En Hongrie, Xi Jinping célèbre les relations “à leur apogée” et interpelle l’UE

Le président chinois Xi Jinping et son épouse Peng Liyuan à leur arrivée à l’aéroport de Budapest, le 8 mai 2024 en Hongrie (Szilard KOSZTICSAK)

Après Paris et Belgrade, le président chinois Xi Jinping a salué jeudi la force des liens unissant son pays à la Hongrie, dernière étape de sa tournée européenne, entre coopération économique florissante et convergence de vues sur l’offensive russe en Ukraine.

Après un défilé militaire aux côtés du chef de l’Etat hongrois Tamas Sulyok, il s’est réuni au monastère des Carmes, résidence du Premier ministre, pour rencontrer Viktor Orban et faire une déclaration à la presse.

Pour cette visite qualifiée d'”historique” par Budapest, la capitale décorée aux couleurs de la Chine a été placée sous haute sécurité et les rares drapeaux déployés par les manifestants tibétains ont été soigneusement cachés à la vue du président chinois.

“Les relations sino-hongroises sont à leur apogée” en 75 ans d’histoire, s’est félicité Xi Jinping, selon un rapport des autorités chinoises.

Avant son arrivée, il les avait comparées à une “croisière en or”, dans une tribune publiée par le journal pro-pouvoir Magyar Nemzet.

« Nous avons défié ensemble l’ordre géopolitique dans un contexte international instable », traçant notre chemin « en tant qu’États souverains en totale indépendance », a-t-il écrit.

– 16 accords –

Un clin d’œil à la stratégie du cavalier seul menée par le Premier ministre Viktor Orban au sein de l’Union européenne.

Tout en se bousculant avec Bruxelles, le leader nationaliste s’est résolument tourné vers l’Est ces dernières années. Et lorsque Bruxelles a pris ses distances avec Pékin, elle a au contraire renforcé ses liens, rejetant l’affrontement idéologique des « blocs ».

Ce séjour de près de trois jours est l’occasion de “porter notre partenariat stratégique vers de nouveaux sommets”, a déclaré le chef de l’Etat chinois, des échanges culturels à la coopération économique, alors que la superpuissance asiatique est devenue l’an dernier le premier investisseur en Hongrie.

Pour Viktor Orban, c’est une réussite diplomatique. Le choix fait par Xi Jinping de se rendre à Paris et Budapest au sein de l’UE “montre l’importance que prend la Hongrie sur la scène internationale”, s’est félicité son chef de cabinet Gergely Gulyas.

Budapest a déjà annoncé la signature d’au moins 16 accords, dans les domaines des infrastructures ferroviaires et routières, de l’énergie nucléaire ou encore de l’automobile.

Dans tout le pays, les usines de batteries et de voitures électriques connaissent une croissance impressionnante, nécessitant des investissements de plusieurs dizaines de milliards d’euros.

De quoi susciter les inquiétudes de l’opposition qui dénonce l’opacité autour des contrats, l’impact environnemental des usines et la corruption, les constructions enrichissant, selon elle, “le cercle d’Orban”.

– Message à l’UE –

Accueilli lundi sous les ors de l’Elysée à Paris, Xi Jinping a eu des échanges “francs” avec le président français Emmanuel Macron sur les différends commerciaux Chine-Europe ou encore les liens Pékin-Moscou, perçus avec méfiance par les Occidentaux sur fond de guerre en Ukraine.

Mais lors de cette dernière étape hongroise, les médias ont été tenus à l’écart et il n’y a eu aucun sujet de colère.

Car Pékin et Budapest sont sur la même longueur d’onde, plaidant pour un règlement pacifique en Ukraine tout en restant proches du Kremlin.

Xi Jinping aime mettre en avant cet allié européen, sa visite “symbolisant les efforts de la Chine pour établir une voix dissidente dans les discussions avec l’UE et affaiblir l’unité du bloc”, estime Claus Soong, analyste à l’Institut Mercator basé à Berlin.

Aux abords du monastère des Carmélites, avec vue sur le Danube, de nombreux touristes, lunettes de soleil aux yeux, sont surpris par le dispositif de sécurité poussé, la police bloquant l’accès au site.

« Ah ! Le prince de Chine est là ! », réagit avec un sourire un visiteur israélien, déçu de ne pas pouvoir prendre le funiculaire qui monte au château de Buda.

Dans les rues environnantes, une poignée de manifestants avaient endossé le costume de Winnie l’ourson, le dirigeant chinois étant souvent moqué pour sa ressemblance physique, selon certains, avec le célèbre personnage de dessin animé amoureux du miel.

burs-anb-ehl/bg/ybl

Anna

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