ifop.
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