Dans le Sud-Ouest, principalement en Haute-Garonne, la colère s’est apaisée, mais la fièvre monte dans les écuries ou les bergeries. Celles qui frappent les animaux avec la propagation de la maladie hémorragique épizootique (EHD) ou de nouveaux variants de la fièvre catarrhale (BFT). A Saint-Gaudens, le week-end du 20 septembre s’est tenu le salon Les Pyrénéennes, une manifestation triennale qui voit plus de 100 000 visiteurs.
Au stand « Ultras de l’A64 », on fait le point sur une année de colère. Cette association, forte de ses 400 adhérents, a été à l’origine des barrages autoroutiers mis en place non loin de là, fin février. Jérôme Bayle, son leader emblématique, et ses amis, pour la plupart éleveurs de bovins et de céréales, formulent plusieurs revendications. «On peut dire aujourd’hui que nous avons été entendus», estime Bertrand Loup, l’un d’entre eux. « Nos revendications portaient sur le remboursement des frais liés au MHE, la baisse du prix du gazole non routier, la possibilité de construire de petits réservoirs d’eau »précise l’éleveur de blondes d’Aquitaine.
Sur tous ces points, le collectif a obtenu gain de cause. Le fonds d’urgence débloqué par l’État, de 50 millions d’euros au niveau national, a permis de couvrir les frais et les vaccins ; le prix du GNR a baissé de près de 40 centimes, “même si c’est encore environ un euro au-dessus de nos voisins espagnols”, précise M. Wolf.
En Occitanie, les agriculteurs ont également obtenu le lancement d’études pour la construction d’une centaine de petits réservoirs d’eau. “Gabriel Attal (alors premier ministre) nous l’avait promis lors de sa venue sur les barrages, le gouvernement a tenu parole, mais nous restons très vigilants sur les autres dossiers », avance Jérôme Bayle. Le 3 juillet, les Ultras de l’A64 avaient également bloqué tous les accès routiers vers l’Espagne, le long de la chaîne des Pyrénées.
« Trouver des systèmes durables »
Les revendications portaient sur l’harmonisation des normes européennes. “On le sait, tout se décide à Bruxelles” confirme Bertrand Loup, qui dénonce l’arrêt du versement des primes de la PAC datant de 2023 ou les dangereuses négociations sur le Mercosur, ce traité de libre-échange avec l’Amérique du Sud, “ce qui nous mettrait dans une position de faiblesse lorsqu’il s’agirait d’importer de la viande d’Argentine, par exemple.”
Des arguments repris par Sébastien Albouy, 34 ans, le tout jeune président de la Chambre d’agriculture de Haute-Garonne. “Oui, les blocages ont permis d’obtenir des avancées et des solutions immédiates, dit-il. Mais notre rôle, en tant qu’organisme consulaire, est de penser sur le long terme, de trouver des systèmes pérennes. » Ce syndicaliste affilié aux Jeunes agriculteurs (JA) s’inquiète surtout de l’avancée du projet de loi de programmation agricole future, dite PLOA. “C’est en stand-by, nous attendons évidemment les décisions de la nouvelle ministre Annie Genevard, mais nous travaillons sur trois axes principaux, qui figuraient déjà dans les revendications du printemps”, précise M. Albouy.
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