Le grand jour est arrivé début janvier. Sahra Wagenknecht a fondé son propre parti, l’« Alliance Sahra Wagenknecht – Pour la raison et la justice ». Mais la raison et la justice n’ont pas réussi à trouver leur place dans l’acronyme du parti, BSW (pour « Bündnis Sahra Wagenknecht »), preuve que tout dans ce nouveau parti tourne autour de sa fondatrice, qui ne manque jamais une occasion de se montrer devant les caméras.
Il existe bien sûr des précédents. En 2017, un dissident écologiste autrichien a fait sécession pour fonder un parti à son nom, la Liste Peter Pilz. Trumpisme, péronisme, macronisme, gaullisme… au cours de l’histoire, plusieurs chefs d’État ont même réussi à léguer leur nom à un mouvement politique. Mais c’est probablement la première fois qu’un parti construit son programme autour d’une personnalité, fusionnant ainsi son fondateur et sa ligne politique.
Première élection et premier succès
C’est ce qu’on appelle une ascension fulgurante. En l’espace de six mois, la plus célèbre des opposantes allemandes, ancienne cheffe de file du parti de gauche Die Linke au Bundestag, qu’elle a finalement quitté (l’an dernier) après des années d’éloignement, est devenue la personnalité la plus influente de la scène politique nationale.
Lors de ses premières élections européennes, le BSW a remporté 6,2 % des voix, devançant le Parti libéral-démocrate (FDP) et Die Linke. Compte tenu de ses bons résultats aux élections régionales, en Saxe et en Thuringe, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) n’aura peut-être d’autre choix que de s’allier au BSW pour empêcher l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) d’accéder aux gouvernements locaux.
En affichant sa volonté de rejoindre un éventuel gouvernement de coalition au niveau régional, Sahra Wagenknecht a transformé ces élections en un référendum sur le soutien ou l’opposition à la coalition (des sociaux-démocrates, des verts et des libéraux) au pouvoir à Berlin.
Car les conditions qu’elle a posées concernent toutes la vie politique fédérale : s’ils veulent compter sur le soutien de son parti, les gouvernements régionaux devront s’opposer au stationnement prévu de missiles de croisière américains sur le territoire allemand et suspendre l’aide militaire à l’Ukraine. La cheffe du BSW est un véritable aimant qui attire sans distinction les antimilitaristes, les admirateurs de la Russie et tous ceux qui ne s’intéressent pas beaucoup à la situation géopolitique internationale.
La plupart des Allemands sont critiques à l’égard du projet de déploiement de missiles américains sur leur sol, d’autant plus que l’accord a été conclu en marge d’un sommet de l’OTAN. Beaucoup souhaitent également une réduction du soutien militaire à Kiev. Ils veulent qu’on les laisse en paix, dans tous les sens du terme.
Mais pas seulement par conviction pacifiste. Un certain nombre d’Allemands craignent de voir leur pays s’engager dans un conflit géopolitique, voire, à terme, dans une guerre ouverte. Ils ne veulent pas non plus financer cette guerre qui n’est pas la leur, mais celle de l’OTAN.
Si le discours de Sahra Wagenknecht est si séduisant, c’est parce qu’une partie
Le grand jour est arrivé début janvier. Sahra Wagenknecht a fondé son propre parti, l’« Alliance Sahra Wagenknecht – Pour la raison et la justice ». Mais la raison et la justice n’ont pas réussi à trouver leur place dans l’acronyme du parti, BSW (pour « Bündnis Sahra Wagenknecht »), preuve que tout dans ce nouveau parti tourne autour de sa fondatrice, qui ne manque jamais une occasion de se montrer devant les caméras.
Il existe bien sûr des précédents. En 2017, un dissident écologiste autrichien a fait sécession pour fonder un parti à son nom, la Liste Peter Pilz. Trumpisme, péronisme, macronisme, gaullisme… au cours de l’histoire, plusieurs chefs d’État ont même réussi à léguer leur nom à un mouvement politique. Mais c’est probablement la première fois qu’un parti construit son programme autour d’une personnalité, fusionnant ainsi son fondateur et sa ligne politique.
Première élection et premier succès
C’est ce qu’on appelle une ascension fulgurante. En l’espace de six mois, la plus célèbre des opposantes allemandes, ancienne cheffe de file du parti de gauche Die Linke au Bundestag, qu’elle a finalement quitté (l’an dernier) après des années d’éloignement, est devenue la personnalité la plus influente de la scène politique nationale.
Lors de ses premières élections européennes, le BSW a remporté 6,2 % des voix, devançant le Parti libéral-démocrate (FDP) et Die Linke. Compte tenu de ses bons résultats aux élections régionales, en Saxe et en Thuringe, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) n’aura peut-être d’autre choix que de s’allier au BSW pour empêcher l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) d’accéder aux gouvernements locaux.
En affichant sa volonté de rejoindre un éventuel gouvernement de coalition au niveau régional, Sahra Wagenknecht a transformé ces élections en un référendum sur le soutien ou l’opposition à la coalition (des sociaux-démocrates, des verts et des libéraux) au pouvoir à Berlin.
Car les conditions qu’elle a posées concernent toutes la vie politique fédérale : s’ils veulent compter sur le soutien de son parti, les gouvernements régionaux devront s’opposer au stationnement prévu de missiles de croisière américains sur le territoire allemand et suspendre l’aide militaire à l’Ukraine. La cheffe du BSW est un véritable aimant qui attire sans distinction les antimilitaristes, les admirateurs de la Russie et tous ceux qui ne s’intéressent pas beaucoup à la situation géopolitique internationale.
La plupart des Allemands sont critiques à l’égard du projet de déploiement de missiles américains sur leur sol, d’autant plus que l’accord a été conclu en marge d’un sommet de l’OTAN. Beaucoup souhaitent également une réduction du soutien militaire à Kiev. Ils veulent qu’on les laisse en paix, dans tous les sens du terme.
Mais pas seulement par conviction pacifiste. Un certain nombre d’Allemands craignent de voir leur pays s’engager dans un conflit géopolitique, voire, à terme, dans une guerre ouverte. Ils ne veulent pas non plus financer cette guerre qui n’est pas la leur, mais celle de l’OTAN.
Si le discours de Sahra Wagenknecht est si séduisant, c’est parce qu’une partie