Le maire de Timisoara a un passe-temps favori lorsqu’il reçoit des visiteurs d’Europe occidentale dans sa ville de l’ouest de la Roumanie. Observer l “Le choc sur leurs visages quand ils voient à quel point les images qu’ils avaient de la Roumanie avant d’arriver ici s’écartent de la réalité”confie, d’un air amusé, Dominic Fritz sur son étonnante ville d’environ 250 000 habitants, devenue la meilleure vitrine du développement qu’a connu ce pays d’Europe de l’Est depuis son adhésion à l’Union européenne (UE), en 2007.
Ici, pas de nids-de-poule, pas de voitures garées sauvagement sur les trottoirs, peu de maisons abandonnées. Au contraire, des avenues larges et propres, de nouveaux bâtiments à l’architecture moderne, des usines actives, et même un joli centre-ville riche en cafés depuis qu’il est devenu piéton, avec l’aide de financements européens. Même si des travaux sont encore à faire pour rénover toutes les façades héritées de l’empire austro-hongrois, on pourrait presque se sentir dans une ville allemande de taille moyenne.
Mais c’est surtout dans le gigantesque centre commercial Iulius Town que « l’effet Timisoara » joue pleinement. Dans ce complexe ultramoderne entouré de bureaux et de restaurants, construit autour d’un jardin suspendu, on se croirait encore plus à l’ouest qu’en Europe occidentale. “J’ai été surpris quand je suis allé en Allemagne : ils n’utilisent pas leurs centres commerciaux comme lieux de rencontre, alors que pour nous, c’est devenu vraiment important”s’amuse Laura, une pharmacienne de 36 ans, venue déjeuner avec sa mère dans ce symbole du mode de vie américain adopté par la classe moyenne roumaine en pleine croissance.
Si Timisoara a toujours cultivé sa différence dans ce pays de 19 millions d’habitants, parmi les plus pauvres de l’UE, ses habitants s’accordent à dire que l’élargissement de 2007 a profondément transformé leur ville. Proche des frontières serbe et hongroise, la ville profite de sa situation géographique très particulière, totalement excentrée du reste de la Roumanie, à sept heures de route de la capitale Bucarest, mais très proche de cette Europe centrale du Danube qui a devenir le nouveau leader de l’industrie européenne.
« Timisoara n’est qu’à une heure de la Hongrie, elle-même très connectée aux marchés d’Europe occidentale »explique Alexander Klein, le réalisateur, autrichien, d’une usine de sous-traitance électronique appartenant à l’américain Flex depuis 2007. Comme Continental, Nokia, Atos ou Bosch, Flex s’est installé à Timisoara au tournant des années 2000, pour profiter de l’adhésion de la Roumanie au marché unique. Arrivées à l’origine pour produire des pièces bas de gamme, notamment destinées à l’industrie automobile, nombre de ces entreprises occidentales ont ensuite dû monter en gamme.
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