INTERNATIONAL – Pas de miracle. Les partis indépendantistes, qui dirigent la Catalogne depuis une décennie, ont perdu leur majorité ce dimanche 12 mai, lors d’élections régionales remportées par les socialistes du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez dans cette région, théâtre d’une tentative de sécession en 2017.
Après le dépouillement de plus de 98% des suffrages, les trois groupes séparatistes dont Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne) de Carles Puigdemont et ERC (Gauche républicaine de Catalogne) de l’actuel président régional Pere Aragonès, ont obtenu 59 sièges.
La majorité est fixée à 68 sièges dans un parlement qui en compte 135. Lors des dernières élections régionales de février 2021, ces trois partis en ont obtenu 74.
Coalition à venir
Les socialistes de Pedro Sánchez ont remporté 42 sièges, soit neuf de plus qu’en 2021, et ont réussi à montrer que le sentiment séparatiste était au point mort en Catalogne, plus de six ans après la tentative de sécession d’octobre 2017, l’une des pires crises connues par l’Espagne contemporaine.
Mais leur candidat Salvador Illa, ancien ministre de la Santé pendant la pandémie de Covid 19, devra trouver des partenaires pour articuler une majorité. En 2021, il avait déjà remporté les élections régionales mais n’avait pas pu être installé comme président régional, dans un parlement majoritairement indépendantiste.
L’hypothèse la plus citée par les analystes est une alliance avec l’extrême gauche, qui gouverne en Espagne avec Pedro Sánchez, et avec l’ERC, le parti le plus modéré parmi les séparatistes, qui a perdu beaucoup de terrain lors de ce scrutin. A eux deux, ces partis disposeraient à peine d’une majorité absolue de 68 sièges.
Bouffée d’air frais pour Sánchez
Pedro Sánchez avait fait de cette élection un enjeu central de son mandat afin de prouver que la politique de détente qu’il mène en Catalogne depuis son arrivée au pouvoir en 2018 a porté ses fruits et a conduit à une réduction du sentiment séparatiste dans cette région de huit millions d’habitants. qui est l’un des moteurs économiques et industriels du pays.
Cette victoire socialiste est aussi une bouffée d’oxygène pour le Premier ministre, dont le mandat a été fragilisé par l’ouverture d’une information judiciaire contre son épouse, devant laquelle il envisageait de démissionner il y a quinze jours.
Déterminé à « guérir les blessures » ouvert par le “crise politique” de 2017, Pedro Sánchez a gracié en 2021 les dirigeants indépendantistes condamnés à la prison et a accepté l’année dernière de voter une loi d’amnistie pour tous les séparatistes poursuivis par la justice, en échange du soutien de leurs partis à son renouvellement pour un nouveau mandat de quatre ans.
Cette amnistie doit être définitivement votée par les députés dans les prochaines semaines et permettre le retour en Catalogne de Carles Puigdemont, leader de la tentative de sécession qui a fui la région en 2017 pour s’installer en Belgique afin d’échapper aux poursuites judiciaires.
Quel avenir pour Carles Puigdemont ?
Toujours sous mandat d’arrêt en Espagne, Carles Puigdemont a fait campagne depuis le sud de la France et a joué gros lors de ce scrutin. Il a assuré qu’il se retirerait de la politique locale s’il ne parvenait pas à reconquérir le siège de président de région qu’il occupait en 2017. Les indépendantistes étaient au pouvoir depuis 2010.
Ces élections ont également été marquées par l’émergence d’une nouvelle formation séparatiste d’extrême droite, l’Alliance catalane, qui a remporté 2 sièges mais avec laquelle les autres formations séparatistes ont assuré ne pas vouloir s’allier.
Le Parti populaire (PP) conservateur a fait une percée dans la région en obtenant 15 sièges contre 3 en 2021 tandis que le parti d’extrême droite Vox tient bon avec 11 sièges.
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