En Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron donne un délai supplémentaire pour trouver « un accord global »

POLITIQUE – Délai supplémentaire. Le président de la République Emmanuel Macron, venu en Nouvelle-Calédonie dans un contexte éruptif, a annoncé ce jeudi 23 mai reporter  » quelques semaines «  le projet de réforme électorale, censé être soumis au Congrès fin juin. Ceci, après plusieurs jours d’émeutes sur fond de rejet du projet de révision constitutionnelle, au cours desquels six personnes ont été tuées.

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« Je m’engage à faire en sorte que cette réforme ne soit pas mise en œuvre en force aujourd’hui dans le contexte actuel et que nous nous donnions quelques semaines pour reprendre le dialogue en vue d’un accord global », a déclaré le Président de la République au terme d’une journée de rencontre avec tous les partis, loyalistes radicaux, modérés et séparatistes. Il n’a cependant pas réussi à les réunir tous autour d’une même table, preuve que le dialogue est loin d’être rétabli.

« Mon souhait est de pouvoir obtenir un arrêt des hostilités (…), la fin de l’état d’urgence, une reprise du dialogue et sur cette base, à ce moment-là, je serai le premier à proposer qu’on prenne plus de temps trouver un accord global »a-t-il assuré.

Un délai de  » quelques semaines «  Il était donc accordé de trouver, une fois le calme revenu, cet accord qui doit intégrer la question de l’électorat, mais aussi celles du partage des pouvoirs entre les provinces et l’État et celle de la citoyenneté. UN « mission de médiation et de travail » dirigé par trois hauts fonctionnaires Rémi Bastille, Frédéric Potier et Éric Thiers sera installé.  » L’Etat, à travers ces trois hauts responsables, jouera ici un rôle impartial pour permettre la reprise du dialogue et l’avancement des travaux. a déclaré le chef de l’Etat, qui prévoit un « mise à jour des progrès dans un mois ». Il plaide également pour que cet accord, s’il est conclu, soit soumis au vote des Calédoniens.

Jusque-là, le président de la République avait exprimé sa volonté de soumettre le projet de réforme électorale, adopté par le Parlement mi-mai, au Congrès d’ici fin juin. Ce retard marque donc un certain changement de ton, même si Emmanuel Macron ne s’est pas prononcé sur les suites qui seraient données en cas d’échec des discussions entre Calédoniens.

En revanche, il a catégoriquement exclu de revenir aux trois référendums d’autodétermination qui, en 2018, 2020 et 2021, ont tous abouti à la victoire du « non » à l’indépendance. Le résultat du troisième scrutin reste contesté par les indépendantistes qui, en pleine épidémie de Covid, avaient appelé leurs troupes à le boycotter.

« Ces référendums n’ont pas apporté la paix » relations, a souligné Emmanuel Macron. Néanmoins, « nous (eux) avons appliqué strictement, je veux le dire ici et le rappeler »il a insisté. « Nous avons suivi le chemin tracé mais nous n’avons pas suffisamment réfléchi au lendemain. » estime le président de la République.

Après près de dix jours d’émeutes, un léger retour au calme est constaté dans l’archipel mais celui-ci reste précaire, avec de nombreux barrages encore installés sur certaines routes.

Dès son arrivée à Nouméa, Emmanuel Macron a rendu hommage aux victimes et évoqué une « mouvement insurrectionnel absolument inédit » que « Personne n’a vu venir ce niveau d’organisation et de violence »suscitant quelques critiques de la part de l’opposition de gauche, opposée à la tenue du Congrès fin juin.

Emmanuel Macron a toutefois estimé que la prolongation de l’état d’urgence n’était pas nécessaire au-delà des 12 jours légaux, à condition que tous les barrières soient levées. « dans les prochaines heures ». 3 000 policiers ont été déployés, avec le renfort de 130 membres du GIGN et du RAID  » indispensable «  parce que « Plusieurs quartiers sont tenus par des émeutiers qui ont décidé d’adopter des techniques quasi-insurrectionnelles. » « Nous allons reprendre chaque quartier, chaque rond-point et chaque barrage pas à pas » a promis le président de la République.

Parallèlement, sur le plan économique, il a promis un « aide d’urgence » après les dégâts « colossal » causés par les émeutiers sur la vie des citoyens et des entreprises.

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