Categories: Divertissement

en mémoire de sa mère, Karim Aïnouz filme la découverte de l’Algérie par son père

En se rendant en Algérie, pays où est né son père, Karim Aïnouz fait un voyage qu’il aurait voulu entreprendre avec sa mère Iracema. Son film est une lettre vibrante au défunt, le récit d’un étonnant retour aux sources.

France Télévisions – Culture Edito

Publié


Temps de lecture : 3 minutes

Après le décès de sa mère, le cinéaste brésilien Karim Aïnouz part en Algérie, pays natal de son père. Son journal de bord est un documentaire, Marin de montagneen salles le 17 avril. C’est en bateau qu’il a choisi de se rendre en Algérie, pays qu’il découvre pour la première fois de sa vie, à l’âge de 54 ans.

Lorsque le documentaire démarre, il ressemble presque à ces films de vacances, reconnaissables à leurs plans chaloupés. Karim Aïnouz, qui raconte son parcours et ses émotions, orchestre habilement son absence à l’écran, tandis que sa voix est omniprésente. Peut-être parce qu’il n’est pas nécessaire de le voir lorsque le cinéaste dévoile son âme. Les photos de ses objets personnels dans sa chambre d’hôtel sont autant de traces d’une présence qu’Aïnouz s’efforce de reléguer au second plan. Le sujet principal étant cette Algérie qu’il aurait dû découvrir avec sa mère Iracema, une Brésilienne de Fortaleza et spécialiste des algues rouges.

Dans Marin de montagnetout remonte à Iracema, le véritable interlocuteur de Karim Aïnouz. Il lui raconte son arrivée par la mer, solution qu’il n’aurait pas choisie si elle l’avait accompagné. Iracema est partout dans les images, filmées à tout âge, dans les photos et surtout dans sa mémoire.

Son père, grande absence de sa vie, occupe tout autant l’esprit de Karim Aïnouz. La rencontre américaine de ses parents lui a valu son existence, mais l’idylle entre Majid, “l’ancêtre”et Iracema fait partie de ces histoires d’amour qui finissent mal.

Une explosion de couleurs

Le film d’Aïnouz est un document formellement riche car il rassemble des images filmées et des clichés, rendus tout aussi dynamiques que le premier. A l’écran, le spectateur peut percevoir toute la virtuosité du plasticien Karim Aïnouz. Le cinéaste semble avoir combiné toutes les nuances que l’on peut donner à une image. Sépia, noir et blanc, couleurs saturées, nuances monochromes comme le rouge, un clin d’œil sans doute à cette algue qu’étudiait sa mère et qui transforme « Alger, le blanc » en « Alger, le rouge ». Tout est là, en termes de coloration et de photographie, pour donner une identité unique au film et en faire une véritable expérience visuelle.

Aïnouz prend même le temps de s’offrir un peu de fiction lorsqu’il met en scène une légende kabyle que lui a racontée sa petite cousine Inès, rencontrée à Taguemont Azouz, le village natal de son père en Kabylie. En lettres rouges est alors écrite, en tifinagh (caractères avec lesquels s’écrit le kabyle), une nouvelle de la mythologie locale.

La fièvre de l’absence

De ce voyage qui semble l’obséder depuis l’âge de 8 ans, Karim Aïnouz parvient à reconstituer une histoire de l’Algérie. Celle d’un peuple qui s’est battu dans le sang pour acquérir son indépendance et dont la jeunesse, comme son père, a fait de la révolution un leitmotiv. Mais aussi d’un Etat, aujourd’hui riche en revenus pétroliers, qui peine pourtant à donner un horizon à ces jeunes dont certains regardent la mer, à longueur de journée, rêvant d’un hypothétique ailleurs.

Marin de montagne s’apparente aussi à l’histoire du quotidien, celle d’hommes et de femmes rencontrés dans les rues et qui vaquent à leurs occupations, au son des bruits de la mer ou du téléphérique. Au cours de ses pérégrinations, Karim Aïnouz croisait un boucher dans son décor rouge, des jeunes qui dansaient la nuit ou encore des visages passant, parfois méfiants, dans les cafés. Tous ces gens, dont les portraits ponctuent son film, lui ont donné le sentiment d’être enfin chez lui, là où Aïnouz n’est plus un nom imprononçable. Mais cet apaisement, semble-t-il, fut temporaire, ne lui épargnant pas une forme de calenture, cette fièvre que connaissent bien les marins.

La feuille

Genre : documentaire
Directeur: Karim Aïnouz
Acteurs: Karim Aïnouz
Pays : Brésil, France
Durée : 1h37
Sortie : 17 avril 2024
Distributeur : Des films des deux rives

Synopsis: Accompagné du souvenir de sa mère décédée et de sa caméra, le réalisateur Karim Aïnouz entreprend pour la première fois un voyage intime dans le pays natal de son père, l’Algérie. Un journal intime filmé qui explore les thèmes de la famille, de l’amour et de la révolution, une histoire à la fois personnelle et politique.
Juliette

À chaque coup de stylo, créez des histoires captivantes. Découvrez des vérités cachées à la fois. 📝 🔍

Recent Posts

Barnier dévoilera son gouvernement

En proposant jeudi 19 septembre au président Emmanuel Macron une équipe gouvernementale, Michel Barnier a fait une « premier pas…

8 secondes ago

Saint-Etienne : sur quelle chaîne et à quelle heure peut-on regarder le match de Ligue 1 en direct ?

L'OGC Nice pointe à la douzième place de Ligue 1 McDonald's après 4 journées disputées avec 4 points au compteur.…

2 minutes ago

La nouvelle bande-son du Musée du quai Branly-Jacques Chirac fait chanter les collections

De l'Australie au Mexique, en passant par le Japon et le Cameroun, des sons venus des quatre coins du monde…

7 minutes ago

Pour Henri Guaino, le gouvernement de Michel Barnier « n’a aucune légitimité démocratique »

Alors que Michel Barnier a proposé ce jeudi 19 septembre les noms de 38 ministres à Emmanuel Macron, une figure…

8 minutes ago

Transferts : Avant l’OM, ​​Zidane a repoussé Rabiot !

Dan Marciano - Éditeur Titulaire d'un Master en droit international, j'ai réalisé à la fin de mon cursus universitaire qu'il…

9 minutes ago

Dans le monde de la culture, ce boycott d’Israël qui ne dit pas son nom

AAnnulation de la tournée de la Batsheva Dance Company en France en juin, déprogrammation d'un festival de cinéma israélien en…

10 minutes ago