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En quoi consiste l’état d’urgence, annoncé par Emmanuel Macron ?

Les émeutiers ont incendié de nombreuses voitures et dressé des barricades à Nouméa et ses environs.
LILOU GARRIDO NAVARRO KHERACHI / REUTERS

Après les demandes de Sonia Backès, Éric Ciotti et d’autres élus, le chef de l’Etat a annoncé le déclenchement de cette procédure spéciale afin d’assurer « l’ordre républicain » face aux violences qui embrasent l’archipel depuis lundi.

Violence « fera l’objet d’une réponse implacable » Pour revenir à « l’ordre républicain », a affirmé Emmanuel Macron face aux émeutes qui ravagent la Nouvelle-Calédonie depuis lundi et qui ont fait deux morts. Le chef de l’Etat a déclaré « état d’urgence » ce mercredi 15 mai, à l’issue d’un conseil de défense et de sécurité nationale. Cette annonce fait suite à de nombreuses demandes de personnalités politiques.

L’ancienne secrétaire d’État, Sonia Backès, avait en effet réclamé l’instauration de l’état d’urgence dans une lettre adressée au président. « La ville de Nouméa et ses environs (…) sont dévastés par des actes terroristes, organisés par la branche armée du mouvement indépendantiste (…) Nous sommes en état de guerre civile », elle a écrit. Aujourd’hui présidente de l’assemblée de la Province Sud de Nouvelle-Calédonie, elle alerte également sur les menaces qui pèsent sur la sécurité des Calédoniens.

Selon Sonia Backès, l’état d’urgence était le seul moyen de « ramener la paix et la sécurité (…), notamment en engageant l’armée aux côtés des forces de police et de gendarmerie ». Elle est allée jusqu’à affirmer que « sans intervention massive et urgente de l’Etat, nous perdrons le contrôle de la Nouvelle-Calédonie dans les prochaines heures, nous perdrons des vies (…) et la France perdra sa souveraineté ».

L’ancien secrétaire d’État n’était pas le seul à prôner cette option sécuritaire. Le président des Républicains, Éric Ciotti, avait également demandé au gouvernement « pour activer l’état d’urgence sur ce territoire ». Le député Nicolas Meztdorf et le sénateur Georges Naturel ont immédiatement fait la même demande, dans une lettre au président. « Nous sommes à l’aube d’une nuit de tous les dangers », ils ont écrit. Mais alors, en quoi consiste l’état d’urgence ?

Renforcer l’autorité

Créé par la loi du 3 avril 1955 pour lutter contre « événements » en Algérie, l’état d’urgence est décidé par simple décret en conseil des ministres et peut être déclaré sur l’ensemble du territoire, ou seulement sur une partie de celui-ci. Elle est décrétée en cas de danger imminent résultant de troubles graves à l’ordre public, ou en cas de catastrophe naturelle majeure. Sa durée est de 12 jours et peut être prolongée, mais cela nécessite une loi votée par le Parlement. Concrètement, elle permet de renforcer les pouvoirs des autorités civiles – les magistrats et officiers investis du pouvoir – et de restreindre certaines libertés publiques ou individuelles.

Lorsque l’état d’urgence est en vigueur, le ministre de l’Intérieur et les préfets peuvent décider plusieurs mesures exceptionnelles :

  • l’interdiction des manifestations, cortèges, défilés et rassemblements de personnes sur la voie publique ;
  • la mise en place de périmètres de protection pour assurer la sécurité d’un lieu ou d’un événement ;
  • l’interdiction de certaines réunions publiques ou la fermeture des lieux publics et des lieux de culte ;
  • recherches administratives;
  • les réquisitions de personnes ou de moyens privés ;
  • bloquer les sites Web prônant ou glorifiant des actes terroristes ;
  • interdictions de séjour;
  • assignations à résidence.

Sur son site Internet, le gouvernement informe que ce régime d’exception a été appliqué à six reprises entre 1955 et 2015 : lors des attentats de la guerre d’Algérie, au moment de « Événements » en Nouvelle-Calédonie en 1984, période pendant laquelle l’archipel a été en proie pendant quatre ans à une guerre civile, opposant partisans et opposants de l’indépendance. L’état d’urgence a également été déclaré lors des violences urbaines de 2005 et à la suite des attentats terroristes de novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis.

Anna

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