En Martinique, les routiers bloquent l’île face à la vie chère

Article rédigé par

Robin Prudent – envoyé spécial en Martinique

France Télévisions

Publié


Temps de lecture : 3 min

Après les chauffeurs de taxi et les petits commerçants, c’est désormais au tour des chauffeurs de camions de rejoindre le mouvement. Un appel à la grève dans de nombreux secteurs a également été lancé.

Des concerts de klaxons un peu partout sur l’île. Plusieurs dizaines de routiers ont lancé une grande opération ralentisseur en Martinique, mardi 24 septembre, pour se joindre au grand mouvement de protestation contre la vie chère qui secoue la Martinique depuis plusieurs semaines. Dès 5 heures du matin, les camions ont bloqué plusieurs routes en direction de Fort-de-France, où ils doivent se retrouver en fin de matinée, près de la préfecture. « C’est la seule façon de se faire entendreexplique Roland, chauffeur de camion. Nous avons le même problème que tout le monde ici : le coût de la vie élevé.

Au bord de la route nationale 2, à hauteur de Case-Pilote, une dizaine de conducteurs sont sortis de leurs camions pour bloquer la circulation. Comme eux, trois autres convois se sont élancés, très lentement, depuis différentes villes de l’île. « Tout le monde doit se mobiliser ! » dit Gary, 40 ans, dont la moitié a été camionneur. « Même les pêcheurs, ils peuvent venir avec leur bateau pour bloquer les routes de l’île s’ils le souhaitent »dit en riant l’un de ses collègues.

Outre les prix alimentaires, en moyenne 40% plus chers qu’en France métropolitaine selon l’Insee, les routiers alertent également sur les dépenses liées aux voitures et aux camions. « Le prix des pneus augmente tous les six mois »s’inquiète un automobiliste. Le budget que les Martiniquais consacrent à leur véhicule est de 28 à 46% plus élevé qu’en métropole, selon une étude de 2015. « Je voulais avoir un autre enfant, mais j’hésite maintenant »dit un chauffeur en souriant, avant de monter dans sa cabine.

Alors que les embouteillages s’allongent le long de la route côtière, l’ambiance reste bon enfant. Des klaxons de soutien se font entendre régulièrement. « Nous ne sommes pas contre le peuple. Nous le laissons passer de temps en temps »explique un militant, installé au bord de la route.

« Personne ne se plaint, car les gens savent que nous faisons cela pour eux. »

Un chauffeur de camion participant à l’opération de ralentissement

à franceinfo

Plusieurs véhicules arborent également un ruban rouge, symbole de ralliement du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes (RPPRAC). Ce mouvement citoyen a organisé de nombreux rassemblements contre la vie chère en Martinique. « Nous démontrons que tout le peuple se soulève contre la vie chère »se réjouit son président, Rodrigue Petitot, coiffé d’un chapeau rouge.

« Les chauffeurs se sont ralliés spontanément à la cause. Chaque jour, la lutte s’intensifie. »

Rodrigue Petitot, président du RPPRAC

à franceinfo

La semaine dernière, les chauffeurs de taxi avaient déjà lancé une grande opération ralentie sur les routes de l’île en soutien au mouvement. Même constat chez les petits commerçants de Fort-de-France, qui avaient gardé leurs volets clos, ainsi que chez les employés des transports en commun, eux aussi mobilisés. « Ce sera pire qu’en 2009 »prédit un chauffeur de camion. Cette année-là, une grève générale avait paralysé l’île pour exiger, déjà, des mesures contre la vie chère.

Reste à savoir comment les syndicats comptent se mobiliser dans ce mouvement, dont ils ne sont pas à l’origine. De son côté, la Confédération générale du travail de la Martinique (CGTM) a déposé un préavis de grève illimitée à compter du jeudi 26 septembre. Il concerne notamment le secteur de la santé, l’ensemble des collectivités territoriales de Martinique et le secteur privé.

Face au risque de paralysie, la préfecture de Martinique a décidé de donner un nouveau souffle au processus de négociation. Le RPPRAC, qui réclamait la possibilité de filmer et de diffuser en direct les tables rondes, a annoncé mardi avoir partiellement obtenu gain de cause. Une partie des débats sera donc diffusée en direct et l’autre partie sera retransmise par la suite. « Nous voulons que les gens puissent suivre les débats »insiste Rodrigue Petitot, entre deux camions, son téléphone constamment connecté à TikTok. « Aucune négociation ne peut avoir lieu sans le peuple. »

Elise

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