En Nouvelle-Calédonie, le blocage de TikTok maintenu par le Conseil d’Etat

JUSTICE – Pour le moment, la situation reste la même concernant TikTok en Nouvelle-Calédonie. Le Conseil d’État « ne suspendez pas le blocage » du réseau social sur l’archipel. C’est ce qu’a décidé le gouvernement, qui met en avant son rôle dans les violences qui touchent les îles françaises depuis dix jours.

La Ligue des droits de l’Homme, la Quadrature du Net et trois habitants de Nouvelle-Calédonie ont déposé un recours en référé le 17 mai, estimant que ce blocage portait gravement atteinte aux libertés de communication et d’information.

Le Conseil d’État a pris en compte «caractère limité et temporaire de la mesure» l’interdiction, ainsi que « l’intérêt public à rétablir la sécurité », selon la décision dont l’AFP a eu copie. Il note également que «les autres réseaux sociaux et médias restent accessibles». Les Sages ont également rejeté la demande des requérants « par manque d’urgence ».

« C’est une décision consternante qui ne répond pas aux enjeux. Compte tenu de l’usage du réseau social et du caractère inédit de cette mesure, il est impensable de considérer que l’urgence n’est pas caractérisée.a commenté l’avocat des requérants calédoniens, Me Vincent Brengarth.

Lors d’une audition houleuse mardi, le représentant du gouvernement a souligné « la forte adéquation » du profil et de l’âge des émeutiers avec ceux des utilisateurs de la plateforme, afin de justifier son blocage, qui doit durer jusqu’au retour du calme.

Délai supplémentaire de 24 heures

Les requérants ont dénoncé à l’unanimité « l’absence d’éléments concrets prouvant le lien présumé entre l’utilisation de TikTok et les violences »notamment des extraits de contenus du réseau social.

Le juge d’urgence a accordé un délai supplémentaire de 24 heures au gouvernement pour ajouter des preuves au dossier, par exemple des captures d’écran. Les associations ont également souligné l’absence de base juridique solide et le caractère disproportionné du blocus.

Impossible de recourir à la loi du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence, qui n’autorise le blocage d’un site ou d’un réseau qu’en cas de provocation « commettre ou préconiser des actes de terrorisme »le gouvernement s’est basé sur « théorie des circonstances exceptionnelles »une jurisprudence permettant à l’administration de s’affranchir du droit en temps de crise, dont le recours a été validé par le Conseil d’Etat lors de la pandémie de Covid-19.

Cette mesure d’interdiction du réseau social intervenait également sur fond de craintes d’interférences et de désinformation sur les réseaux sociaux en provenance de pays étrangers qui chercheraient à attiser les tensions, avaient en outre justifié des sources gouvernementales et sécuritaires, évoquant la Chine ou l’Azerbaïdjan.

En visite en Nouvelle-Calédonie, où il a rencontré loyalistes et séparatistes, Emmanuel Macron a promis jeudi de ne pas passer  » en force «  la réforme constitutionnelle à l’origine des émeutes, donnant aux partis « encore quelques semaines pour négocier » un accord politique mondial exigeant le retour à l’ordre.

Depuis le 13 mai, les violences ont provoqué la mort de six personnes, dont deux gendarmes mobiles, ainsi que la destruction et le pillage de nombreux immeubles et commerces. Le retour à la vie normale a commencé dans le centre de Nouméa, patrouillé par une forte présence policière.

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