L’annonce du « mission de médiation et de travail »d’Emmanuel Macron, le 21 mai, composé de trois fonctionnaires, a poussé une poignée de Néo-Calédoniens à se rassembler pour créer le Collectif pays pour le dialogue (CPPLD). Ce mouvement souhaite rassembler des citoyens de sensibilités et d’horizons différents qui souhaitent œuvrer à renouer les fils du dialogue au sein de la société. « Quelle que soit la qualité des hommes, cette mission de hauts fonctionnaires nous a semblé sous-dimensionnée, pas à la hauteur des enjeux »résume Patrice Godin, anthropologue de l’Université de Nouvelle-Calédonie, membre du collectif aux côtés d’autres personnalités comme de simples citoyens.
Poser les bases de ce que pourrait être la reconstruction d’un modèle sociétal, « Nous devons écouter ce que les gens ont à dire. Si la solution vient encore d’en haut, nous répéterons les mêmes erreurs. »estime Thierry Carpin, un autre membre du CPPLD.
Dix jours seulement après le début de l’insurrection, le collectif emmenait son bâton de pèlerin pour se rendre aux barrages indépendantistes, aux barricades des « voisins vigilants », et plus généralement « partout où les gens voulaient nous rencontrer ». Alors que la situation était particulièrement tendue, le collectif s’est retrouvé seul à écouter et recueillir les sentiments de colère, de peur, de désespoir mais aussi d’espoir de la population. « C’est aussi le fait de n’avoir jamais tenu compte de ces paroles qui nous a conduit à cette catastrophe. Il faut sortir du tout institutionnel et du tout politique »souligne Didier Guénant-Jeanson, une ancienne figure syndicale, sortie de sa retraite pour participer au collectif.
Carnets de griefs
Les centaines d’entretiens, individuels ou collectifs, alimentent des listes de doléances qui dressent le panorama du ressenti des Néo-Calédoniens de tous bords et de toutes communautés. Ils mettent en avant quelques orientations, notamment la volonté de «continuons à construire ensemble»mais aussi un immense fossé entre les dirigeants politiques et la population.
Une fracture d’autant plus grande que la voix de la société civile dans les institutions est devenue quasiment inaudible ces dernières années. En 2021, la politisation du Conseil économique, social et environnemental de Nouvelle-Calédonie, avec la nomination de dirigeants de partis indépendantistes et non indépendantistes, à la place de représentants d’associations d’intérêt général apolitiques, a suscité de vives polémiques. Un constat qui fait dire au pasteur Var Kaemo, président de l’Église protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie, également membre du collectif, qu’il «manque de lieux pour des discussions sincères»croyant que “c’est le débat qui permet d’élever un peuple”.
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