Qorsqu’il ouvrira son huitième « Desert Davos » à Riyad le 29 octobre, le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed bin Salman (« MBS ») offrira un bon spectacle. Ce forum, voué à donner l’image d’un royaume entreprenant et ouvert aux investisseurs, se tiendra cependant dans un contexte difficile. Son activité est moins florissante, en raison d’une baisse du prix du Brent, tombé à 70 dollars (63 euros) le baril. Pourtant, Riyad a besoin de 100 dollars pour équilibrer un budget qui finance à la fois de généreuses aides sociales et le plan Vision 2030, destiné à libérer le pays de sa dépendance à l’or noir.
Fini les restrictions de production décidées fin 2022 par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), associée à la Russie au sein de l’OPEP+. Une année marquée par le début de la guerre en Ukraine, où les prix s’établissent en moyenne à 99 dollars. L’année suivante, la forte contraction de l’activité pétrolière, qui fournit 70 % des recettes de l’État, plonge le pays dans la récession. « Les Saoudiens sont prêts à abandonner leur cible (non officiel) de 100 dollars le baril et augmenter la production »a révélé le Temps Financier à partir du 27 septembre. Objectif : passer de 9 millions de barils par jour à 10 millions fin 2025, puis à 12 millions en 2028, et reconquérir les parts de marché perdues, au profit notamment des Etats-Unis.
Les marchés sont certes attentifs à une escalade au Moyen-Orient. Après l’élimination du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, un conflit ouvert entre Israël et l’Iran menacerait les approvisionnements en pétrole et ferait monter les prix en flèche. Mais depuis un an, ils réagissent moins à la guerre à Gaza – et maintenant au Liban – qu’à la croissance atone de la Chine, premier importateur mondial de pétrole brut. Et les fondamentaux sont solides, l’Agence internationale de l’énergie prévoyant un excédent de marché en 2025.
Il ne s’agit pas du « crépuscule dans le désert » prédit il y a vingt ans, lorsque l’on spéculait aux États-Unis sur la réalité des réserves d’or noir du royaume wahhabite. Il possède un puissant fonds souverain et une société pétrolière (Saudi Aramco) évaluée à 1 350 milliards de dollars. Sa dette pèse 27% du produit intérieur brut et sa signature d’emprunteur est reconnue. « MBS » doit freiner les projets pharaoniques, mais sous l’égide de l’hôtel Ritz-Carlton, il pourra confirmer à Larry Fink (BlackRock) ou David Solomon (Goldman Sachs) que la lente sortie du pétrole est bien entamée.
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