La saison de chasse à l’orignal avec des armes à feu, qui a ouvert ses portes dans certaines régions le week-end dernier, sera très différent pour de nombreux fans qui ont vu leurs camps entièrement incendiés lors des incendies de forêt historiques de cet été.
« C’est sûr qu’il va y avoir des émotions pendant la chasse cette année. Ce sera complètement le contraire de ce qu’on avait avant, mais on retrousse nos manches», raconte avec émotion Éric Lavoie, dont le camp de chasse situé à Desmeloizes, près de La Sarre, a été complètement détruit.
L’état du camp de chasse d’Éric Lavoie à Desmeloize après les feux de forêt historiques de cet été.
Photo fournie par Éric Lavoie
Ce dernier amènera donc une remorque qu’il installera un peu plus loin et devra voyager matin et soir en VTT entre celle-ci et son lieu de chasse.
Situation similaire pour Jeanne Neveu-Delage, dont le camp de chasse qu’elle avait avec son conjoint depuis plus de 10 ans sur le territoire du Lac Bill, au nord de Normétal en Abitibi-Témiscamingue, a été complètement rasé par les flammes.
Nouvelle installation temporaire de Jeanne Neveu-Delage au nord de Normétal pour la chasse cette année, après que son camp de chasse ait été réduit en cendres suite aux feux de forêt de cet été.
Photo fournie par Jeanne Neveu-Delage
Ils ont cependant réussi à construire un abri temporaire qu’ils pourront utiliser en attendant de reconstruire leur petit coin de paradis.
« Pour nous, la chasse est vraiment une affaire de famille, donc ce ne sera certainement pas la même chose. On ne pourra pas faire venir autant de monde et on ne pourra peut-être pas rester aussi longtemps donc c’est forcément difficile », explique le chasseur.
« Le père de mon compagnon est aveugle et le camp était complètement adapté pour lui, donc ce sera certainement plus compliqué pour lui », ajoute-t-elle.
Jeanne Neveu-Delage, ici avec son beau-père, Guy Bluteau, devant ce qui reste de son camp de chasse. | Photo fournie par Jeanne Neveu-Delage
Photo fournie par Jeanne Neveu-Delage
Une chasse incertaine
Même s’ils pourront encore réaliser des captures, les chasseurs doivent s’attendre à une saison moins réussie en raison des violents incendies.
M.moi Neveu-Delage craint que la présence d’entreprises forestières qui collectent le bois brûlé et créent de nouveaux sentiers nuisent aux animaux en raison du bruit et de l’environnement changeant.
« Est-ce que la chasse va être bonne ? On le saura en temps voulu, mais c’est sûr que c’est une crainte », confie le passionné de ce sport.
L’orignal demeure toujours l’animal le plus convoité par de nombreux chasseurs de gros gibier au Québec. Les réserves fauniques sont des zones privilégiées à contrecarrer.
Photo d’archive
«C’est notre viande de l’année. Les produits alimentaires sont de plus en plus chers et ne sont pas non plus de la même qualité. Nous faisons notre propre boucherie et nous savons que nous mangeons une viande de qualité. C’est sûr qu’on peut aller à l’épicerie, mais c’est loin d’être la même chose tant sur le plan économique que sur le plan de notre santé », ajoute-t-elle.
Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre le changement climatique, de la Faune et des Parcs précise cependant qu’il est encore trop tôt pour évaluer tous les effets des incendies de forêt sur la saison de chasse. élan.
Certains effets sont toutefois à considérer dans les secteurs fortement touchés par les incendies.
«La relocalisation des animaux à l’extérieur des zones fortement touchées est un autre impact potentiel qui pourrait avoir pour effet de réduire le succès de chasse des chasseurs dans les zones brûlées», a déclaré par courriel Daniel Labonté, attaché de presse du ministère.
Plus qu’un camp
Pour de nombreux chasseurs, leur campement n’est pas seulement un lieu de chasse, mais aussi une boîte à souvenirs.
Le petit coin de paradis d’Éric Lavoie, son camp de chasse à Desmeloize, avant qu’il ne soit réduit en cendres lors des feux de forêt historiques de cet été.
Photo fournie par Éric Lavoie
«C’était incroyable les souvenirs que nous avions là-bas. Ma fille commençait à marcher et elle était avec nous au camp, aujourd’hui elle a 25 ans. C’est une tonne de photos et de souvenirs qui ont disparu», raconte Éric Lavoie.
« Reconstruire le camp est une chose, mais reconstruire tous ces souvenirs, je ne pense pas que je vivrai assez longtemps pour cela », a-t-il ajouté.
Feux de forêt en 2023
Depuis les années 1970, le Québec n’avait jamais vu brûler plus de deux millions d’hectares de forêt en une seule année sur son territoire.
En 2023, une superficie faramineuse de 5,2 millions d’hectares partira en fumée, ce qui représente un territoire un peu plus grand que le Costa Rica, soit plus de 100 fois l’île de Montréal.
Selon les dernières statistiques du ministère de la Sécurité publique, plus de 25 000 personnes ont été évacuées depuis le 1er juin, certaines à plusieurs reprises.
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