en quoi consiste cet exercice que Barnier entreprend ce mardi ?

C’est un grand classique de la Ve République : la déclaration de politique générale, exercice entrepris par les différents chefs de gouvernement lors de leur prise de fonction depuis Michel Debré en 1959. Le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, nommé le 5 septembre, va tenter il ce mardi 1er octobre devant une Assemblée nationale qui l’attend à un tournant et l’exhorte à clarifier sa ligne politique.

Va-t-il augmenter certains impôts ? Quelles décisions seront prises lors du prochain budget ? Va-t-il faire une nouvelle loi sur l’immigration ? Quelle sera sa position sur les enjeux sociétaux comme la fin de la vie ?

Le Savoyard de 73 ans en dira plus. Sans forcément répondre à toutes les questions, le flou pourrait servir ses intérêts de leader d’une majorité portant sur des revendications parfois différentes, cette dernière étant composée du camp présidentiel et du parti LR, “sous surveillance” du RN.

Nous vous expliquerons en quoi consistera cette déclaration de politique générale.

• Qu’est-ce qu’un discours de politique générale ?

Pour un Premier ministre, la déclaration de politique générale vise à présenter au Parlement l’action que son gouvernement souhaite entreprendre. Autrement dit, indiquer les principales réformes qu’il souhaite mettre en œuvre, prioriser, préciser un calendrier, etc.

Ce discours revient aussi à définir une méthode. En 2022, Élisabeth Borne s’est illustrée par son plaidoyer en faveur de « compromis » avec la majorité relative présidentielle.

Tandis que son successeur, Gabriel Attal, s’est illustré début 2024 avec un tir à la mitrailleuse, cherchant à démontrer son volontarisme, appuyé par des phrases chocs telles que :

“Vous cassez, vous réparez, vous salissez, vous nettoyez, vous défiez l’autorité, vous apprenez à la respecter.”

Rien à voir, a priori, avec l’influence de Michel Barnier, qui avait livré une opposition de style à son prédécesseur lors de la passation du pouvoir à Matignon, promettant d’« agir plus que de parler ».

• Comment cela se déroule-t-il ?

Il est d’usage que la déclaration de politique générale soit lue en même temps dans les deux chambres du Parlement. Le 30 janvier, Gabriel Attal était soutenu au Sénat par Bruno Le Maire, alors ministre de l’Économie et numéro deux du gouvernement par ordre protocolaire. Le chef du gouvernement s’est ensuite rendu le lendemain au Sénat pour prononcer son discours.

Une fois la parole du Premier ministre, les différents chefs de groupes parlementaires ont droit à un temps de parole. L’occasion d’exprimer leur opposition ou leur soutien au locataire de Matignon. Ce dernier peut alors demander des comptes au gouvernement, en vertu de l’article 49.1 de la Constitution et organiser un vote de confiance.

Si les députés votent la confiance, le Premier ministre assoit alors sa légitimité devant le Parlement. Sinon, son gouvernement est renversé.

Un vote de confiance est-il obligatoire ?

En tout état de cause, ce vote de confiance – comme la déclaration de politique générale – ne constitue pas une obligation constitutionnelle. En situation de majorité relative, Gabriel Attal et Élisabeth Borne, mais aussi avant eux Michel Rocard, Édith Cresson et Pierre Bérégovoy s’en étaient passés. On pourrait également citer Georges Pompidou, Pierre Mesmer, Maurice Couve de Murville et Raymond Barre.

Comme ses deux prédécesseurs, Michel Barnier ne sollicitera pas de vote de confiance suite à sa déclaration de politique générale, a appris BFMTV, confirmant une information deEurope 1.

Si aucun vote de confiance n’est organisé, les oppositions peuvent cependant remettre en cause le maintien du gouvernement via une motion de censure. La gauche promet déjà d’en présenter après le discours de politique générale de Michel Barnier. Elle sera défendue par les socialistes.

Pour être adoptée, l’initiative doit recueillir les voix de la majorité absolue de l’Assemblée, soit 289. Sans les voix du RN, cette disposition est vouée à l’échec. Cependant, le parti d’extrême droite donne du temps au Premier ministre et attend de voir. Pas question de le censurer a priori pour la formation de Marine Le Pen, qui fixait jusqu’ici la déclaration de politique générale comme échéance déterminante. Sébastien Chenu, député et vice-président du parti de la flamme, a évoqué le budget – dont l’examen aura lieu un peu plus tard – sur BFMTV ce lundi 23 septembre.

Article original publié sur BFMTV.com

Anna

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