En Creuse, le plus vieux département de France, le pari du repeuplement

Loin des métropoles et des littoraux surpeuplés, la Creuse se vide peu à peu. Elle compte aujourd’hui 115 700 habitants, dont 30 % ont plus de 65 ans, ce qui lui confère le titre peu enviable de plus vieux département de France. Les moins de 25 ans ne représentent que 20 % de la population. Beaucoup partent pour étudier, mais peu reviennent ensuite, malgré une qualité de vie vantée par les locaux : des forêts à perte de vue, des lacs, un riche patrimoine historique, et des prix de l’immobilier très attractifs.

La Creuse est le département le moins cher de France, devant l’Indre, selon l’agence Meilleurs Agents. On peut y acheter une maison pour 856 euros le mètre carré – à condition de l’aimer “dans son jus” et de ne pas être trop pointilleux sur l’isolation, chuchote-t-il. “ Le Covid a eu un petit effet, de nombreuses personnes sont venues s’installer dans leurs résidences secondairesnote la préfète, Anne Frackowiak-Jacobs. Mais il en resta peu… » Et les prévisions ne sont guère optimistes : en 2040, le département ne comptera plus que 104.000 habitants, selon les projections de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Car attirer sur un territoire une population nouvelle, capable de relancer la natalité et d’inverser la courbe démographique, n’est pas seulement une question de prix de l’immobilier. Il faut aussi des emplois, des écoles, des transports rapides et fiables, une offre de loisirs variée… Mais en matière de transports, la Creuse n’a pas bénéficié de “l’effet TGV” qui a dopé d’autres départements. La ligne POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse), qui dessert seule La Souterraine, est même connue pour ses retards dus à un matériel roulant obsolète. La SNCF a promis une amélioration, mais pas avant 2026…

Le recrutement, un numéro de haute voltige

En termes d’emploi, le tableau n’est guère plus reluisant. Entre 2009 et 2019, le département a perdu 2 700 emplois (-0,6 %), contrairement à la tendance de la région Nouvelle-Aquitaine (+0,7 % par an), selon les données de l’Insee. A La Souterraine, le sous-traitant automobile GM&S, longtemps l’un des principaux employeurs du département, a été racheté par le groupe GMD, avec deux fois moins de salariés. Plus loin dans le temps, l’usine Philips Eclairage d’Aubusson a fermé ses portes en 1988, alors qu’elle faisait vivre une grande partie de la ville, avec ses 570 salariés. Résultat, le secteur public au sens large (administrations, hôpitaux, médico-social, etc.) est devenu le premier employeur local. « Les emplois liés à la formation et à l’éducation sont en déclin, tandis que ceux liés au travail social et à la santé sont en augmentation.décrypte Arnaud Brennetot, professeur de géographie politique à l’université de Rouen-Normandie. « Le vieillissement génère en lui-même une activité économique. »

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