P.Armi les (rares) échecs, erreurs ou regrets concédés par le président de la République dans le long entretien qu’il a accordé, le 5 mai, à La Tribune dimanche représente la retraite par points. « J’aurais aimé faire la réforme… La crise des « gilets jaunes » puis le Covid-19 nous en ont empêché »assure Emmanuel Macron, soulignant que le projet qu’il a défendu au début de son premier quinquennat était ” Plus difficile “ à réaliser que le report de l’âge de la retraite, qui a pourtant fait très mal démarrer son deuxième quinquennat.
Alors qu’il entame sa huitième année à l’Elysée, le chef de l’Etat, qui n’est pas naturellement enclin à l’autocritique, reconnaît ainsi le caractère traumatisant du tournant qu’il a opéré d’un mandat à l’autre et le coût politique qui en a résulté : la CFDT je me suis senti trahi; la gauche s’est unie contre le gouvernement en contestant unanimement la retraite à 64 ans ; l’aile social-démocrate de ce dernier cherche aujourd’hui derrière la figure de Raphaël Glucksmann une voie pour s’affranchir du macronisme sans tomber sous la coupe de Jean-Luc Mélenchon.
La liste de la majorité présidentielle en campagne pour les élections européennes du 9 juin se trouve ainsi considérablement affaiblie face à un Rassemblement national de plus en plus conquérant. L’exécutif ne s’est en réalité jamais remis de l’impopularité née du passage à 64 ans imposé à 49,3 au terme d’un mouvement social très suivi.
On connaît les raisons qui ont poussé Emmanuel Macron à abandonner le plan de retraite à points. La réforme a été bien plus complexe à mener que le rêve vendu lors de la campagne de 2017 qui consistait à promouvoir les notions d’émancipation et de libre choix. Elle a créé des gagnants, mais a aussi généré son lot de perdants, dont de plus en plus en ont pris conscience. La question de l’équilibre du système de retraite, qui ne se posait pas il y a sept ans, est également devenue plus prégnante après la crise liée au Covid-19.
Plus fondamentalement encore, le durcissement de la concurrence internationale, la crainte d’une perte massive de compétitivité sur le Vieux Continent, le niveau élevé des déficits publics ont poussé l’Elysée à mettre la conquête de nouveaux droits au profit d’une antienne qui résume la tonalité du deuxième quinquennat : pour sauver le modèle social, il faut augmenter le volume de travail.
La social-démocratie vidée de sa substance
Le tournant du deuxième quinquennat n’a pas seulement réduit la base électorale de la majorité. Cela a également ramené les syndicats à leur état d’extrême faiblesse. Le nombre réduit de manifestants, mercredi 1euh En mai (121 000 recensés par la police, alors qu’il y en avait 800 000 un an plus tôt), la réapparition de la désunion syndicale alors que le mouvement social avait eu pour effet de créer un puissant élan de cohésion a mis les différents centres face à la dure réalité. Incarner, diriger, encadrer un mouvement social d’envergure ne suffit pas pour peser dans le jeu social national alors qu’à peine 10 % des travailleurs sont syndiqués.
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